
doute aboutir a la terrasse, ou ils etoient fermés par des pierres mobiles que l’on
enlevoit *a volonté, et qui etoient si bien jointes, qu’elles ne pouvoient être
aperçues que de ceux qui en connoissoient l’existence. Nous avons déjà fait
remarquer de semblables pierres à Karnak ( i ). C ’est probablement par ces couloirs
que s’introduisoient les prêtres qui faisoient entendre les oracles des dieux
dans le sanctuaire du grand temple de Tentyris. Nous ne quitterons point cette
pièce mystérieuse, sans faire observer que toutes les baies de portes placées sur
l’axe du temple diminuent de largeur et de hauteur à partir du portique : il semblerait
que les Égyptiens ont eu l’intention de forcer un effet de perspective
quils avoient observe. D ailleurs, dautres faits et d’autres circonstances démontrent,
jusqua lcvidence, quils ont ignoré les premiers principes d’un art
dont on fait de si heureuses applications aujourdhui dans la représentation des
objets qu’offre la nature.
Après avoir fait connoître tout le rez-de-chaussée du temple de Denderah, il
nous reste à parcourir les étages supérieurs et les terrasses. On y arrive au moyen
d’un escalier qui communique avec le premier vestibule par une porte située en
face des premières marches. La cage de l’escalier est de forme rectangulaire : ses
marches sont établies autour d’un noyau solide de 3™,90 de long et de 3™, 10
de large; elles ont un mètre de longueur, trente-deux centimètres de largeur,
et une hauteur seulement de cinq centimètres, ce qui les rend très-commodes
à monter. Il faut franchir onze marches pour arriver au premier palier, et dix,
en retournant à angle droit, pour parvenir au second. A chacun de ces paliers
et à ceux qui leur correspondent aux étages supérieurs, on a pratiqué des soupiraux
en forme d’entonnoir renversé, par où arrive la lumière. L ’escalier fait
deux révolutions et demie, au bout desquelles on parvient sur la terrasse ; tout son
noyau est couvert de sculptures exécutées avec un soin extrême et un fini précieux.
On y remarque des étendards surmontés les uns d’éperviers et d’uboeus, les autres
d’un boeuf et de deux serpens en croix. On ne se lasse point d’admirer la manière
franche et vraie dont ces animaux sont sculptés, et l’on ne peut s’empêcher de
rendre une entière justice à l’art Égyptien au sujet de ces représentations, que les
artistes les plus habiles de nos jours ne désavoueraient point. A u pied de l’escalier
on voit une figure de femme accroupie et sans bras, avec un masque de lion ; elle
repose sur un dé assez élevé. Des personnages en costumes militaires et civils,
tout à-fait semblables à ceux dont nous avons donné la description à Medynet-
Abou (2), viennent ensuite; ils sont vêtus d’une tunique large, qui, descendant
des reins jusqu’aux pieds, est retenue par des bretelles. La ceinture, qui paraît
être en métal ciselé, renferme un poignard dont le fourreau est brodé en relief.
Ces personnages ont pour coiffure une calotte ronde qui prend juste la forme
de la tête et se découpe autour des oreilles : l’un d’eux porte dans ses mains une
espèce de châsse retenue en outre par un ruban passé derrière son cou. Au-
dessus de ces bas-reliefs et près du plafond règne une frise composée de scarabées.
(1) Voyei la Description générale de Tlrèbes, ch. IX , (a) Kejaj la Description générale de Tltèbes, ch. IX ,
Au deuxième détour de l’escalier, des figures semblables à celles que nous venons
de décrire, portent en triomphe un épervier renfermé dans une châsse, et près
duquel sont des cornes de génisse, attribut d’Isis,Une lyre à quatre cordes, et deux
poissons. Plus loin, un chacal est étendu sur les quatre pattes; il a devant lui une
tige de lotus, et un fléau est suspendu au-dessus de son corps. On voit encore
près de là un homme accroupi à tête de chacal, et un oeuf posé verticalement sur
un étendard. Deux taureaux se font ensuite remarquer par la netteté de leur exécution
et la vérité de leurs contours. Sur le reste des parois de la cage et du noyau
de l’escalier, sont sculptés des porteurs d’offrandes variées, telles que des chapiteaux
et des plinthes' Isiaques, des fruits, des fleurs et des réchauds à feu. Tous ces
personnages, qui montent d’un côté et descendent de l’autre, semblent être la
représentation d’une seule et même procession occupée à pratiquer quelques cérémonies
sacrées. Le plafond de l’escalier est orné d’étoiles.
Lorsqu’on est arrivé au sixième palier, on se trouve en face de la porte d’une
salle de six mètres de long sur 3“ ,29 de large. Cette pièce est maintenant dans
l’obscurité la plus profonde (1). Sa face latérale à droite offre une espèce de
niche de 1 m,3 8 de largeur et de tm,68 de hauteur. Ses parois sont couvertes
de bas-reliefs qui ne sont point tous également bien conservés. Des sels dont la
formation a sans doute été favorisée par la présence des décombres, ont fait
disparaître les sculptures en plusieurs endroits. Au fond de la salle, on remarque
trois ouvertures qui paraissent avoir une issue au dehors ; et en effet, de dessus
les terrasses on aperçoit une salle découverte (2), à laquelle elles aboutissent, et
qui est elle-même remplie de décombres jusqu’à la corniche. II est probable, quoique
nous n ayons pu nous en assurer directement par des fouilles, que la baie du milieu,
qui est la plus grande, servoit d’entrée, et que les deux autres baies ne sont que
des especes de fcnctres, comme on eh voit dans l’appartement du zodiaque, dont
nous allons bientôt parler.
Le dernier palier de l’escalier est éclairé par un soupirail semblable à ceux que
nous avons indiqués ; il reçoit aussi de la lumière par une porte pratiquée à l’endroit
où 1 on débouche sur la terrasse. En montant les dernières marches, on trouve
à sa gauche la porte d une petite salle éclairée par un soupirail : cette pièce est la
seule de tout le temple qui n’ait aucune sculpture.
La partie de la terrasse qui fait face à la cage de l’escalier, est remplie de décombres
provenant des ruines des habitations modernes qui formoient un village
au-dessus du temple. Des pans entiers de murailles encore debout attestent les
temps de barbarie qui ont vu s’élever ces misérables constructions. Au fond de
la terrasse, un péristyle rectangulaire de 7 ” ,69 de longueur et de 6m,20 de largeur
semble sortir de ces débris. Ce petit édifice, qui n’a pas de plafond, est composé
de douze colonnes engagées dans des portes et des murs d’entre-colonnement ;
il ressemble au temple de 1 est dans 1 île de Philæ, et à l’édifice du nord à Denderah
même: ses colonnes sont également espacées, à l’exception de celles qui corres
pondent aux portes, dont 1 entre-coionnement est plus considérable; elles n’ont
(■) Voyez planche S . f i g . j . A . val. IV . (z) Voyez planche S,/¡g. 2 , en A . vol. 'IV.