» passez ; et mesmement l’opinion des Osiriens, q u i, bien que l’on die que
» îe corps d’Osiris soit en plusieurs lieux, renomment toutefois Abydus et
» Memphis, où ils disent que le vray?corps est, tellement que les plus puissans
» hommes et plus riches de l’Ægypte ordonnent coustumierement que leurs
» corps soient inhumez en la ville d’Abydos, afin quils gisent en mesme sepul-
» ture que Osiris (i). »
Ammien Marcellin rapporte qu’à Abydus il y avoit un oracle célèbre sous le nom
du dieu Besa, objet d’un culte très-ancien et de la vénération de tout le pays
environnant. On voit par son récit que cet oracle étoit encore consulte du temps
de l’historien, c’est-à-dire, sous Constance (2).
Un passage de Porphyre ne permet pas de douter que l’on ne célébrât à Abydus
les mystères les plus importans de la religion Egyptienne; c’est celui de sa lettre
à Anebon, qui commence ainsi : « Ébranler les çieux, mettre au grand jour les
» mystères d’Isis, dévoiler ce qu’il y a de plus secret à Abydus, arrêter la marche
» du vaisseau Boris, Sic. (3). »
Au mot Abydus, Étienne de Byzance rapporte que cette ville est une colonie
qui tire son nom d’un certain Abydus (4 ).
Dans son commentaire sur le poëme de Denys le Périégète, Eustathe fait aussi
mention de cette ville, à'propos du y 16.' vers,où le poëte géographe parle d’Abydos
de l’Hellespont : « I l y avoit en Égypte, dit Eustathe, une ville d’Abydus,
» touchant à la Libye, ayant un palais de Memnon, et occupant le second rang
» après Thèbes hécatompyle. L ’Italie avoit aussi une ville d’Abydus (y). » Élien
compte les habitans de cette ville au nombre de ceux qui avoient en horreur le
son de la trompette (6). Enfin, dans S. Épiphane, la ville d’Abydus est également
citée sous le nom d’Abydis, quand il parle des mystères qui se célébroiënt dans
cette ville, et dans celles de Bubaste, de Sais et de Péluse (7).
( 1 ) V e r s io n d ’A m y o t , pag. y i j . - I s id is arcana pa tefacia t, vel quod A b y d i occultimi latet
( z ) Oppidum est A bydum in T hebaid is parte situm dictuque nefas est in lucem proférât, vel Æ g yptia ctz navis
extrema; hic Besce dei localiter appellati oraculum quon- cursinn in hi beat, vel in Typhonis gratiam Osir idis membra
dam fu tu r a p a n deb at, p r is c is circumjacentium regionum d isjic ia t, quidnam, obsecro, vel s ibi summum a d stuporem
cæremoniis coli solilum . E t quoniam quidam pressentes, atque vecordiam, ista quai neque nov it, neque efficerepotesi
pa rs p e r a lios desideriorum indice missâ scripturâ, su p- comminando, vel numinibus quoe f ic t it iu s iste e t inanis
plica tionibu s expresse conceptis consulta numinum s cita- terror leviculorum pusionum more p erselle t , summam ad
b anlu r , chartulce seu membranes, continentes quoe pete- humilitatemreliqui f e c i t f H oe c certe Choeremon sacer scriba,
ban tu r , p o s t data quoque responsa interdum remanebant tanquam Æ'gyptiorum pridem omnium oreja c ta ta , commein
fu n o . E x bis aliqua a d imperatorem maligne su n î tnissa. morat. ( J am b llch . D e M y s te r iis , E p is to la P o rp hyrii ad
( Amra. M a r c e li. Rer. gest. lib . X IX , sub finem.) A n e b o n em Æ g y p t iu m ,e x ed it. T h . C a l e , O x o n il, jfy S .)
L e d ieu B esa é to it ausÉi l’o b je t d ’un cu lte c h e z les h a - (4) Voye^ c i-d es sou s , S- V .
b itan sd e s environs d ’A n t in o é . Voye^ la D e s c r ip tio n d ’A n - (5) Eîratf J ï ht^tTztj m n xaj AvCmi ACu/bç AiyjTÜitt,
t in o é , e t plus b a s , pag. ¡0 , tyovm M t/troniov fba.mh.lct, dïvnpivovint /u&m taç 'vuvnp.nu-
(3) Tô jS hiytn ■ o-n i8r içy.rw •opooetçgLfyt, £ id xpvîiia hovç OtiCuç' >taf 'imhiKn içupam\ ACvJbç, ( E u stath. ad
•nç "imJbç ¿K<pan7 , iÿ l td,îV ‘ACvJù ¿mppvnov J lify i, xaf D io n y s . P e r ie g . vers. 5 16 .) L ’ épithète d e L ib y q u e, que le
7ijr (bóstv m in i, yjd id /¿¿au ito 'O oittJbç. AiaoKiStccni sa v an t com men ta teur d’H om é re d on n e à A b y d u s , est
Xiifà ni, rira, ovk vmpCohKt éftxhn^iaç M t t S amihoum , d d ig n e d’etre remarquée.
