
¿£6 d e s c r i p t i o n g é n é r a l e d e m e m p h i s
Memphis, et très-honoré par les indigènes; en supposant que les Egyptiens aient
divinisé un homme, un étranger, on seroit fort embarrassé de trouver dans la
topographie des environs de Memphis le site du monument.
Selon Pline, Apis avoit deux temples servant pour les augures : délabra gemma
quoe vacant thalamos.... ( i ) Enfin Pausanias mentionne le temple d’Apis et son
oracle (2).
Les anciens ne parlent pas d’un sanctuaire monolithe remarquable qu A bd
ei-Latyf a vu à Memphis, et que Maqryzy et d’autres auteurs citent également, de
manière' que son existence est incontestable. Je crois pouvoir rapporter ici la traduction
des passages de ces savans Orientaux, comme supplément aux témoignages
de l’antiquité; et même, comme le premier entre dans beaucoup de développemens
sur Memphis, et qu’il en parle pour l’avoir vue lui-même, je ne ferai pas difficulté
d’emprunter une grande partie de sa description, laissant au lecteur curieux à consulter
d’autres détails accessoires, qui ne sont peut-être pas d’un moindre intérêt (3).
D ’une part, les écrivains Grecs sont entrés dans trop peu de détails, et, de l’autre,
les dévastateurs ont détruit avec trop d’acharnement les anciens monumens de
Memphis, pour qu’on ne me pardonne pas d’y suppléer par la relation d’un homme
véridique, judicieux, et témoin oculaire; seulement je dois avertir qu’un sentiment
d’admiration exclusive éclate dans son récit, sans doute parce qu’il n’avoit pas vu
les ruines de Thèbes : c’est au lecteur à faire la part de l’exagération.
« Passons maintenant à d’autres vestiges de l’antique grandeur de l’Egypte : je
v> veux parler des ruines de l’ancienne capitale de ce pays, qui étoit située dans le
» territoire de Djizèh, un peu au-dessus de Fostât. Cette capitale étoit Memphis;
» c’étoit là que les Pharaons faisoient leur résidence, et cette ville étoit le siège
■a de l’empire des rois d’Egypte. *> ( A ’bd el-Latyf, Relation de l ’Egypte, traduction
Française, page 184.)
« Les ruines de Memphis occupent actuellement une demi-journée de chemin
m en tout sens » (Ibid.)
« Revenons maintenant à la description des ruines de Memphis, que l’on ap-
» pelle l’ancienne Misr. Malgré l’immense étendue de cette ville et la haute anti-
» quité à laquelle elle remonte, nonobstant toutes les vicissitudes des divers
» gouvememens dont elle a successivement subi le joug, quelques efforts que
» différens peuples aient faits pour l’anéantir, en en faisant disparoître jusquà
» ses plus légères traces, transportant ailleurs les pierres et les matériaux dont
» elle étoit construite, dévastant ses édifices, mutilant les figures qui en faisoient
» l’ornement; enfin, en dépit de ce que quatre mille ans et plus ont dû ajouter
» à tant de causes de destruction, ses ruines offrent encore aux yeux des specta-
» teurs une réunion de merveilles qui confond l’intelligence, et que l’homme le
( i ) Liv. v in , chap. x l v i .
( 2 ) In Achaic. lib. v u , cap. x x i i .
(3) J’espère que l’intérêt du récit fera excuser la longueur
de la citation. La Relation de l'Egypte par A’bd
el-Latyf, ainsi que les notes et savans commentaires qu y
a joints M. de Sacy, peuvent être regardés comme un
trésor, une mine précieuse de documens et de recherches
positives sur ce pays classique : en les publiant, Iillustre
orientaliste a rendu un service des plus signalés à l’étude
de l’Egypte. Ce seul ouvrage, au milieu de tant d’autres,
suffirait pour lui assurer la reconnoissance des amis des
lettres.
ET DES PYRAMIDES. CH A P . X V I I I , S E C T . II. /^y
„plus éloquent entreprendroit inutilement de décrire. Plus on la considère,
» plus on sent augmenter l’admiration qu’elle inspire. » {Ibid. page 185. )
| « Du nombre des merveilles qu’on admire, parmi les ruines de Memphis, est la
chambre ou niche que l’on nomme la chambre verte. Elle est faite d’uné seule
» pierre, dé 9 coudées de haut sur 8 de long et 7 de large. Ois a creusé dans le
| milieu de cette pierre une niche, en. donnant 2 coudées d’épaisseur, tant àises p*.
» rois latérales qu’aux parties du haut et du bas: tout le surplus-forme; la capacité
» intérieure de la chambre. Elle est entièrement couverte, par dehors comme par
» dedans, de sculptures en creux et-en relief, et d’inscriptions en anciens caractères..
Sur le dehors, on voit la figure du Soleil dans la partie du ciel où itise
„fève, et un grand nombre de figures d’astres, de sphères, d’hommes et d’ani-
» maux. Les hommes y sont représentés dans des attitudes et des postures variées t
„les uns sont en, place, les autres marchent; ceux-ci étendent les. pieds,.ceux-là
»les ont en repos; les uns ont. leurs-habits retroussés ; pour travailler, d’autres
»portent des matériaux; on en voit d’autres enfin qui donnent des ordres par
»rapport à leur emploi. On voit clairement que ces tableaux ont eu pour objet
» de mettre sotis les yeux le récit de choses importantes, d’actions remarquables;
» decirconstanoesiextraordinaires, et de représenter sous des emblèmes des secrets
» trèstprofonds. On demeure convaincu que tout cela n’a pas été fait pour un
»simple divertissement, et qu’on n’a pas employé, tous les efforts de l’art à de
»pareils ouvrages, dans la seule vue. de les embellir et de les décorer.-Cette
».niche etoit solidement établie sur des bases de grandes et massives pierres de
»granit. Mais des hommes insensés et: stupides, dans le fol espoir de trouver
»des trésors cachés, ont creusé le terrain sous ces bases; ce qui.a dérangé la
».position de cette niche, détruit son assiette, et changé le centre de gravité des
» différentes parties, qui, étant venues à peser les unes sur les autres, ont occasionné
plusieurs légères fêlures dans le bloc. Cette niche étoit placée dans un
|magnifique temple, construit de grandes et énormes pierres assemblées avec la
»iplus grande justesse et l’art le plus parfait. On voit au même lieu des piédes-
> taux établis sur des bases énormes. Les pierres provenues de la démolition des
Ȏdifices remplissent toute la surface de ces ruines : on trouve.en quelques en-
'droits des pans de muraille encore debout, construits-de ces grosses pierres
-dont Ie viens de parler;; ailleurs, il ne reste que les fondemeris, ou bien des
’ monceaux de décombres. J y ai vu lare d’une porte très-haute, dont les deux
’ murs latéraux ne sont formés chacun que d’une pierre; et la voûte supérieure;
’ qui étoit d’une.seule pierre, étoit tombée au-devant de la porte.
»Malgré toute l’exactitude et la justesse avec lesquelles on avoit disposé et
assis les; ¡pierres de ces édifices; on avoit encore pratiqué entre les pierres des
trous d’un empan de dimension sur deux doigts.de hauteur, dans lesquels on
aperçoit la rouille du cuivre et le vert-de-gris. Je reconnus qu’en cela on avoit
eu .en vue de ménager des attaches à ce s pierres, et de fis lier ainsi plus fortement
les unes avec les autres, en plaçant du cuivre entre les deux pierres
condguës, et versant du plomb par-dessus. Des gens vils et des malheureux ont