
geur avoit près de seize mètres (i) : ainsi ces rues étoient propres à de grandes
courses de chars.
On a deja dit, quelque part, que la longueur de la rue longitudinale étoit
de i 30 8“, y ; et celle de la rue transversale, de 954 mètres : or l’entre-colon-
nement est de 3°“,04 près du portique (2), et de 3”,4 près des colonnés triomphales
(3). Le terme moyen, pris dans toute la ville, est 3”,22. Le nombre
des colonnes etoit ainsi, abstraction faite des carrefours, de sept-çê'nt soixante-
douze dans la rue longitudinale, et de cinq cent soixante - douze ' dans la rue
transversale. Je ne compte pas ici celles qui existoient entre l’ènceinte et le
portique du theatre dans la première de ces rues ; et dans la seconde, entre
I enceinte et la porte de lest, si la colonnade se prolongeoit au-delà de cette
porte. Je ne parle pas non plus des colonnes qui étoient entre l’arc de triomphe
et le Nil.
Dans beaucoup de points, il n y a qu une légère couche de sable sur le sol des
deux grandes rues : auprès du portique, j’ai trouvé à nu le sol de la chaussée ;.èl!e est
formée en belles pierres de taille', disposées selon le système des voies Romaines.
Les colonnes de la rue longitudinale ont encore à leur pied les torses des
statues dont elles paraissent avoir été surmontées ; tous ces torses sont horriblement
mutilés, et leurs restes, presque informes, recouvrent par-tout le sol, d’un
bout à 1 autre de la rue, sur-tout entre le portique et les colonnes, d’Alexandre-
Sévère. En comparant ces débris, cm reconnoît cependant une forme commune:
tous ont le mouvement de la statue d Antinoiis, dont je parlerai tout-à-l’heure.
II est permis de conjecturer que la figure d’Antinoüs recouvrait les colonnes des
deux grandes rues ; idée bien caractéristique de l’affection d’Adrien pour son favori.
Il paraît aussi que ces colonnades formoient, d’un bout à l’autre, une galerie
couverte pour abriter du soleil. En e ffet, en arrière des colonnes, à environ
deux métrés, on remarque des vestiges de murailles qui sont probablement les
restes des façades des bâtimens qui bordoient la rue.
Cest auprès du quadrivium de l’arc de triomphe que nous avons trouvé une
figure d AntinoUs de grandeur naturelle, en marbre blanc et d’un excellent travail,
dont il manque malheureusement la tête , les jambes et les bras : je les ai vainement
cherchés. A mon quatrième voyage à Antinoé, j’ai transporté ce morceau
de sculpture jusqu au Kaire ; mais les événemens militaires m’ont forcé de le laisser
sur le port, et il a disparu depuis. Les forrrîés pures et juvéniles respirent pourtant
une certaine vigueur : autant qu’on peut en juger, l’attitude étoit d’une
mollesse pleine de grâce. La figure est nue, et ne porte qu’une simple banderole
attachée sur son épaule droite, et passant au côté gauche (4).
^ Le style Dorique Grec n’est pas absolument pur dans les colonnes des rues
d Antinoé ; elles sont plus courtes et moins diminuées dans le diamètre supérieur
que les colonnes appeléespoestum (y) : le chapiteau diffère aussi des chapiteaux
(1) Plus de quarante-neuf piedi.
(?) Voyez pl. 2;.
(4) Voyez pl. ¡ ÿ . f ig . j t l f .
(y) Voyez pl. ffa fig .z , au point i , et pl. ôijfig. 26
connus; mais, il se rapproche de celui du temple de Thoricion (t). Près le portique
du théâtre, le diamètre supérieur de la colonne a om,6i ; l’inférieur, ¡ ¡ ¡ I :
la largeur du tailloir du chapiteau est de o”,83. Auprès des colonnes’triomphales,,
le diamètre inférieur des colonnes est plus grand d’un décimètre, c’est-
à-dire, qu’il est de om,8; mais cette différence est insensible quand on n applique
pas la mesure, Il est facile de conclure la hauteur qu’avoient les colonnes (2)
Il paraît .'qu’au point où sont placées les colonnes d’Aiexandre-Sévère, il y avoit
une autre rue transversale, dont on découvre encore de foibles vestigesk l'encombrement
est tel, qu’on n’aperçoit point de traces de colonnades, si toutefois il en a
existe dans cette rue ; on ne voit pas non plus de restes des constructions qui la
bordoient (3). C ’est la rue transversale de l’arc de triomphe qui sert encore aujourd’hui
de communication entre le . Nil et la montagne ou les vallons qui y débouchent;
ce qui a contribué sans doute à maintenir son sol libre et dégagé : mais celle dont
je parle ne sert point de chemin, et les fouilles l’ont comblée entièrement.
J ai deja dit quelque chose du vallon sablonneux qui traverse la ville entre le
portique et l’arc de triomphe; comme c’est encore aujourd’hui une sorte de rue
transversale bordée de maisons, j’en dois faire ici une description succincte. Depuis
le Nil, où est son origine, jusqu’à l’enceinte de l’est, la largeur de cette grande
voie sablonneuse va toujours en croissant; au milieu elle fait un coude. A u fleuve,
elle a environ trente-quatre mètres de large ; au coude, soixante-un.; et à l’ouverture
, vers le desert, cent vingt-six : son développement total est de sept cent
quarante-un mètres de longueur, sans compter la distance du Nil à la limite des
décombres vers l’ouest.
On a mal-à-propos donné le nom de canal à ce vallon, d’autant mieux nommé
ainsi que les habitans l’appellent Vallon du buffle [ Ouâdy Gâmous], et que même il
est cultivé sur quelques points. Son lit est supérieur au Nil, quoiqu’un peu plus
bas, autant qu’il m’a semblé, que le sol de la rue principale. Aujourd’hui même,
le fleuve ne doit y pénétrer que dans les débordemens extraordinaires, s’il est
vrai que les eaux y atteignent. On peut dire que ce vallon est en quelque sorte
1 inverse d une dérivation du Nil, puisque c’est par là que s’écoulent les eaux pluviales:
en effet, des fellâh m’ont assuré avoir vu les eaux descendre de la montagne
par ce chemin ^ Le rocher Arabique est assez élevé dans cet endroit • il
est sillonné de ravins; qui réunissent les petites pluies d’hiver et les transportent
dans la plaine sablonneuse qui est à l’est d’Antinoé. Arrivées à la vaste embouchure
de ce vallon très-encaissé, les eaux s’y rassemblent nécessairement et se précipitent
dans le fleuve ; la rapidité de leur course est d’autant plus grande, que la
montagne est à pic.
L ’enceinte massive construite par les Romains avoit sans doute autant pour
but de défendre la ville contre les torrëns que de la garantir des Arabes pasteurs.
La tradition du pays est aussi que la digue étoit destinée à préserver la ville
(1) Voyez le Parallèle des édifices anciens et modernes, par Durand, pl. 63.
m II y a des fûts tronqués qui n’ont plus que 3!",6; d’autres, 4 mètres, ôte.
(3) yoyez le plan général, pl. yj.
(4) Voyez la pl. y j et la pl. y^.
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