
portes, après un enfoncement de trois pieds, conduisent à un petit mur, qui est,
du côté droit, parfaitement,conservé, et, à gauche, en partie abattu. Si l’on entre
dans l’enfoncement qui est à droite, on remarque au plafond une petite ouverture;
je suis monté par ce trou, et me suis trouvé dans une cinquième pièce, qui n’avoit
pas été visitée par Paul Lucas, Granger ni Pococke : elle a environ 2m,po (i)
de longueur, sur im,i (2) de large, et forme une sorte d’étage supérieur, par rapport
au sol du sanctuaire. Cette chambre, d’une obscurité complète, est parfaitement
fermée de toutes parts; étant presque aussi haute que les autres pièces et
beaucoup plus petite, elle est extrêmement sonore. Je remarquai au plancher
deux ouvertures oblongues, de largéur à passer un homme ; elles se fermoient
chacune avec, une pierre taillée en retraite pour cet objet, et que l’on voit encore
à côté ; elles répondent à une sorte de petit caveau d’environ trois pieds en carré,
qui, en comptant l’épaisseur du plancher, a un mètre et demi (3) de hauteur; ce
qui le rend propre à contenir un homme ; étant debout, il auroit la tête juste
hors de l’ouverture, et placée dans la chambre mystérieuse.
Cette description caractérise assez l’objet de la pièce sonore, de la pierre et
du caveau, et fait présumer qu’une disposition aussi singulière étoit destinée aux
oracles. Quand le dieu du temple étoit consulté, un prêtre chargé de cet office
pénétroit dans le caveau, lèvoit la pierre, et sa voix, répondant dans un espace
hermétiquement fermé, retentissoit avec force dans le sanctuaire, et imprimoit
à la voix de l’oracle un caractère extraordinaire. Si ce n’est là qu’une conjecture,
c est peut-être la seule manière d’expliquer l'arrangement bizarre de cette chambre
sans issue apparente, et où l’on ne pénétroit que par des souterrains (4 ). Quant
à l’augmentation de la voix, je m’en suis convaincu par des essais répétés. M’étant
placé dans cette salle haute pendant que mes compagnons de voyage étoient dans
le sanctuaire, j’articulai quelques paroles, et ils crurent entendre plusieurs voix
réunies et retentissantes.
Dans l’espace qui sépare les deux caveaux, on a fait des fouilles où j’ai reconnu
quelques marches d’un escalier qui conduisoit à des souterrains et dans les caveaux'
eux-mêmes; au fond de cet espace est une issue forcée, qui a été percée jusqu’à
l’extérieur du temple, sur la face de l’ouest, et qu’on a pratiquée récemment.
Quand on examine le sanctuaire du temple sur la face du fond, on remarque
vers le haut et à gauche une pierre qui a deux fois la hauteur des autres assises,
et qui est longue relativement; ce qui est sans exemple dans cet édifice, où les
assisçs, d’un bout à l’autre, sont égales et consécutives. Les Arabes, qui l’ont
remarqué aussi, supposent de l’or caché sous cette pierre : aussi l’on reconnoît,
à ses joints un peu altérés, qu’elle a été attaquée plus d’une fois (.5). Cette même
muraille du fond du sanctuaire est encore remarquable par les joints obliques
(1) Neuf pieds.
(2) Trois pieds quatre pouces.
(3) Quatre pieds et demi.
(4) Cette disposition convient avec ce que l’on sait
des oracles qui ont existé en Egypte, et est conforme à la
description de celui de Sérapis à Alexandrie, dont Rufin
décrit le temple comme rempli de routes souterraines.
Dans la dissertation de Van-Dalet/e Oraculis, on lit que
les voûtes des sanctuaires augmentaient la voix, et fai*
soient un retentissement qui inspiroit de la terreur.
(5) Voyez à Thébes, pl. $8, A. vol. I I I , f i g. 7 , où
l’on remarque une pierre semblable.
des