constructions en briques; vers le nord, à el-Choumout, fort village sur une des
branches du canal de Felfel, où l’on voit un ancien pont en briques de trois
arches, parfaitement bâti et non de construction Arabe (d’environ 16 mètres
et demi sur 8 ); une grande digue aussi en briques, servant à élever le niveau des
eaux; à Myt-Kenân, gros village à trois mosquées, sur la même dérivation du
canal de Felfel, avec un grand pont en briques de quatre arches en plein cintre
pont d’une très-bonne et ancienne construction, qui a été réparé grossièrement
par les Arabes et qui est long de 23 mètres, large de 6 ; plus loin, un autre pont
semblable, de deux arches, et une digue ancienne et solidement construite en
briques, qui sert de chaussée en même temps qu’elle retient les eaux de l’inondation.
Tout ce travail et le ciment sont de la même sorte que ceux de la digue
d’Athribis, et appartiennent à la même époque. L ’arrangement des briques du
pont, obliquement disposées, est digne de remarque. Enfin autour du lieu sont
des citernes d’un travail antique. Tous ces ouvrages d’art me paroissent fixer la
place d’un des principaux cours d’eau qui existoient dans l’antiquité. Ainsi le canal
Athribitique, dérivé lui-même du Pélusiaque, donnoit naissance, autrefois comme
aujourd’hui, à une branche navigable, dirigée vers l’est, et s’écoulant du côté de
Tamis: c’est la branche Saïtique d’Hérodote, et Tanitique d’autres auteurs. On
trouve d’ailleurs à Myt-Kenân des tronçons de colonnes de granit, des fragmens
cannelés; un de ces tronçons porte une tête sculptée, un peu usée, qui paroît
être celle d’un belier ( 1 ) : une des colonnes avoit 2 mètres de diamètre. D ’anciens
murs en briques et leur ciment portent le cachet de la haute antiquité. Tout porte
donc à croire qu’il y avoit là une ancienne position. En outre, à une lieue et demie
au nord-est de Myt-Kenân, j’ai vu une longue butte de ruines, du même aspect
que celles d’Atryb. Les Arabes rapportent qu’il y ayoit là anciennement une ville.
§. V I .
Scenoe veteranorum, Onion, Castra Judæorum.
L e s auteurs modernes ont placé Scenoe veteranorum en divers endroits, et l’on
n’est point d’accord sur cette position : d’Anville supposoit ce lieu à el-Khanqah;
il en est de même du P. Sicard : mais je ne crois pas que le voyageur qui aura
examiné le village de Chybyn el-Qanâter, ou Chybyn des Ponts, et jeté ensuite un
coup-d’oeil sur l’Itinéraire d’Antonin ( route d’Héliopolis à Péluse ) puisse hésiter
sur cette question. L ’Itinéraire assigne une distance de x im milles Romains entre
Scenoe veteranorum et Heliu ou Héliopolis : or on trouve exactement ces quatorze
milles entre l’obélisque d’Héliopolis et le pont de Chybyn (2). En second lieu,
ce pont en pierres de taille, ayant quatre arches en plein cintre (quoiqu’inégales),
est l’ouvrage des Romains; on n’en peut douter, en le comparant aux ponts de
(1) J’ai cru voir d’abord autour de cette tête des rayons un autre x vm , pour la distance d'Heliu à Scenoe vetera-
figurés ; mais je conjecture que la pierre a été façonnée norum. Le choix entre ces nombres n’est pas douteux, à
pour une meule de moulin, et que ce sont simplement cause de la position par rapport à Thoum ; de plus, l’une
des traits creusés pour faciliter la mouture. . des unités I a été changée évidemment en v , comme il
(2) L’Itinéraire donne en cet endroit x im milles, en est arrivé souvent.
la plaine des pyramides et de Beçous, et aux nombreux ponts Arabes de la province
Les fondations et les arches sont évidemment romaines ainsi que tout le
travail, sauf les parties accessoires que les Arabes y.ont ajoutées. Les piles sont
garnies d éperons saillans, en forme de prismes triangulaires; une partie du pont est
en briques : le lecteur peut consulter à ce.sujet les dessins gravés dans l’ouvrage f . )
On a pratiqué une digue en briques, du même travail que lepont, et qui est aujour-
dhui en ruine; elle servoit a retenir les eaux du canal Abou-Meneggeh du côté
du midi. En troisième lieu, Chybyn renferme diverses constructions antiques qui
démontrent 1 existence d une ancienne position.
Au reste, des ponts étoient indispensables'en cet endroit pour traverser la
branche Pelusiaque et se rendre à Phelbès, à Viens Judæorum, à Thoum &c
Pour un motif que jignore, un second pont a été construit sur le canal non
loin du premier.
Le village de Chybyn est encore un des plus considérables de la province - il
est place au point de concours de deux canaux et auprès d’un troisième C’est
la, selon moi, que la branche Busiritique de Ptolémée sortoit de la Pélusiaque
Quel étoit le nom antique de cette position! on l’ignore. Celui de Scenoe veteranorum
est assez récent, puisqu’il indique une station militaire du Bas-Empire
les tentes_ou 1t camp des vétérans. D ’après la Notice de l’Empire, des cavaliers’
appelés lhamudem y étoient en résidence (2).
A Tahoury, près de Chybyn, j’ai vu le piédestal et partie du fiât d’une colonne
en granit.
De Scenoe veteranorum à Onion, la distance étoit d’environ une lieue au sud-
sud-est. On sait qu’il y a eu en cet endroit un temple fameux, que Ptolémée
Pbilometor permit au pontife Onias d’élever : il fut fermé sous Vespasien Ce
■ aPPelle celui d’Héiiopolis : On étoit le nom du soleil en Egypte
selon S. Cyrille; et la traduction Latine du mot n'Aôu dans la Géographie de Pto-
lemée est Onu, e t même Héliopolis est appelée DN dans la version Copte de
IExode et dans beaucoup de manuscrits Coptes (3). Ce nom ne peut donc être
sans rapport avec Héliopolis. Je regarde le lieu comme étant le même que celui
qui s appelle aujourdhui Tell Yhoudyeh, c’est-à-dire, la Colline des Juifs : c’est une
utte ou massif de ruines très-étendues, qui paroît composée en entier de terres
rapportées, et qui forme comme un pâté isolé de toutes parts au milieu d’une
pane : ce lieu seroit excellent pour un observatoire; aussi, de ce point i’ai
releve un grand nombre d’angles et de positions. Je n’y ai pas aperçu de constructions
en pierre, mais j’ai vu seulement des excavations et des fouilles très-
considérables.
On a placé Viens Judæorum à Teli-Yhoudyeh, et j’avois d’abord adopté cette
i « T Z : . San! leSdeta,‘S m0dernM qUi sonc U’ouvrage I Voyez d’Anvill, e, Mémoires sur l’Égypte,fH ' l l4 ,
(2) S u t d isposition, v in spm a b ilis C om itis rci m ilita r i, O !> * * " t (og r- ¡ g o ïE g y p t e , par M . É t .
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