édifice, et I obscurité va toujours;en croissant jusqu’au fond : tout y annonce
Je caractère mystérieux du cuite Egyptien. On n’y voit pas d’hiéroglyphes ; mais
en voit-on sur les pyramides, et sur plusieurs petits temples de Thèbes qui pa.
roissentn avoir pas été achevés! Ces petits temples rappellent précisément, par
leur façade et leur proportion, le Qasr-Qeroun (i). Il est donc certain que ce
temple est de construction Égyptienne : mais l’époque de la construction n’est
pas;aussi facile à reconnoître que le style de l’architecture.,
Hérodote rapporte que la divination n;’étoit attribuée en Égypte qu’à de certains
dieux, tels qu’Hercule, Apollon, Mars et Jupiter, et à quelques déesses, comme
Minerve, Diane et Latone (2). Le front du dieu représenté dans le bas-relief du
premier étage, étant garni de deux cornes de belier, et la salle mystérieuse pou-
vant être considérée comme une chambre aux oracles, je crois (s’il est permis de
faire une conjecture sur le culte du temple) qu’on ne s’écarteroit pas beaucoup
de la vérité, en supposant qu’on y adoroit Jupiter-Ammon ou Osiris à tête dé
belier, et qu on y rendoit des oracles sous son nom. La position de l'édifice
ati entrée du désert qui mène aux Oasis et au temple de Jupiter-Ammon, est
sans doute un motif pour appuyer cette conjecture, et la figure du petit autel
vient encore la confirmer.
Les pieçes latérales dont j’ai parlé, n’étoient peut-être pas étrangères à un aune
culte qu’on dit avoir été en usage dans la province d’Arsinoé, celui des crocodiles.
Trois villes d’Égypte avoient le nom de Crocodilopohs | la première est
a meme qu Arsinoé ; la seconde étoit au-dessous d’Akhmym, et l’autre au-dessus
dErment: il faut y joindre Coptos et Ombos. Plusieurs mythologues ont voulu
expliquer ce culte bizarre, en supposant qu’il avoit été fondé par les partisans
de Typhon, qui croyoient que son ame avoit passé dans le corps d’un crocodile.
A u rapport d’Eiien, ce culte avoit été institué pour rendre des oracles (3)
Diodore et Etienne de Byzance nous en donnent une origine fabuleuse : ils
rapportent que le roi Menés, par reconnoissance pour un crocodile qui i’avoit
r 6. Poursuhe de «es chiens, en le transportant de l’autre côté du lac de
Moeris, bâtit près du lac une ville de ce nom; qu’il ordonna qu’on rendrait les
onneurs divins aux crocodiles, et qu’il assigna un lac pour leur entretien. De
Pauw fait une .conjecture ingénieuse à ce sujet (4) ; il remarque que Coptos,
Arsinoe et Crocodilopolis seconde, étoient situées loin du Nil, sur des canaux;
pour peu quon laissât boucher ces canaux, les crocodiles n’arrivoient plus - on
etoit donc sûr tant que le culte durerait, que les' canaux seraient entretenu,
Ombos est a la venté, sur le Nil même; ce que de Pauw ignorait : mais cela ne
détruit pas 1 explication, comme nous l’avons fait voir dans la description de cette
vi e. « Chez ces peuples, ajoute-t-il, le crocodile étoit l’emblème, non de Typhon,
(1) Une antre circonstance ferait à elle seule présumer
dans l’emploi de ces proportions harmoniques. Kqyrç les
que le temple appartient à l'antiquité Égyptienne ; c’est
Dcscriptions des antiquités, et mon AIemoire sur le système
le rapport exact de la hauteur du monument avec sa
métrique des anciens Égyptiens, chap. t v , A. M . tom. I,
façade et sa longueur : ces trais dimensions, égales,
pag■ SJit
comme je l’ai dit, à 9-,47 , tü-,8 et 2«-,6, sont entre
elles comme les nombres t , 2 et 3 , à fort peu prés.
