
§. X.
D e divers Edifices d’Antinoé.
E n se dirigeant Je long de la grande rue à partir du portique, et après avoir passé
Je grand vallon, on trouve à gauche divers édifices plus ou moii^ somptueux et
presque ruinés. Le premier, qui regarde le nord, et fait un angle par conséquent
avec la rue, présente une façade composée de quafre colonnes Corinthiennes |jj-
le second consiste en quatre colonnes, groupées deux par deux; le troisième est
une sorte de péristyle composé de deux rangées de six piliers chacune, et entre
elles sont d,eux rangs de six colonnes : il y a des piédestaux d’un profil particulier (2)
Plus loin, à trente-quatre mètres de l’axe de la rue, est une façade de grosses
colonnes cannelées (3) ; auprès du carrefour qui est en face de l’arc de triomphe,
sont plusieurs pilastres Corinthiens. Ainsi, dans le petit intervalle qui sépare du
vallon la rue transversale, on compte cinq monumens encore visibles, dont plusieurs
sont plus considérables que le portique du théâtre et que Tare de triomphe.
Dans cette meme rue longitudinale, on trouve encore un grand portique analogue
au péristyle dont je viens de parler ; la façade est formée de deux piliers
et deux colonnes d’ordre Corinthien, les uns et les autres cannelés^On compte
deux rangées de cinq piliers semblables et deux rangées de cinq càonnes (4). La
plus grande partie des colonnes et des piliers de ce monument Corinthien est
encore debout : les piliers qui bordent la rufe, sont dans l'axe même de la grande
colonnade d ordre Dorique Grec ; aussi une demi-colonne de cet ordre a-t-elle été
appliquée sur chacun des piliers antérieurs, pour les fier avec cette colonnade. La
colonne Dorique n’a pas tout-à-fait les mêmes proportions que celles que nous
avons rapportées plus haut (5) : la hauteur du fût, au-dessus dlune sorte de stylobate,
est de 3",6, et celle du chapiteau de on,z r)\ le diamètre supérieur a o”,yy , au
lieu de o",6i. Quant aux piliers et colonnes, leur hauteur totale est de 8",47; le
chapiteau seul a 1 “, 1 o.
Si, du carrefour qui regarde l’arc de triomphe, on se dirige vers la porte de l’est
par la rue des thermes,, .on trouve à gauche les restes d’un édifice composé de
colonnes de marbre blanc. Au-delà, à droite, est un portique de quatre colonnes
cannelees, d ordre Ionique, ayant par derrière un massif percé d’une porte et
quatre autres colonnes; la plupart de ces colonnes sont encore debout. La hauteur
du fût est de 6”,7 5 , non*compris'la base ni le chapiteau, qui a om,4 i. Le diamètre
est de om,9 1. Le bâtiment a iom,y8 de façade et n ” de profondeur: il a
de l’analogie, par son plan, avec le portique du théâtre ; la seule différence est
que les piliers angulaires sont ici remplacés par des colonnes. Le nombre des
cannelures est de vingt-quatre; et leur profondeur, de o,n,o4. La.cannelure ne
commence qu’à a”,34 de la base (6).
(1) Voyez pl. ¡3. ' ' (-5) Voyez ci-dessus, S- V I I I , et pl. 60,fie. ¡8; pl. Ci,
(2) Voyez _/?£./*«/y. | fg . 2S-2S. ‘
(3) Voyez pl. 5j . (6) Voyez pl. ( i.f ig . 7 à 14.
(4) Voyez pl. 6 i , fg . i à 6.
Au-dela encore, on trouve les restes d’un édifice à colonnes de granit, d’un mètre
de grosseurpplus loin, les thermes dont j’ai fait la description ; enfin, à l’extrémité
de la rue, deux grands pilastres Corinthiens encore debout, isolés et distans de toute
la largeur de la rue, et qui ont appartenu à un édifice magnifique, formant la porte
de l ’est. Lédifice étoit orné de colonnes de granit, dont on voit encore à terre
plusieurs rangées avec d’autres blocs de la même matière. Le sol est couvert de
débris; on y remarque de grands morceaux d’entablement en pierre numismate, des
frises ornées de triglyphes et de rosaces. La sculpture en est d’un style grandiose
et d’un excellent travail. La confusion de ces fragmens et de ces colonnes' renversées
est telle, qu’il est impossible d é se former aucune idée nette du monument:
on remarque qu il est encore éloigné de l’enceinte générale en briques, bien qu’il
paroisse avoir été certainement l’issue de la ville, du côté de l’est (i)-; mais il en
est de’mcme de la porte placée derrière le théâtre, du côté du sud.
En revenant sur ses pas jusqu’au carrefour, et suivant ensuite la grande rue vers
le nord-ouest, on voit beaucoup de débris confus et ensevelis sous les décombres ;
à peine aperçoit-on çà et là quelques fragmens de colonnes et de murailles. Vers
la gauche, on trouve des piliers avec demi-colonnes appliqués sur un dés côtés;
si l’on en juge par leurs dimensions, ils faisoient suite à la colonnade (2) : il y
en a d’autres encore qui sont plus petits (3). Dans la même rue, auprès des colonnes
d Alqxandre-Sévère et avant d y arriver, est l’emplacement d’un édifice à
pilastres Corinthiens, distans de la colonnade de soixante mètres. Trois de ces
pilastres occupent un espace de 8™,8.
Apres avoir passé les colonnes d’Alexandre-Sévère, et tout au bout de la rue
longitudinale, on trouve le bâtiment du nord-ouest. Cet édifice est carré, de forme
massive, entouré, à l’est et à l’ouest, de murailles encore visibles aujourd’hui; sa
profondeur est d’environ trente-huit mètres. Il y avoit tout autour une galerie ;
les portes sont aux angles de l’enceinte. L ’édifice est rasé au-dessus des piliers ; et
l’on ne voit plus que les moulures des bases. Il est difficile de conjecturer la destination
de ce bâtiment ; cependant sa forme semble annoncer un tombeau, qui
étoit peut être celui d’Antinoüs lui-même (4 ).
A vingt-six mètres du monument du nord-ouest et dans l’alignement de l’enceinte
, sont de gros piliers qui paroissent les restes d’une grande porte triomphale,
faisant pendant au portique du théâtre. On y voit des restes de murailles, des bases
de pilastres, &c. Ce st entre cette dernière porte et l’enceinte du sud qu’il y a
une distance de seize cent vingt-deux mètres, et cette longue ligne ne fait qu’une
seule rue.
Au milieu des ruines de la ville on trouve encore les restes d’un autre portique
Corinthien, dont les colonnes n’ont pas été retrouvées en place. Les pilastres sont
(1) On trouve entre l’enceinte et l’édifice les restes (2) Voyez pl. 6o,fig. 10.
d’un mur de clôture en pierre. (3) Voyez pl. 6o,fig. u et rx.
M. Balzac rapporte qu’il a vu à Antinoé des espla- (4.) Voyez pl. j j , et l’explication de la planche à I’ar-
nades servant de promenoirs, q ui, malgré toutes nos ticle du monument du nord-ouest. I l est, par erreur,
recherches, nous ont échappé, à moins qu’il ne soit ques- appelé du sud-oüest dans cette explication, 7 / ligne de la
non de l’hippodrome et du vallon. 2/ colonne*