/juin t î d l , /juin Stiramt, tutmhilmi ; HtmiYÔ-nnvç d i n iç (6) le thm ty ç m^ok fiJihiiHov-np Boijoxêtmj, £ A G u fa i
Jitfbmmv $7U xtvov tpoCor ko) irhàopxtvt, ùç hù/mSm xcuJïç A iyuxlia, xaf Auiuovmh/ç. (Æ i i a n . D e n a t.a n im . lib . X ,
ouôtrni ; 1{gim Xcupupuav ó ¡içyyça/uf/.a'ftvç dyct^faipn Hr-vra., ù ç cap. XX VIII . )
xm) -,mp Aiyuitiioiç Spufhovpmva.. (7) 'Er ‘'a CvJ), au lieu d e iv 'A €vJbo.(Advers. Haires. 1. III,
JVam q u i denunciai u t i ìlei ccelum ipsum q u a t ia l, vel pag. 10 9 3 , D e expositionefidei. )
Les Romains entretenoient des troupes dans cette ville. On lit dans la Notice de
l’Empire, que la 8.' aile de cavalerie résidoit à Abydus-Abocedo ( i ).
Telles sont, avec les passages que j’ai cités; plus haut d’Athénée, de Ptolémée, de
l’Itinéraire d’Antonin, les notions que j’ai pu recueillir dans les auteurs au sujet de
cette ancienne ville. On voit que ces auteurs nous ont transmis peu de faits pour
éclaircir sort histoire : c’est, au reste, ce qu’ils ont fait pour la plus grande partie
des villes d’Egypte; et l’on est obligé^d’observer les monumens eux-mêmes, si l’on
veut en apprendre davantage. C’est dans ce pays sur-tout que l’étude des monumens
est indispensable pour le conrioître à fond : car les historiens de l’antiquité
n’ont souvent parlé des villes que pour les nommer ; encore leur en est-il échappé
plusieurs dont nous avons vu des restes considérables.
Quant aux voyageurs modernes, nous nous sommes interdit, dans la rédaction
de cette description de l’Egypte, de combattre leurs relations, souvent si incomplètes
et inexactes. Le P. Sicard et Granger paroissent seuls avoir assez bien vu
Abydus (2).
Je terminerai ces remarques géographiques et historiques en proposant une
opinion sur la véritable application qu’on doit faire, selon moi, du nom de Dios-
polis parva. Ce nom ne veut dire autre chose que 2 hèbes la petite, ou la seconde
Tlèbes, puisque le nom Grec donné à Thèbes est en effet Diospolis magna. Or,
suivant les auteurs, la seconde Thèbes étoit Abydus.
Comment les Grecs auroient-ils méconnu l’importance d’Abydus, l’étendue de
la ville et les monumens dont elle étoit décorée ! Comment une telle ville n’auroit-
elle pas été le chef-lieu d’un nome, et pourquoi auroit-on placé préférablement ce
chef-lieu à un petit endroit appelé aujourd’hui Hoû, dans lequel on ne tro'lve que
quelques fi-agmens isolés ! N’est-il pas plus probable que ce point, qui avoit l’avantage
d’être un port sur le Nil, prit quelque importance, lorsqu’Abydus, envahie
dans la suite par les sables, fut abandonnée!
Cette position riveraine put tromper Ptolémée lui-même, qui distinguoit
Abydus reculée dans les terres, de la métropole du nome et de Ptolejndis. Girgeh
a succédé à son tour au titre de chef-lieu; ce ne seroit pas un motif pour supposer
que l’ancienne capitale de la province étoit originairement dans cet endroit de la
rive du Nil. La petite ville ancienne placée à Hoû a donc pu être le siège du nome
Diospolites, après qu’Abydus eut été abandonnée : mais, dans le principe et sous
l’ancien gouvernement de l’Égypte, il n’est pas vraisemblable qu’une ville aussi importante
qu’Abydus, illustrée par un palais de Memnon, par le tombeau'd’Osiris,
renfermant des ouvpges de la même main que ceux de Thèbes, digne enfin de
(0 A b o c c io , nom qu’on n’a point expliqué, mais qui nommé B irb é tout près de Girgeh, et que les Égyptiens
me paroît venir simplement d’une faute de copiste, et donnent ce nom à tous ceux où il existe ou a existé un
qu’on a écrit pour Abonda. (JVotitia tariusque Impeni, temple. Granger ne parle pas du village du midi, Hapag.
214.) ^ roba, tandis quhm contraire le P. Sicard parle de Ha-
(2) Je me bornerai à dire que Granger lui donne le raba sans nommer le village du nord. Ils n’ont connu,
nom de B irb é , nom générique signifiant ttmple, tandis chacun, que l’un des deux endroits. C ’est à la ville en-
que le nom du village du nord est el-Kherbeh, qu’il a tière que Granger attribue le nom de Madfouneh, qui
ignoré, ^u confondu avec Birbé. Cette confusion suffi- signifieenxeve/r. Savarjadécrit un édifice très-diiférent dit
roit pour induire en erreur un voyageur cherchant les palais d’Abydus, et placé d’ailleurs à une lieue seulement
ruines d’Abydus, parce qu’il y a précisément un lieu de Girgeh, &c.