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 moins  de  cinq  diamètres, puisque  la  colonne octogonale  de Beny-Hasan  en a près  
 de  sept,  et  que  toutes  les  colonnes  des monumens  Egyptiens  ont  de  cinq  à  six  
 diamètres.  Ainsi  cette  pierre  colossale  étoit  probablement  longue  de  i ?m4-  (i);  
 ce  qui  excède  toutes  les  pierres  monolithes  en  grès  ou  en  calcaire,  connues  en  
 Egypte. 
 Il  n est  pas  difficile  de  conjecturer  ce  qu’est  devenue  l’extrémité  supérieure  
 du  fût.  En  effet,  on  voit  qu’il  a  été  exploité  lui-même,  comme  une  sorte  de  
 carrière,  par  les modernes  habitans.  Trois  grandes  cavités  rectangulaires  se  remarquent  
 à  cette  extrémité ;  elles  étoient destinées sans doute à  recevoir  des  coins  
 pour faire éclater le  bloc  (2)  :  ainsi  c’est  pour avoir  des .assises  de  cinq  à  six  décimètres  
 de haut,  que  les  Arabes  ont  brisé  «   diminué de trois mètres cette  grande  
 colonne. 
 Peut-être  aussi  s’est-elle  rompue  par  accident,  et  les  efforts  des  Arabes  pour  
 en  tirer  des matériaux  ont-ils  été  infructueux.  Le  rapport  des  gens  du  pays  est  
 que  les  autres  blocs  de  même  forme,  et  qui  sont  plus  courts,  faisoient  partie  de  
 celui-ci;  ils  sont  couchés  de  niveau.  A   les voir  les  uns  et  les  autres,  on  jugeroit  
 qu’ils  ont  roulé  de  la  montagne  ;  c’est  aussi  ce  que  racontent  les fcllâh  :  mais  
 il  est  possible  qu’après  avoir  été  exécutés  dans  les  parties  supérieures  de  la  
 montagne ;  ils  aient  été  amenés  par  la  main  des  hommes  sur  le  plateau  où  on  
 les  voit.  Au  reste,  il  est  certain  qu’on  ne  les  a pas  extraits  du  rocher  sablonneux  
 où  ils  se  trouvent  à  présent. 
 Les  autres morceaux qui  ont été enlevés de  la  carrière, ont des dimensions non  
 moins  surprenantes  :  on  en  voit  les  places  vides  marquées  dans  le  roc ;  j’ai  cru  
 même  reconnoître  le  vide  qu’a  laissé  la  colonne  octogonale.  Tout  le  pic  est  
 rempli  de  travaux  de  cette  espèce. 
 A u   nord  de  la  carrière  est  un  mur  en  briques,  descendant  du  sommet  de  la  
 montagne  jusqu’au pied,  rompu  en  plusieurs endroits, mais,  en  général,  très-bien  
 conservé ; il se continuoit peut-être jusqu’au Nil, quoiqu’on n’en voie pas  de  traces:  
 il  a quatre mètres de haut; son  épaisseur est de  zm, 1. Les  briques  sont placées alternativement  
 à plat  et de  champ. On  les  a fabriquées  avec  une terre sablonneuse, où  
 l’on  a même  laissé de  gros grains  de  sable  et  de  petits  cailloux  .  il  y  en' a  de  très-  
 grosses , d’autres plus petites. Quoique  le  travail ne soit pas  fait avec  un  grand soin,  
 il  paroît cependant appartenir aux anciens  Égyptiens.  Son but  étoit-il  de fermer la  
 rive  droite  et  d’empêcher les communications  du nord  au midi  Dans  ce  cas,  on  
 en trouveroit des  traces dans  la  vallée; mais, celle-ci  étant d’une très petite largeur,  
 la  culture  peut  les  avoir  effacées.  Étoit-il  destiné  à  fermer  la  carrière !  On  seroit  
 porté à le croire, en considérant qu’au midi, précisément au bout sud de  la carrière,  
 il  y  a  un  autre  mur  semblable;  cependant  je  ne  déciderai  pas  entre  ces  conjectures  
 (3). 
 Au  nord  du  grand mur de  briques,  le  rocher  est  coupé par  un ravin  qui paroît  
 le lit  d’un  torrent. Sur  deux parois  du  ravin,  on  voit saillir de gros  cailloux,  dont 
 (1)  Environ  trente-neuf pieds.  (3)  Voye^ ci-dessus,  pag.  34  et  39. 
 (¿)  Voyez pl,  68,fig. 20. 
