de Pan, l’un des huit grands dieux de l’Égypte; or Hérodote s’exprime ainsi:
« Mendès, en langage Egyptien ( i ), signifie également un bouc et le dieu Pan.
» Les Mendésiens mettent Pan au nombre des huit grands dieux. . . . ; par ce
» motif. . . . ( ils ) révèrent donc religieusement toutes les chèvres, et sur-tout
a> lés mâles. . . . ( 2). »
Troisièmement, le nom de- la ville dédiée à Pan dans la Thébaïde est
aujourd’hui Akhm'ym, nom qui a le plus grand rapport avec Achmoum, comme
Pan avec Mendès: 0 XIA Alyt/tflup) MgvxV: ( Hérod. liv. 11, chap. 46 ). Ovra x^AoSo-i
tov üS.i'rt. Aiydoflioi ( Suid. voce Mé’vXVs ]. G est ce que répété Nonnus (5).
Enfin, non loin de là, est un monticule de ruines avec des débris de poteries,
et le nom de Tell el-Ahmar, la colline Rouge. Peut-être que les inondations de
la branche Mendésienne et les travaux de la culture ont fait disparoître le reste
des vestiges, et je suis porté à croire que, la ville ayant été ruinée à une époque
très-ancienne, Thmuis prit plus d’importance, jusqu’à devenir la capitale du nome
au temps de Ptolémée le géographe, et une des plus grandes villes de 1 Egypte
sous Ammien Marcellin : cela explique pourquoi Thmuis est seule nommée par
tous les auteurs qui sont plus récens ( du moins par rapport à la haute antiquité ),
Josèphe, Aristide, Ptolémée, Ammien Marcellin, Etienne de Byzance, Suidas, et
aussi dans les Itinéraires d’Antonin et d’Hiéroclès; tandis que Pindare, Hérodote,
Strabon et Plutarque, écrivant d’après d’anciennes traditions, parlent de la ville
de Mendès. Pline lui-même ne fait mention que de la bouche et de la préfecture
Mendésiennes (4 ). Ici s’applique la réflexion que j’ai faite en commençant cet
article : après sa ruine, Mendès aura été rebâtie à une lieue plus loin; les matériaux
y auront été transportés, et le nom de Diospolis aura succédé à celui de
Mendès, comme le nouveau site à l’ancien (y).
Le culte attribué par les auteurs aux habitans de la préfecture Mendésienne
est confirmé par les médailles du nome. On voit sur la légende MENAI-] X IO S une
figure de Jupiter tenant un bouc dans sa main droite : le petit module n’a que
le buste du dieu (6).
D ’Anville a donné le nom d’Achmoun-Tanâh au village qui a succédé à
Mendès : mais la carte présente ici detix localités différentes; l’une, Achmoun,avec
plusieurs hameaux, à une lieue vers le nord de Tell el-Debeleh; l’autre, Tannah,
à une lieue vers le sud.
En résumé, l’autorité d’Hérodote étant formelle en faveur de l’existence de
deux nomes différens, qui certainement avoient chacun un chef-lieu, je pense,
i.” que Thmuis et Mendès ont existé séparément, que ces deux villes avoient le
même culte, et qu’elles étoient situées, l’une à Tmây el-Emdyd, l’autre à Ach-
moun, sur la branche Mendésienne; 2 ° que Diospolis a succédé d’abord à la
(1) Jablonski a observé, et d’autres après lui, que la (4) Etienne de Byzance nomme aussi la ville de
lettre «T“ ne pouvoit entrer dans un mot Egyptien. ( Voyez Mendès.
Panth. Ægypt. pl. i , p. 272. Voyez aussi l ’Égypte sous (5) Selon Ptolémée, Mendès et Thmuis auroient été
les Pharaons, t. II, p. 128.) placées entre les branches Busiritique et Athribitique;
(2) Hist. lib. i l , cap. 46. ' mais il faut entendre entre la Busiritique et la Tanitique.
(3) Voyez Jablonski, Panth. Ægypt. (6) Voyez pl. $8, fig. 26, Ant. vol. Vseconde
de ces villes, en qualité de capitale du nome Mendésien, circonstance
qui a achevé de causer la ruine entière de la ville de Mendès ( 1 ) ; 3.0 que
Thmuis est devenue à son tour, et dans les derniers temps, le chef-lieu de la
préfecture Mendésienne.
Lycopolis de la basse Egypte étant placée par Strabon immédiatement avant
Mendès, j en ferai mention ici, quoique ce lieu paroisse hors du nome Mendésien.
Je procéderai comme tout-à-l’heure, pour en chercher la place, que d’An-
ville n a pas assignée : « Dans 1 intérieur des terres ( dit Strabon, après avoir parlé
» de Buto ) , au-dessus des bouches Sébennytique et Phatnique, on trouve
»Xois. . . . , Hermopolis, Lycopolis et Mendès. » La direction de tous ces
lieux est bien évidemment de 1 ouest vers l’est. On peut s’arrêter à une position
distante d environ trois lieues de Tell el-Debeleh, et d’une lieue environ de Man-
sourah au sud-est, vers le village de Chahâ. Cette position convient aux passages de
Strabon et d Etienne de Byzance, qui placent Lycopolis, le premier, auprès de
Mendès, et le dernier, dans le nome Sébennytique. Etienne ajoute à Lycopolis
l’épithète de mçy.6aAÎ<rtrita ou maritime, tandis que le nome Sébennytique ( du
moins le supérieur, car il y avoit un nome Sébennytique inférieur ) est très-éloigné
de la mer, Pindare supposoit aussi Mendès sur le bord de la mer, mçy. xf*/*.Si
^aLto-oî, méprise qui lui a été justement reprochée par Aristide le sophiste (2),
et que Strabon, qui le cite, n avoit pas relevée (3) : mais c’est cette erreur même
qui explique celle d Etienne de Byzance, et prouve la proximité de Lycopolis et
de Mendes. Selon une autorité plus imposante, Lycopolis appartient au nome
Busirites ; ce st, comme je l’ai dit plus haut (4 ), la pierre de rosette: mais
je pense, et déjà j ai eu occasion d’en faire la remarque, que les Grecs ont été
embarrassés de traduire dans leur langue le nom de l’animal honoré par les
Égyptiens, et quils auront employé à cet effet, tantôt le mot xjùm, et tantôt le
mot Avjü>$(y); cest la ville de Cynopolis qui fàisoit partie du nome Busirites.
Cette conjecture concilieroit le monument avec le témoignage d’Étienne.
§. II.
N o m e L é o m o p o l i t e s .
Il y a très-peu de détails dans les écrivains sur cette préfecture; cependant
Ptolémée peut en faire deviner l’emplacement, non par la latitude, mais par la
situation relative. D ’après cette donnée, j’avois placé le chef-lieu, Léontopolis, à
la grande colline qui est au sud et à 12000 mètres de Tmây, non loin du village
d’el-Mengalah.
Un passage de Strabon confirmoit la position générale du nome de ce nom;
(t) Je ne place point Mendès à Tell el-Debeleh, comme (4) Page 9.
M.Gratien Le Pere, parce que Strabon distingue Mendès (5) Le loup, dit Diodore, a été honoré à cause de sa
de Diospolis, et qu’il n’y a pas d’autres ruines de ce côté. ressemblance avec le chien ; car leurs natures différent
(2) Orat. Ægypt. tom. I I , p. 360, ed. Jebb. peu, et leurs espèces peuvent s’accoupler et se reproduire.
(3) Lib. x v n , p. S o i. ( Lib. 1, p. 260, 1. 1 , e i . B lp on t. )