On sait quel soin mettoient les constructeurs Egyptiens
(2) Herodot. Hist. lib. 11, cap. 183.
(3) Æiian. De animal.
(4) Ue Pauw, tom. V , pag. 147.
mais de l’eau amenée par les dérivations du Nil ; et il devoit êtré d’autant plus
» honoré dans le nome Arsinoïte, que l’existence de cette province dépéndoit
« toute entière de ces dérivations. » Le pays, en effet, serait inhabitable, si le canal
Je, Joseph ne pouvoit plus entrer dans le Fayoum. Aussi les habitans y ren-
doient-iis de grands honneurs au, crocodile, au rapport de Strabon (i), qui nous
apprend qu il y étoit sacré, qu’on l’élevoit à part dans un lac, et que, par les
soins des prêtres , il devenoit un animal privé. On l’appeloit Suc/itù^ On lui
mettoit des pendans d’oreille en or, et on lui attachoir aux pieds de dévâfit de
petites chaînes ou bracelets ; enfin un prêtre lui présentoit en offrande des ali-
mens préparés, qu’il avaloit aussitôt, comme Strabon en a été le témoin.
Hérodote ajoute à ces détails (2), qu’on embaumoit les crocodiles sacrés et qu’on
les déposoit dans les souterrains du labyrinthe. Il est possible que les chambres
latérales du Qasr-Qeroun aient servi aussi à recevoir de jeunes crocodiles. Ce qui
appuie cette conjecture, c’est la grande proximité du lac de Moeris, où l’on
entretenoit des crocodiles, suivant Hérodote et Strabon. Kircher cite un nom
Qobte du crocodile, qui est pl-suchi, conforme à celui que lui donnent Strabon
et d’autres auteurs (3); mais, selon Hérodote, les crocodiles se nommoient, en
égyptien, Le vrai nom Qobte attisait, t» c s ^ , est parfaitement d’accord
avec celui d’Hérodote, et il est encore confirmé par celui de Tacltompso ou
Metachompso, que les auteurs donnent à une île située au-dessus de Syène, et où
les crocodiles étoient en abondance (4).
Le portique de deux colonnes dont j’ai parlé en commençant, ne se retrouve
dans aucun autre monument Égyptien : on peut supposer avec beaucoup de
vraisemblance qu’il a été ajouté après coup, ainsi que la demi-colonne plaquée
sur la façade ; aussi-bien le dé qui reste ne paraît pas de la même exécution que
le temple. Ce qui me confirme dans cette opinion, c’est que les tronçons de
colonne et toutes les pierres qui ont appartenu au portique, sont frappés d’une
marque particulière, en forme de bout de flèche , et qui ne se voit pas sur celles
du temple (y). On remarque aussi sur une pierre, parmi les débris de la façade,
une inscription Grecque fort courte, ou du moins dont il reste à peine trois
à quatre mots :
1 . . . . IL 1C . . U . M O T 0 I . .A . .
Tout ce qu’on peut tirer de ce peu de vestiges, c’est qu’un particulier avoit
fait une offrande à la divinité Égyptienne appelée T/iermut/iis :
.................. t © E PM O T Q I 0 E A I . .
Ce nom est aussi celui d’un serpent consacré par-la mythologie Égyptienne.
On pourroit encore proposer de lire <I>APMOT©I, nom d’un mois Égyptien (6).
Je terminerai cette description par l’examen du nom que les Arabes donnent à
0 ) Voyez k texte de Strabon, ci-après, n.° ill.
(4) Voyez la Descr. d’Éléphantine, A . D. ch. I I I , p. 10.
(2) Herodot. Hist. lib. i l , cap. 148.
(5) Voyez planche 7 0 , fig. 11 et 12.
(3) Damascius, Vit. lsidori, apud Photium, Bibl. K
(6) Voyez la planche p6, A, vol. V, et mon Mémoire
col. 1048. Voyez Jablonski, Panth. Ægypt. part. II I ,
pag. 70.
sur les inscriptions anciennes recueillies en Egypte
A. M . tom. II,pag, 1.