 I  ‘ la 
 la pierre  est comme' criblée,  et  qui  se  détachent par leur  couleur  grise  sur  le  fond  
 blanc  du  rocher.  On  conçoit  par-là  quelle  est  l’action  des  eaux  pluviales  qui se  
 précipitent du haut de  la chaîne Arabique. J’ai souvent rapporté  des  faits  analogues  
 dans le cours  de  cette description, parce  qu'ils  n’ont  pas été observés  ou qu’ils sont  
 peu  connus,  et même  qu’ils  sont contraires  à une  opinion  reçue généralement. 
 En  s avançant  un  peu  au  nord  et  sur  le  rocher  même,  on  trouve  le  hameau  
 nommé Nazlet Saouâdeh, dont  les  habitans  sont partie Chrétiens  et partie Musulmans, 
  livres  les  uns  et les  autres  a  la  fabrication  du  sucre.  Les  premiers  y ont un  
 monastère et  une  église,  et  aussi des.tombeaux,  où  tous  les  Chrétiens  de Myiyeh  
 et  des  environs  déposent  leurs  morts-,  comme  les  Musulmans  vont  le  faire  à  
 Zâouyet  el-Maveteyn.  La  plaine  cultivée  s’étend  jusqu’au  pied  du  rocher,  qui  la  
 borde  comme  une muraille. 
 Cest  dans  ce  rocher  qupn  a  creusé  un  hypogée  d’une  espèce  singulière,  et  
 comme  il n’y en a aucun  dans  toute  l’Egypte.  Par  son  plan,  il  appartient à l’architecture  
 Romaine,  et  rien  n’annonce  qu’il  ne  soit  pas  un  ouvrage  des  Romains.  
 Depuis,  les  Chrétiens 1 ont  employé à leur  usage  et  converti en  église.  Le  travail  
 de ce monument souterrain  est assez beau, et  rappelle  celui  qui est  près  d’Alexandrie, 
   non loin  des  bains de  Cléopatre.  L ’édifice  est  d’ordre Dorique^ mais  quelques  
 moulures  s éloignent  du  style  de  cet  ordre.  Les  tombes  que  les  Chrétiens  ont  
 construites au dedans  et au  dehors, contrastent par la grossièreté de  l’ouvrage avec  
 l’exccution  de  toutes  les  parties. 
 On  entre  par  une  allée  basse,  longue  cle  cinq  mètres,  qui  a  sa porte  sur  un  
 plateau  taillé  dans  la montagne  à  mi-côte ;  on  arrive  ainsi  dans  une  cour  découverte  
 ,  environnée  de  colonnes,  haute  de  4m 4-  environ  jusqu’au  sommet  de  
 la corniche,  et  de  8m ~  jusqu’au  plateau  supérieur  du  rocher.  Contre  l’usage  des  
 hypogées  Égyptiens,  la cour  est  à découvert.  L ’ouverture  supérieure  est  un  carré  
 de  y   T  de  coté  (i).  Apres  la  cour,  on  entre  dans  plusieurs  pièces  longues  et  
 étroites,  dont  une  est  fermée  par  un  petit  mur  d’une  époque  postérieure ;  au  
 fond il  y a encore, m’a-t-on dit,  d’autres  distributions. 
 Il devoit  y avoir  dix-huit colonnes  dans  cette  espèce  de péristyle ; mais, malgré  
 toutes mes  recherches,  je n’ai pu  distinguer la place de  celles du côté  du  nord.  La  
 plupart  des  colonnes  sont  tombées,  et  il  en  reste  seulement  les  chapiteaux  avec  
 le haut du fût,  qui  semblent  suspendus  en  l’air  (2).  Du.côté  de  l’est,  le  rang  des  
 colonnes  est remplacé  par  le  petit mur  qui  ferme  l’église.  La  frise  est  ornée  de  
 triglyphes;  les  profils,  les murs,  sont  purement  travaillés;  il  y  a  dans  la  corniche  
 une  doucine  dont  le galbe  est exécuté avec  finesse  ( 3 ). 
 Sur le côté du sud, le mur est percé de cavités basses  et oblongues  qui paroissent  
 avoir servi à déposer  des morts.  En avant, sous  les  galeries,  les Chrétiens ont placé  
 des  tombeaux  en  briques,  où  il  y  a  quelques  caractères  d’écriture  effacés,  que  je  
 nai pu copier.  Ils se distinguent des  tombeaux Turcs par la voûte qui les couronne.  
 Les briques sont diversement arrangées (4).  Les  Chrétiens ont bâti plusieurs petites 
 ['! W  ‘S, fis- ■ a  2.  (3) Voyez pl.  68 ,fg . 4. 
 (*)  Ifod .fis. s-  (4)  ibid,  a  ,0. 
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