S DESCRIPTION DES ANTIQUITÉS D ’ALEXANDRIE
L ’histoire de ce gouvernement, mélange bizarre de démocratie, d’esclavage
et de despotisme, ne parle que du Kaire et de la partie de l’Égypte voisine
de cette capitale, théâtre des révolutions de chaque, jour. On sait seulement
qu’Alexandrie conserva quelque importance comme ville de commerce ( i ), mais
non plus comme siège des études. Elle dépérit tous les jours davantage.
A mesure que l’Egypte et son ancienne métropole s’enfonçoient, pour ainsi dire,
de plus en plus dans la barbarie, l’Europe en sortoit rapidement; les lettres y re-
naissoient, et, sans parler d’une foule de découvertes importantes qui préparaient
l ’état où nous sommes aujourd’hui parvenus, je rappellerai seulement celle de la
boussole (2), qui influa plus directement sur la destinée d’Alexandrie.
1 0 . ' P É R I O D E , D E 2 9 0 A N S ,
D E P U I S L E S U L T A N S E L Y M J U S Q U ’ À N O S J O U R S .
Enfin ce gouvernement sauvage des Mamlouks fut renversé, en 15 17 , par
une puissance non moins barbare, qui, du fond des déserts de la haute Asie,
vint envahir d abord la plus belle province qui restoit aux empereurs de Constantinople
(3); puis cette capitale elle-même, et enfin l’Égypte. Cette nation
succéda en même temps à ce long et foible empire d’Orient et à celui que les
Arabes en avoient autrefois séparé. Ainsi la moitié de l’empire Romain appartint
et elle appartient encore presque tout entière aux Turcs. Mais, grâce au pouvoir
de la civilisation et du courage animé par l’honneur, les nations Européennes
arrêtèrent ce torrent et conservèrent l’autre moitié de cet empire , qu’elles
s étoient autrefois partagée.
Sous 1 administration Ottomane, destructrice de toute prospérité, la ruine
d Alexandrie fit des progrès plus rapides : bientôt il n’exista plus aucune portion
de cette ville dans l’enceinte resserrée que les Arabes lui avoient donnée ; et les
beys Mamlouks qui exercèrent le pouvoir, alternativement subordonnés et rebelles
au grand seigneur, achevèrent de la réduire à l’état déplorable dans lequel nous
l’avons trouvée.
La découverte du cap de Bonne-Espérance, qui eut lieu vers le commencement
de cette époque, concourut puissamment à cette ruine. Elle attira toutes
les nations civilisées de l’Europe occidentale dans l’Inde, en détournant leur
commerce de la voie d Alexandrie. Celui de l’Égypte se trouva réduit aux
produits de l’Arabie et à quelques-uns de ceux que pouvoient lui expédier les
villes du nord et de l’est de la Méditerranée. Il ne falloit pas moins que cette
grande découverte , qui changeoit la face du monde connu et ses relations,
qu’Alexandre avoit si profondément conçues et combinées, pour entraîner la
chute complète de I établissement que ce prince avoit formé ; tant cet habile
fondateur avoit bien choisi l’emplacement de sa cité favorite!
(1) Par le moyen des Vénitiens. L’un même de ces (3) L’Asie mineure, envahie par les Turcs à la fin du
sultans Mamlouks fit une expédition navale contre les X I I I . ' siècle; ils pénétrèrent en Europe au milieu duXIV.'
Portugais sur la mer Rouge en 1504 , ponr lâcher de Mahomet II prend Constantinople et met fin à l’empire
ramener le commerce en Egypte et à Alexandrie. d’Uricnr au milieu du XV.*
(2) En 1302.
R É S U M É .
ET DE SES ENVIRONS. C Î J A P . X X V / . n
R É S U M É .
En leportant ses îegards sur le tableau que nous.venons de présenter, on
M Ê Ë Ë jP M f T ' 6 d'Alexandrie’ dePuis sa fondation, au moment où
les villes de la vtetlle Egypte étoient déjà en décadence ou en ruine , trois
périodes brillantes, sous les Macédoniens ou Grecs, sous l’empire de Rome et
sous les empereurs Romains devenus Grecs et Chrétiens; ensuite cinq périodes
d abaissement commençant par une chute brusque, sous les nations musulmanescalifes
Arabes successeurs de Mahomet, califes d’Égypte ou Fatimites, soudans
ou Ayoubites, Mamlouks Baharites et Circassiens, et enfin sous les empereurs
Turcs de Constantinople, servis par les beys et leurs nouveaux Mamlouks
Linvasion feroce, la religion intolérante et le gouvernement stupide des Malometans
et sur-tout des trois dernières puissances, ont apporté dans cette
ville les changemens les plus considérables, dont ses ruines nous présenteront
des traces profondes.
Ces hqit époques, renfermant vingt-un siècles et demi, offi-ent encore ce
résultat général : quelles ont été accompagnées d’une décroissance continue et
plus ou moins lente dans la prospérité d’Alexandrie, sous le rapport du commerce,,
des arts et des lettres, depuis la première période, ou plutôt depuis les
premiers Pto emees, jusquà l’expédition fameuse qui, de nos jours, fut destinée
a rendre a 1 Egypte, et principalement à cette ville, tous ces titres de leur
ancienne gloire.
DIVI SION DE CE MÉMOIRE
^ L e but de la description des antiquités d’Alexandrie et de ses environs étant
e bien faire connoitre ses monumens, et ce que fut cette ville dans les temps
dç sa prospérité, nous avons divisé notre travail en trois parties principales et
distinctes; savoir : i Description des lieux; 2,” Considérations générales et historiques,
qU<; f ; nous achèverons de donner une idée de la splendeur et de la
puissance d Alexandrie, et nous tâcherons de découvrir sur le terrain le théâtre
de plusieurs grands evénemens; 3.” Recherches et Éclaircisscmens, dans lesquels nous
rejetterons en suivant l’ordre des deux premières parties, les discussions et notes
qui en embarrasseraient la marche. Cette troisième partie forme un appendice
place a la suite du A4émoire.