
elles sont sur-tout dignes d attention, à cause de la disproportion choquante de tous
leurs membres ; et l’on ne peut douter quelles ne soient des êtres de convention
pour exprimer de certaines choses dont nous ne pouvons plus maintenant deviner
le sens. Ces figures semblent chercher à atteindre un homme à tête d’épervier.
Dans la portion du plafond comprise entre les bras et les jambes de la troisième
figure, on voit trois hommes prêts à marcher, et dont les bras sont élevés en
l’air; ils portent des bateaux au-dessus de leur tête. Dans l’autre moitié du plafond
, on remarque tme barque ( i ) dont le gouvernail est aux mains d’un homme
a tête d’épervier, et qui est traînée par quatre chacals et par quatre hommes
avec des masques de chacal. Cette barque renferme, au milieu d’un disque, un
oe il, emblème d’Osiris, précédé d’un personnage à tête de chacal avec les attributs
des dieux. Deux femmes et un homme avec un masque d epervier sont en
adoration devant lui.
Il résulte de tout ce que nous venons d’exposer, que l’appartement du zodiaque
paroît avoir été une espèce de sanctuaire, de lieu consacré à l’astronomie et à la
représentation des phénomènes terrestres qui se lient à ceux du ciel. Peut-être
étoit-il la demeure de l’un des prêtres Égyptiens, qui, en desservant le temple
de Tentyris, étoit plus spécialement occupé de i ’étude du ciel. Peut-être aussi
étoit-ce un lieu du temple où Osiris avoit un tombeau ; car on sait, d’après les
témoignages d’Hérodote et de Diodore de Sicile, que les tombeaux de ce dieu
étoient très-révérés et très-multipliés en Egypte, et qu’il y avoit peu de villes importantes
qui n’en renfermassent un. Quelle que fût, au reste, la destination de cet
appartement, il sera certainement, pour les voyageurs qui nous suivront, l’objet
de la plus vive curiosité, et il offrira encore à leur zèle un ample sujet d’étude et
de recherche. Il seroit à desirer, d’après la liaison que nous avons observée dans
la plupart des bas-reliefs qui le décorent, que la totalité de ces sculptures fût
recueillie, sans qu’aucun des hiéroglyphes qui les accompagnent, fût omis: alors
probablement on auroit, dans des emblèmes ingénieusement exprimés, une histoire
continue et bien liée des divers phénomènes de la nature qui intéressoient tant les
Egyptiens ; car l’existence de ces peuples dépendoit de la présence du Nil, de telle
sorte que si les débordemens de ce fleuve cessoient de se renouveler périodiquement
chaque année, l’Egypte n’offriroit bientôt plus que l’aspect d’un vaste désert.
Un examen plus détaillé des sculptures de l’appartement du zodiaque donneroit
vraisemblablement lieu à d’autres rapprochemens avec le Traité d’Isis et d’Osiris,
et 1 on trouveroit sans doute que plusieurs des passages de cet ouvrage curieux
ne sont en quelque sorte que la traduction des bas-reliefs Égyptiens.
A r t i c l e IV .
Des Sculptures extérieures du Temple.
M a in t e n a n t que nous-avons fait connoître la plupart des sculptures qui décorent
1 intérieur du temple, nous allons jeter un coup-d’oeil sur celles qui ornent
(i) Voyez la planche 22, fig. 2, A . vol. IV .
l’extérieur. Nous parlerons d’abord, avec quelques détails, de la partie postérieure du
temple, où presque tous les bas-reliefs sont visibles; car l’encombrement de l’édifice,
qui est très-considérable sur les côtés, sur-tout à l’est, ne couvre ici qu’une
partie du soubassement. La planche id , A . vol. IV , donne une haute idée du
système de décoration employé à Denderah : c’est, en quelque sorte, un échantillon
complet qui confirme tout ce que nous avons dit jusqu’à présent de la
richesse des costumes des personnages , de l’élégance et de la variété dés ornemens
des frises et des corniches, et de la multiplicité des caractères hiéroglyphiques.
On retrouve ici dans toute son étendue le style et le goût des monu-
mens de l’ancienne Egypte, et la perfection d’un art conçu d’après des idées et
dans un système appropriés aux convenances locales, ainsi qu’aux moeurs et aux
habitudes civiles et religieuses du pays. Mais ce dont le dessin ne peut donner
qu’une idée imparfaite , c’est l’exécution, c’est le fini précieux de toutes ces sculptures
jusque dans leurs moindres détails. Il faut se représenter, en effet, que le
plus petit ornement, les hiéroglyphes à peine aperçus à cause de leur finesse,
sont exécutés avec le même soin et la même pureté que les grandes figures où
les artistes Égyptiens ont pu se livrer avec plus de liberté au développement de
leur art. On doit ajouter qu’il est très-probable que toutes ces sculptures étoient
rehaussées par l’éclat des plus vives couleurs ( i l
Les ornemens de la corniche et de la frise derrière le temple ne sont point
pareils à ceux des faces latérales ; et cependant on n’est nullement, choqué de
cette sorte de disparate. Il faut dire, à la vérité, qu’une exnême analogie règne
entre ces ornemens, qui concourent tous à un but unique, celui de rappeler
par tout Isis, deesse a laquelle le temple de Denderah étoit principalement consacré.
A cet égard, les Égyptiens avoient à un haut degré le sentiment des convenances,
et ils evitoient ainsi par la variété des détails la monotonie qui pou-
voit résulter de la représentation nécessaire et souvent répétée'd’un même sujet.
L ornement de la corniche se compose d’un disque ailé, accompagné A’nbæus,
et lançant des rayons sur un globe où se trouve Isis avec tous les attributs de la
divinité. Placé dans une espèce d’échancrure, ce globe représente très-bien la lune
dans son croissant ; en sorte qu il y a tout lieu de croire qu’on a voulu indiquer
ici l’astre de la nuit, qui, comme l’on sait, étoit consacré à Isis. De chaque côté
du globe, sont élevées sur des estrades deux figures accroupies, l’une d’Osiris à
tete dépervier, et 1 autre dlsis : cet emblème est enveloppé par des serpens ailés
a tete de lion. Dans la frise, un masque d’Isis occupe le milieu de l’ornement ; il
est surmonte d un disque entouré de cornes de génisse, et il est posé sur une
coupe. De part et d autre sont placées une figure accroupie à tête d’épervier, et
une légende hiéroglyphique surmontée de coiffrires symboliques. Tous ces emblèmes
sont en quelque sorte embrassés par des vautours dont les ailes sont déployées.
L intervalle qui sépare les ornemens, est rempli par des espèces de balusmes
et des lignes d’hiéroglyphes.
Au-dessous de la frise, on a sculpté, dans toute l’étendue de la façade, dix
(i) Voyez ce que nous avons dit précédemment, pag. 21.