A partir de Râourny, l’Ouàdy est bordé au sud par des dunes de sable, qui Se
prolongent jusqu’à Abou-Nechabeh : elles ont une lieue de largeur vers ce point,
L ’autre côté de la vallée est une plage très-unie, couverte de cailloux. La plus grande
hauteur d’eau dans la vallée a existé entre A ’bbâçeh et Râs el-Ouâdy. D'après
le rapport des habitans de Tomalât el-Cheryf, on peut l’évaluer grossièrement à
cinq mètres (i ) près d’A ’bbâçeh. Quand les eaux baissent, les environs d’A ’bbâçeh
se découvrent d’abord; les terrains voisins de Râs el-Ouâdy se dessèchent ensuite,
et les limites des eaux se resserrent successivement en approchant d’Abou-
Nechabeh, vis-à-vis duquel paroît être le point le plus bas de la vallée.
A u milieu de la partie de la vallée qu’on nomme Râs el-Ouâdy, on trouve un
monticule sur lequel on remarque les restes d’une enceinte en briques crues, et çà
et là des ffagmens de grès, de granit, et d’autres traces d’une petite ville abandonnée.
Ce monticule, élevé de vingt à vingt-cinq pieds, devoit former une île
dans le temps où cette vallée étoit inondée (2).
Une digue, que l’on ne coupe jamais, traverse en cet endroit la vallée. En 1800,
elle a été renversée par les eaux, qui se sont répandues vers Râs el-Moyeh, après avoir
passé près d’Abou-Khachab, du Mouqfâr,' de Saba’h-byâr et de Cheykh el-Nedy.
Cette extension des eaux est extrêmement rare; on n’en avoit pas de souvenir
depuis plus de trente ans. L ’Ouâdy ou le terrain cultivable de la vallée des Tomalât
finit à cette digue, ainsi que l’annonce le nom de Râs el-Ouâdy : mais la vallée
naturelle, celle que les eaux ont suivie en 1800, s’étend bien au-delà.
Abou-Khachab ou Abou-Keycheyd est situé sur le bord de l’ancien canal des
deux mers, au milieu de la vallée, vers les 29° 4y' 50" de longitude et
30° 32’ de latitude. Les ruines considérables que les Arabes appellent Abou-
Keycheyd, et au centre desquelles il existe encore un monument Egyptien, ont tous
les caractères d’une ville Egyptienne. Ce monument, représenté planche 29 du volume
V des Antiquités, &g. 6 ,7 et 8, consiste dans un monolithe de granit rouge,
taillé en forme de siège à dossier, sur lequel sont assis, à côté l’un de l’autre, trois
personnages Egyptiens. Ces personnages sont de grandeur naturelle ou un peu
plus, vêtus seulement d’une espèce de caleçon d’étoffe rayée ou plissée, et coiffés
de bonnets symboliques. Le monument est encore bien établi d’aplomb sur sa base.
Les figures regardent l’orient : elles étoient enfouies jusque sous la poitrine; mais,
ayant fait creuser autour, on a pu les voir en entier et les mesurer. M. Févre en
a fait le dessin, qui a été gravé planche 29 du volume V des Antiquités. Le
dossier du siège s’élève au-dessus des têtes des personnages, et jusqu’au sommet
de leurs bonnets : il est entièrement couvert d’hiéroglyphes, qui forment un tableau
régulier et complet. Les deux faces latérales du siège, ainsi que sa face antérieure,
entre les jambes des figures et sous leurs pieds, ne sont pas moins richement décorées.
On voit encore, sur les buttes de décombres qui couvrent l’ancien emplacement
de la ville, beaucoup de gros morceaux de grès semblables à ceux qu’on
( i ) Quinze pieds.
(2 ) Voyez le Mémoire sur le canal des deux mers, É. M . lom. L 'r, pag. ¡yi.
extrait des carrières de la montagne rouge près du Kaire, d’où ils semblent pro-
ven ! n y vort aussi des blocs de granit et de marbre. Les fragmens portent des
hiéroglyphes. On y trouve enfin des restes de constructions en b Z Z u Z e
I f a i l l i de Ü &C\T °US CeS M Ë - X b i e s T c e u x
des ’villes d é b i t e s ” renC°mre E | M Ê dU S° ‘ dMS les emplacemens •
MM. du Bois-Aymé et Le Père ont placé, avec d’Anville, Heroopolis à Abou
Keycheyd : la lecture de leurs Mémoires fera connoître les raisons qui les y ont
M M e' qUp ,e. , Cr0IS encore devoir admettre, malgré l’opposition de L u i
ment de M. Roziere, notre collègue, et de M. Gossellin. M. Rozière y voit
Avums (1). M Gossellin, dont l’opinion est rapportée par M. Le Père dans son
Mémoire sur le canal des deux mers (2), n’y ( M reoennoître H eZ o ^ s Z
persiste a placer près des bords actuels de la mer Rouge |
A cinq mille mètres à l’est d’Abou-Keycheyd est un lieu désigné sous le nomde
Mouqfar cpn veut dire désert; il offre des ruines qui ont le caractère d’un établisse-
men public, et quon pourroit considérer comme ayant servi de douane ou de
» T d l ü l de '* T * * - Cei 1» » 1 1 . t , a du etre important, a en juger par I étendue des décombres qui l’avoisinent
Nous y avons trouvé plusieurs blocs de granit, dont un, après avofi été conTofidé'
Æ o Z r l H nivellement (3). Les Arabes appellent cet endrok
W Ê B M B m [caChe Par ,es s/ables]: ‘ é qui se rapporte assez bien à l’état de
On rpt 5 1 9 COnserve ce nom> tIui n’est peut-être qu’un qualificatif
On retrouve en ce lieu toutes les fondations d’un vaste bâthnenV, qui ne s’élève
I P H H i l r r 3 S0ixante centimètres au-dessus du sol environnant; il
de forme parallelogrammique de 48™,70 sur y 2 -6 0 , construit en briques
non cuites. Les dispositions intérieures indiquent des chambres à la manière des
m m s n i » % m * ^ i s s s s v ™ ■HT ü H 3 ang n°rd'est de Ce Mtiment ^ r°n a placé Je bloc de
ont ) ai parle, comme ayant servi de repère du nivellement. Le sol environnant
est couvert çà et là d’autres vestiges d’anciennes constructions Ces
ruines sont représentées planche 29, f i g . y , j g Q j g v o J . y . 9 H 9 K
plan du bâtiment n est indiquée qu’approximativement.
l’ai " l8 ° ° ; J’eau’,étant.arrivée en grande abondance à Râs el-Ouâdy, ainsi que je
ai dit plus haut, sy etoit etendue sur une superficie considérable, et étoit montée
jusquaux feuilles des palmiers des jardins. Ayant tourné ou rompu les digues elle
s était creusé un 1 1 très-profond, avoit rongé les dunes, et c o u j avec u n T lÎ
M Ê W m È Ë 3 <IUatre PkdS Par SCCOnde VerS le Mou(l&T- Le f° nd ^ canal
en c « endroit eton couvert de 4 pieds 6 pouces 3 lignes d’eau; et. comme il est à
5 Pleds 10 P°uces 2 hSnes au-dessous des hautes marées de la mer Rouge (y)
U ) Mémoire sur Fa géographie et l’ancien état des côtes ( 5 ) Voyez £ M tn™ ! "
de la mer Ronge, A . M . tom. 1. " , pag. , 6o. ^ y ’ ” y % \ ^ « *>■
( - ) Voyez E. M . rom. ? Z y , ' ,0"!' 7 ' W ,gS-
1 s (S) Voyez les cotes du nivellemenr.