
D E S C R I P T I O N
ont souvent la couleur rose; 1 aspect de la pierre est celui de la pierre de Qâou
el-Kebyr : d y a aussi des parties ferrugineuses. Il y a deux à trois cents pieds de
hauteur à la chaîne: mais en avanr.de la grande est une chaîne Lasse, fo rm é e
des débris du roc, de coquilles et de’ sable. C e qu’il y a de singulier, c’est que,
du côté du Nil, elle est coupée à pic, ainsi que le roc placé en arrière.
Il me paroit que c est par cette même cause que quatre villages ont été abandonnés.
L irruption des sables, que les vents d’est et les torrens ont transportés sur
le sol, a fait disparoître la terre cultivable qui existoit entre le Nil et le pied du
tocher. Mais les anciens Égyptiens avoient sans doute à cultiver tout cet espace,
comme on cultive encore au pied du rocher à Saouâdeh, Tehneh ( i) , &c. Aujourd’hui
le terrain est recouvert de cinq à six mètres (2) de sable, et condamné
à la stérilité la plus absolue : à peine reste-t-il çà et là quelque bande cultivée
large de quatre-vingts à cent mètres. Aussi, du temps de l’antiquité, il y avoir
moins de contraste entre les scènes agricoles qui se passoient au pied de la montagne,
et les tableaux d’agriculture qui sont peints dans les hypogées.
D E S C R I P T I O N D E S H Y P O G É E S P R I N C I P A U X D E B E N Y -H -A S A N .
L es plus importans de ces hypogées sont, comme je l’ai dit, au nombre de
trente environ, un peu au nord de Beny-Hasan el-Qadym, tous à une même
hauteur dans le rocher ; leurs portes sont sur un même plateau : douze à quinze
sont couverts de peintures Égyptiennes, dont les sujets sont pleins d’intérêt, et les
couleurs parfaitement conservées ; quelques sujets ont malheureusement été effacés
par des mains ignorantes et un aveugle fanatisme. Dans plusieurs grottes, on n’a
fait que tailler la montagne et dresser les faces, avec ce soin qui présidoit toujours
aux travaux Égyptiens ; mais elles ne sont pas revêtues de couleurs ni de
sculptures.
Les ouvertures sont de différentes grandeurs. Quelques-unes ont leurs piliers
détruits et leurs peintures effacées ; d’autres sont fort petites. Dans une, qui est
tout-à-fait au sùd, on remarque une porte d’une belle proportion, décorée d’une
gorge qui n est pas cannelée : en général, l’architecture en est peu ornée; mais
elle plaît par sa symétrie et sa simplicité.
La plus intéressante de toutes pour le plan, la décoration et les sujets, est
la plus avancée vers le nord : il y en a cependant une petite qui présente aussi
beaucoup d’intérêt, et qui est encore plus septentrionale. Je me bornerai ici à
en décrire quatre, dont j’ai rapporté les plans et les dessins.
La première présente une particularité dans son plafond, qui est en forme
de toit (3). On a remarqué, dans beaucoup de catacombes de Thèbes et de Ly-
copolis, des plafonds en forme d’arc de cercle, et il y en a également ici ; mais
nulle part ailleurs qu’à Beny-Hasan je n'avois vu ces toits inclinés, qu’on pour-
roit appeler en quelque sorte des frontons en creux. Les colonnes de ce même
hypogée et de quelques autres se distinguent par leurs bases extrêmement larges
( 0 Voye^ ci-après, pag. 46. (2) Quinze à dix-huit pieds. (3) Voyez pl. (4, Jîg. 2.
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et très-peu élevées (i), et sur-tout par leur disposition en faisceau. Quatre tiges
sont réunies et liées au sommet par plusieurs anneaux, ou un ruban formant plusieurs
tours, comme si elles étoient fortement serrées et pressées: les extrémités
des liens passent entre les tiges, tant en dessus qu'en dessous; le chapiteau, qui
n’est que la continuation et le renflement de ces baguettes, semble formé par
l’effet de la compression des liens.
Plus on examine ce" chapiteau, plus on est porté à croire qu’il est l’imitation
des supports que formeroient des roseaux liés ensemble. Les cabanes actuelles
des gens de Beny-Hasan, sur les lieux mêmes, pourroient en retracer une sorte
d’image, puisqu’elles sont soutenues par des assemblages de roseaux. Mais si
ces colonnes sont l’imitation d’un objet naturel, qui est d’un usage antique et immémorial
, elles ont servi elles-mêmes de premier type aux colonnes à faisceau
que nous voyons dans " les palais les plus somptueux de la ville de Thèbes :
elles on t, comme celles-ci, une diminution sensible du bas en haut, causée
par la compression du lieu , qui produit aussi le renflement du chapiteau.
Le tailloir du chapiteau, l’architrave qui repose au-dessus, enfin la base de la
colonne, annoncent déjà un certain progrès de l’art, au-delà de l’imitation
primitive (2).
Le second hypogée dont j’ai à parler, est orné, dans le fond, de deux rangées
de trois colonnes : il y a sur les deux murailles latérales un pilier correspondant
à chaque rangée (3). La longueur de la salle principale (je n’ai pu voir
les autres distributions) a environ seize mètres ; et sa largeur, dix mètres et demi.
Les colonnes sont à faisceau, pareilles à celles que j’ai décrites dans la première
catacombe.
La troisième a son entrée placée hors de l’axe. On voit aujourd’hui dix
colonnes ; mais je crois que deux sont tombées : la longueur a quatorze mètres
et demi, et la largeur huit et demi (4 ). Les colonnes sont entièrement semblables
aux précédentes, c’est-à-dire, composées de tiges réunies en forme de
faisceau.
La plus importante de ces catacombes est, comme je l’ai dit, au nord de toutes
les autres; son plan est parfaitement symétrique (y). L ’ouverture du vestibule, sur
lafate de la montagne, a 6m,2, largeur beaucoup plus grande que celle des autres
entrées. Après avoir marché entre deux murailles, distantes de ce même intervalle,
dans une longueur de huit mètres, on trouve un premier portique de deux colonnes
élevées, de forme octogonale, et larges de i " , 10. On entre ensuite, par
une porte de im,86 de large, dans une grande salle soutenue par quatre colonnes
cannelées, à cannelures creuses, et dont le diamètre a un mètre : ia largeur de
la salle est de plus de douze mètres, et la longueur, de onze mètres et demi.
Au fond est une niche de 2m,y sur 2m,2, où se trouve un groupe sculpté dans
le roc, représentant des figures assises, de proportion colossale. Les personnages
(0 Voyez pl. 64., f i g. 8,10 et //. (3) Voyez pl. 64, fig. 8.
(2) On donnera ailleurs plus de développemens à ces (4) Ibid. fig. p.
idees sur l’origine des colonnes en faisceau (Voyez aussi, (5) Ibid. fig-j.
A. D, tom.J.,r, pag. 8, la Description d’Éléphantine).
A. D. £> 3