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Dans Palladius, on voit le récit des miracles attribués à ces saints personnages
et aussi un tableau, remarquable par sa fidélité, des maux, des fatigues et des
aventures qu’ils éprouvoient en voyageant dans le désert ou dans la vallée
¿ ’Egypte, accidens qu’on rencontre encore aujourd’hui, et qu’on a toujours dû
essuyer de tout temps (t).
J ai donne ici ces détails sur les couverts d’Oxyrhynclms et des environs, parce
que j’avois fait précédemment (’énumération, nécessairement très aride, des monastères
que j’ai vus dans l’Heptanomide, sans entrer dans aucun développement-
me réservant de le faire à propos de cette ville, qui est, en ce genre, l’exemple
le plus extraordinaire à citer. J’ai rejeté d’autres détails dans les notes.
Pour terminer ce qui regarde Oxyrlynchus, je rapporterai le nom que porte
cette ville parmi les Qobtes ; ce nom est Pemdje ou Pemsje, IIe«.2Se (2). On croit
que ce mtÿ: signifie la même chose que o’jjtiç (3) : mais cette étymologie présente
des difficultés. La ville et le nome d’Oxyrhynclms ont eu des médailles frappées
sous Antonin (4). On y lit clairement le motOSTPTNXl: malheureusement
le revers ne présente aucun emblème qui ait le moindre rapport avec le culte
de cette ville ; la figure de Minerve , armée d’une hache, tient dans sa main
gauche une Victoire. On ne voit dans ces médailles aucun animal, ni aucun
objet dans le style Égyptien.
§. I I I .
F e n c h i (aujourd’hui Fec/m), T a c o n a o u -î-ENHPOS (aujourd’hui Chenreh).
F e n c h i est une ville dont fait mention la Table Théodosienne, comme située
a vingt-cinq milles dFIeracleo et a vingt milles de Tamonti. D ’après ce que j’ai
dit plus haut, la route que suit ici la Table, est sur la rive gauche du Nil; c’est
donc sur cette rive qu il faut-chercher Fenchi : nous y trouverons la grosse bourgade
de Fechn, dont le nom est le même. Il s’y voit des vestiges d’antiquité,
et ce lieu est plus considérable qu Abou-Girgeh. Reste à comparer les distances
géographiques. Je ne dois pas m appuyer sur Ja position de Tamonti, puisque
je la i au contraire fixée par celle de Fechn ; mais je partirai SHerackopolis, qui
(r) « Dans la haute Thébaïde, vers Syène, il y a des
» hommes dignes d’admiration, qui, encore aujourd’hui,
» ressuscitent les morts et marchent sur les eaux comme
»S. Pierre. La crainte d’être attaqués par les voleurs
»au-delà de Lycn nous empêcha de visiter ces saints
»hommes Nous pensâmes périr de faim et de soif
» après avoir parcouru le désert cinq jours et cinq nuits.
» Une autre fois nous eûmes les pieds déchirés et souf-
» frimes d’horribles douleurs en marchant sur un sol plein
» d’aspérités, &c. » La submersion dans la boue, dans les
marais, dans le N i l, la marche dans les plaines inondées,
les voleurs Arabes, le froid dans les déserts de la
basse Egypte, enfin le danger des crocodiles, tels sont
les accidens qu’ils rencontrèrent dans leur voyage. (Pal-
lad. Historia Lausiaca, pag. 168. ) J’abrège beaucoup ce
récit singulier, où j’ai trouvé un fait digne d’observation;
savoir, que ces voyageurs, traversant les eaux débordées
sur la plaine, ne sortirent d’embarras qu’en gagnant les
embouchures des canaux : là seulement, ils n’étoient
point submergés. Alors, comme aujourd’hui, les bords
du N il, où sont les embouchures des canaux, étoient
plus eleves que la plaine. Nous avons vu par-tout que
les bords ou le milieu de la vallée sont toujours plus
abaissés que les rives du fleuve
(2) Voyez les Mémoires historiques sur l'Egypte, par
M. Et. Quatremère, tom. I , pag. 254, où l’on trouve
des détails curieux sur Behneseh ; voyez aussi l’Egypte
sous les Pharaons, par M. Champollion, tom. 1, p, 305.
(3) Le P. Georgi.
(4) Voyez la planche$8, A . vol, V.
DE L HEPTANOMIDE. C H A P . X V I . j p
étoit, sans nul doute, au même point que le village actuel d’Ahnâs, près Beny-
Soueyf comme nous verrons bientôt. Il y a trois lieux voisins, tous du même
nom : le plus au nord est à trente.sept mille mètres de Fechn ; or trente-sept
mille mettes font préctsément vingt-cinq milles Romains : on ne peut donc douter
que Ja ville de Fendu ne fût au même lieu que Fechn. L ’Itinéraire d’Antonin
n en fait pas mention, parce que la route qu’il suit passe, à la même hauteur
par la ppsition de Tacona.
La ville de Tacona, suivant l’Itinéraire, est à vingt-quatre milles au.nord d’Oxy-
rhynclnts, et a vingt milles au sud de Coene. Pour ne m’appuyer que sur Oxyrhvn-
chus, je chercherai, à vingt-quatre milles Romains ou environ trente-cinq mille
cinq cents mètres de Behneseh, quelque point qui puisse répondre à la position
dont il s agit. Le compas tombe exactement sur Chenreh, entre/Fechn et le Bahr-
Yousef. Or ce nom est visiblement le même que celui de É j& J j ville dont
il est fait mention dans Etienne de Byzance. De plus, Chenero est,’ suivant les
Qobtes J e nom d une ancienne ville dépendante du nome d Oxyrhynclms ( i ) ; il est
dqqp infiniment probable, qu’il y a identité entre Tacona et Psenêros, et que’ cette
ville étoit située au même lieu où est Chenreh.
(1) Voyez les Observations sur la géographie de l ’ÊsvDte nar M F , n , . « , • /- . •
Haracs, par M. Champollion, tom.'i, pag. 306. ' ? g | 3<b et CEm u sou. Us