temps, yn si grand nombre de recherches curieuses. J ai voulu seulement prouver,
par la considération de ces formes et dimensions, que cette arène n’avoit pas
pu être un cirque ou hippodrome, etn étoit autre chose qu un stade vraisemblablement
dsaule, mais qui sort des proportions les plus connues et prouve qu’on a eu tort
de prétendre que tous ces édifices étoient faits comme sur un modèle commun.
Il est donc hors de doute maintenant que ce stade est autre chose que le cirque
(d elà porte de Cmiope ) dont parle Strabon. Effectivement, ce géographe distingue
clairement le stade de l’hippodrome. Il n’en compte qu’un de chaque espèce,
comme nous le verrons ; et ceci confirme encore mieux toutes mes conjectures.
Celui-ci est bien le stade de Strabon placé dans l ’intérieur de laïcité. En parlant de
l’espace où nous sommes parvenus et qui s’étend sur toute la ligne du sud-est au
nord-ouest, en-deçà du canal, des temples antiques qui s’y trouvent presque abandonnés
à cause de la construction de ceux de Nicopo/is, des jeux du stade et de
l'amphithéâtre, &e. qui se célèbrent tous dans ce dernier endroit, il ajoute : Ceux
( et le stade y est évidemment compris ) qui ont été anciennement établis ( en-deçà
du canal ) , sont aujourd'hui négligés. Voila donc le vieux stade Necropolique de
Strabon retrouvé [ 1 34]' de dis Nécropolique : car, suivant cette version, qui pa-
roît la meilleure, il devoit y avoir encore un stade et un amphithéâtre k-Nicopo/is,
comme nous l’examinerons en son lieu ; ou simplement, les courses et autres jeux
du stade se faisoient dans cet amphithéâtre bâti par les Romains.
CANAL NAVIGABLE. — i QUATRIEME AQUEDUC PARALLELE.
En sortant du stade , la route que nous suivons traverse une partie du canal
longeant le Mareotis, qui se retourne brusquement et se dirige d’abord vers le port
KibStos. Sa largeur, de sept à huit mètres, diminue de plus en plus et se réduit à
peu près aux dimensions du dernier conduit parallèle. Cette branche traverse * à
ciel ouvert, la partie sud-ouest de la ville antique, et, sous terre, toute la largeur
de la ville Arabe ; puis elle va former l’aiguade actuelle ( 1 ) du port d’Eunoste.
On voit, à son extrémité , à gauche et au coude même qu'elle forme pour entrer
dans la ville antique, la coupure qui établissoit sa communication avec le lac
Mareotis, d’une part, et avec le port KibStos, de l’autre, par le fossé extérieur de
l’enceinte Arabe, lequel aboutit lui-même à la mer. Personne n’a parlé de cette
coupure remarquable. Nous ne lui avons trouvé aucun caractère extérieur qui
s’oppose à ce qu’elle soit regardée comme antique. Elle se trouve dans le lit même
de la petite vallée dont nous avons vu l’embouchure à l’article port kibôtos,
et elle forme bien le prolongement du canal de Strabon : usque ad Mareotidem per-
ducta ( fossa navigabilis). Le sol dans lequel cet embranchement est creusé, depuis
les collines qui bordent le grand canal actuel et qui s’arrêtent près du stade antique
jusqu’au conduit souterrain , est considérablement déprimé. Ce terrain est de
niveau sur une grande étendue , et paroît composé de dépôts formés par les eaux,
quoiqu’il ne soit plus inondé.
On voit, au surplus, que ce canal de communication, de quelque point qu il fût
(1J Cet aqueduc paroit moderne.
diiige, ne pouvoit guere s ecarter de la dépression de terrain où nous sommes,
et qu il ne pouvoit pas etre non plus ce fleuve du N il dont parle Hirtius, qui
servoit, dit-il, à abreuver le peuple, et à remplir les citernes des maisons particulières.
Quelle apparence y a-t-il qu’il eût donné ce nom et cette destination importante
à ce court fossé, ouvert entre deux grands bassins d’eau saumâtre ou salée,
tandis que le canal tiré de Canope méritoit bien mieux ce titre! Celui dont il
s’agit ici n’a donc pu être qu’un moyen supplétif de communication des ports
avec le lac Mareotis ( qui communiquoit encore avec la rade par une autre ouverture
faite dans le rocher, et que nous verrons plus loin ). Ce n’est peut-être
qu a une époque postérieure à Strabon que la partie inférieure du grand canal
d’Alexandrie au Nil, destinée de tout temps au remplissage des citernes, et à laquelle
étoient adaptés les quatre aqueducs parallèles antiques, a été jetée vers
la mer dans cette branche navigable ( 1 ). Celle-ci, dans sa première direction,
passoit entre deux monticules remarquables formés par des ruines. Ils sont nettement
figurés sur la planche 84,É . M ., et peuvent appartenir aux culées d’un pont
qui aura été postérieurement construit plus loin vers l’est (il y est désigné par les
mots de iS p o n t), comme on le verra tout-à-l’heure.
Lorsqu ensuite les Arabes ont bâti leur enceinte du côté de Necropolis, ils ont
conservé, pour leur servir de fossé le long de cette partie des murailles, le prolongement
de ce canal et son embouchure dans le KibStos et dans la mer. Ce
n’est que plus tard encore, lorsque ce petit port a été entièrement comblé, et la
navigation du lac à la mer absolument abandonnée, qu’ils ont détourné le canal
navigable au pied des deux monticules, l’ont conduit vers le premier pont qui est
propre à donner passage aux bateaux, et l’ont fait aboutir, comme on le voit, dans
le dernier aqueduc, pour lui faire porter ces bateaux jusqu’au pied de leurs murailles
qu’ils avoient resserrées, et amener de l’eau douce dans la partie de l’ancienne
ville qu’ils avoient conservée. Il est dès à présent très-vraisemblable que
la partie aujourd’hui couverte de ce canal, depuis les environs de l’enceinte au
sud-est jusqu’au port d’Eunoste, a été construite lorsqu’on a fait tous ces change-
mens, ou bien qu’on a profité d’un de ces aqueducs souterrains antiques qui dis-
tribuoient les eaux du Nil dans la ville d’Alexandre et des Ptolémées.
Le canal navigable antique, défiguré par tous ces changemens de direction et de
destination, par le défaut d’entretien et l’envahissement des sables et des décombres,
a beaucoup perdu de sa largeur. Il devoit avoir de très-belles proportions, puis-
qu il servoit de passage à cet immense commerce du lac et des parties supérieures
et inférieures de 1 Egypte avec les ports KibStos et d’Eunoste, et de là dans toute
la Méditerranée. Tous nos auteurs anciens parlent de l’étonnante activité de ces
échanges.
Le premier pont est tout-à-fàit Arabe (2), et sa description sort de mon sujet:
mais sa position est singulière, et paroît hors d’oeuvre maintenant. Quel étoit
autrefois son usage ! où aboutissoit-il immédiatement ! il seroit curieux de le
(i) Car Strabon ne peint pas le canal du JVil comme (a) Voyez planchepp, Ê. M . , le deuxième pont, qui
se perdant en ce point. est du même genre.
il
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