
Le passage d’Hérodote nous apprend que les hommes qui furent chargés de tirer
le limon du lac pour former la pyramide d’Asychis, enlevoient la terre avec
l’extrémité de leurs avirons ; on en pourroit conclure qu’au moment où ce travail
se faisoit, la profondeur des eaux du lac étoit médiocre. Il est probable que cette
extraction du limon du Nil a été faite au bord du lac proprement dit, qui, du
côté du sud, n’est point encaissé, et dont le lit est formé en pente douce.
Nous sommes d’autant plus portés à croire que la pyramide d’el-Lâhoun est
celle du roi Asychis, que, s’il eût existé quelque part une troisième pyramide de
cette espèce, elle subsisteroit encore aujourd’hui. En effet, plusieurs de cès mo-
numens gigantesques sont plus ou moins ruinés par le sommet, par les angles ou
par les faces ; mais aucun n’est entièrement détruit. C'est un fait qu’il est atisé de
vérifier, en consultant les vues et les dessins des pyramides qui sont assises sur le
plateau de la chaîne Libyque, depuis Gyzeh jusqu’au Fayoum. La démolition
totale d’une pyramide, même de second ou troisième ordre, est elle-même
un ouvrage considérable, qui supposeroit beaucoup de temps, de moyens et
d'efforts (i).
(i) MM. Le Père et Coutelle commencèrent à faire rite, ils furent forcés d’interrompre « ’travail, qui n’auroit
démolir la quatrième pyramide de Gyzeh: quoique de fort .pas été tcès-dffp’çile, si le temps ne leur eut manqué,
petite dimension, elle coûta beaucoup de peine pour être Voyez íes Observations sur les pyramides de Gyçeh, par
renversée au huitième seulement de son volume. A la va- M. Coutelle.
d e s c r i p t i o n
DE L ’OBÉLISQUE DE BEGYG,
Auprès de l ancienne Crocodilopolis ;
P a r M. C A R I S T I E ,
In g é n i e u r a u C o r p s r o y a l d e s p o n t s e t c h a u s s é e s , m e m b r e d e l a C o m m i s s i o n d e s
S C IEN C E S E T A R T S D E g ï P T E , C H E V A L IE R D E L ’O R D R E R O Y A L D E L A L É G IO N D H O N N E U R .
A u p r è s du village-de Begyg, à un quart de lieue au sud de Medynet-ël-Fayoum
et des ruines de . 1 ancienne Crocodilopolis, on voit, au milieu des champs, un
fort bel obélisque en granit rouge, qui a été renversé à terre, et qui en tombant
sest brise en deux morceaux. Ce t obélisque est aussi remarquable par la forme
pblongue de son plan, que par son singulier couronnement; il a deux grandes
faces et deux petites, et le plan est un parallélogramme rectangle, dont l’un des
côtes'est double de 1 autre : il est aujourd’hui couché sur une des grandes faces.
Les deux blocs de granit qui le composent, sont encore gisans l ’un'au bout
de 1 autre, dans la même position que celle où ils étoient quand le monument
a ete ,renversé. Le plus gros de ces blocs a 6 “ 8o-( i ) de longueur, mesuré de la
base a un point de la rupture; la longueur du second, depuis ce même point
(usqu-au-sommet, est de y ” ,90 (à) : sa hauteur totale étoit ainsi de , 2™,7 o M
en supposant qu’il né manque rien au fût. La largeur des grandes faces de cet
obélisque, mesurée à la base, est de 2 - 1 0 (4) ; elle se réduità 1 - 4 4 (5) dans la
partie supérieure.
Les grandes faces (si l’on en juge par la seule qui soit visible) sont décorées de
cinq'tableaux qui en occupent toute la largeur : ces tableaux sont placés les uns
sous les autres, et séparés par une réglette (6). Chaque tableau renferme six
figures sculptées en;creux, debout, et représentant des prêtres coiffés de leurs
onnets ; au-dessous de ces tableaux, on compte douze colonnes d’écriture hiéroglyphique,
séparées entre elles par de petites rainures ou réglettes qui tendent
au sommet : cinq sont dans une direction parallèle à l’un des petits côtés de J’obé-
fisque, et cinq suivent la direction du côté opposé ; celle du milieu, seule, est
verticale. Le tout est encadré par une autre rainure semblable à celles qui existent
entre les hiéroglyphes.
(1) Vingt pieds onze pouces et demi.
(2) Dix-huit pieds deux pouces.
(î) Trente-neuf pieds deux pouces.
(4) Six pieds cinq pouces et demi,
(j) Quatre pieds cinq pouces.
(6) Voyez planche7 1 , A . vol. I V