
de murs renversés: auprès est la base d’une colonne, dont le profil est le même
que celui de la base attique; on voit encore ailleurs des vestiges d’architecture
Grecque ou Romaine. Dans une fouille qui est à découvert, encore plus au nord;
j’ai Vu les fondations d’un mur abattu, formant un angle de la construction; les
pierres étoient liées par des queues d’aronde : on rie trouve que la place des coins;
ceux-ci ont disparu, et les habitans n’ont pu me dire s’ils étoient en fer ou en
bois : il est probable qu’ils étoient de cette dernière matière, ainsi que ceux
qu’on a retrouvés à Ombos et ailleurs. Le mur n’a que om,6 d’épaisseur.
Les ruines sont couvertes de débris de vases et de constructions en briques;
ces briques sont crues pour la plupart. La longueur de l’espace que les ruines
occupent est de huit cents mètres, et sa largeur, de Sept cent cinquante : je n’y
comprends pas le village de Tehneh, qui occupe sans doute une partie de
l ’ancien emplacement de la ville. Du côté du sud-ouest, la culture s’est aussi
.emparée d’une partie de cet espace.
J’ai demandé à beaucoup d’habitans le nom que portoit cette ville ; on ne
m’en a pas donné d’autre que celui de Koitm el-Ahmar, nom banal dont les
fellah ont coutume d’appeler toutes les buttes de ruines Egyptiennes. Quelques-
uns m’ont dit que cette ancienne ville avoit eu pour prince un certain Client ou
Chint, qu’ils comparent à Kliasym, prince de Minyeh. Quoi qu’il en soit, tout annonce
que c’est' là qu’étoit Acoris, ville du nome Cynopolite, selon Ptolémée.
A la vérité, il lui donne la même latitude qu’à Cynopolis, c’est-à-dire, 28° 30',
tandis que Tehneh est à peine à 28° 12’ ; mais on sait qu’en général les latitudes
de Ptolémée ne peuvent être employées sans correction. Si, comme il le
paroît, on doit placer à Samallout l’ancienne Cynopolis (1), la ville d’Acoris étant
en lace, il fkudroit, d’après cette position de Ptolémée, la chercher à peu près à
Deyr el-Baqarah, ou monastère de la Poulie ; mais il n’y a en ce dernier endroit,
comme nous le verrons dans un instant, que des rochers escarpés et à piç sur
le Nil. Au nord, il n’existe aucune ruine.
Il faut donc se porter au sud, environ à dix mille mètres, où se trouvent les
grandes ruines de Tehneh.
L e rocher au pied duquel cette ville étoit bâtie, est escarpé dans beaucoup
d’endroits ; le terrain cultivé se prolonge jusqu’au pied de cette sorte de muraille
: tout autour il est percé de carrières, et de grottes sépulcrales qui ont etc
horriblement défigurées; mais, dans celles qui sont conservées, on trouve des
sculptures qui offrent des sujets intéressans , et d’un relief plus grand que les
bas-reliefs ordinaires. A l’entrée de la gorge de la montagne, vers le nord, on
voit de loin un large escalier taillé dans le roc ; sa largeur est de plus de quatre
mètres (2) : il mène à un hypogée composé de deux salles. Les figures que les
Egyptiens y avoient sculptées, sont presque effacées aujourd’hui par les feux qu’ont
allumés les Arabes ; la fumée a tellement noirci les parois, que je n’ai rien pu
reconnoître dans les sujets dont elles étoient ornées. Auprès, il y a plusieurs
entrées de grottes.
( 0 Voy*!, ci-dessous, pag. 48. (2) Voyez pl. 67, f i g. et 16.
A l’angle opposé de la montagne, vers le sud, le rocher forme un pictrès-élevé,
percé de grottes du haut enffias. Dans l’une d’elles, est une salle à deux colonnes”,
dont le chapiteau est orçté de la tête d’Isis (i). Les colonnes sont tombées; mais
l’un des chapiteaux est resté en place, et comme suspendu au plafond. En tournant
un peu plus vers le sud, est un autre hypogée peu étendu , mais bien
conservé, dont la porte est décorée d’urie manière agréable : on y montoit par deux
escaliers que le temps a presque détruits; dans l’intérieur sont sculptées des cérémonies
religieuses. Les figures ont six à sept décimètres de hauteur, et elles ont un
relief très-saillant : le travail de la sculpture est entièrement le même qu’à Esné
et à Thèbes.
Sur la face extérieure, la porte est décorée, vers la droite, d’un bouquet de
lotus dont la tige médiale est enveloppée par les circonvolutions d’un grand
serpent ; vers la gauche, d’une figure d’homme habillée d’une sorte de manteau
plissé : elle paroît dans l’attitude de faire une offrande; mais je n’ai pu dessiner
l’objet qu’elle portoit à la main. La corniche et la frise de la porte sont ornées
du globe ailé (2) : auprès, le sculpteur a représenté le lotus dans toutes ses parties;
la feuille, le bouton et la fleur ouverte. Il faut remarquer que la feuille est
crenelee fortement : ainsi 1 intention de 1 artiste a été de représenter le nym-
ylnea Mus. Les Egyptiens connoissoient donc parfaitement les caractères distinctifs
des différentes espèces de lotus (3).
A droite de ce petit hypogée, le roc est orné d’une autre figure Égyptienne,
debout et de face, et presque en relief total, comme celles d’un des tombeaux
de Lycopolis (4 ) : elle est dans un encadrement formé de deux pilastres et d’un
couronnement, dont la sculpture est seulement ébauchée. Quoique la tête et les
jambes soient brisées et la poitrine détruite, on reconnoit que c’est une figure
de femme. De chaque côté, l’on a gravé une petite inscription Grecque, difficile
à déchiffrer; elle consiste en ce peu de lettres, les seules visibles aujourd’hui,
rPAMMMATAAXPHMATICTOC6.CCH ( 5 ).
§. II.
C a r r iè r e s e t R u in e s à O u â d y e l - T e y r . G e b e l e l - T e y r , D e y r e l - B a q a r a h .
O u a d y e l - T e y r est le nom d’un gros village qui est dans une gorge de la
montagne, comme Tehneh, à trois mille mètres au nord de ce dernier; cette
espece de vallée est percée aussi de plusieurs vallons qui se rendent dans diverses
directions, à lest et du côté du sud, à Tehneh, Saouâdeh, Matahrah, &c. Il y
a même une branche qui se rend, m’a-t-on dit, à la mer Routre
La montagne est percée de grottes; on n’y voit point de sculptures, et elles
(0 V o y e z pl. fy,fig. if. % de botanique n.° 60, fig. 1 , Histoire naturelle, vol. II.
(2) Ibid. fig, ¡S. (4) Voyez pl. 4.6, fig.g.
( 3) Ib id ./¿ ¡y , zo. (5) Voyez mon M ém o i r e sur les ¿anciennes inscriptions,
Voyez aussi \z planche 68, fig. 18, et ci-dessus,pag.38, A . M . tom, I I , pag. / et suiv..^ '
ou il est question du nymphoea bleu, ainsi que la planche