1 ’77' matîere estv un ^eau granit Orientai ; la face visible est d’un superbe
poli. La butte de ruines est peu élevée : il paroît qu’on l’a aplanie pour la culture;
ce qui a réduit l’étendue des vestiges, qui ont encore cependant quatre à
cinq cents mètres : elle est recouverte de briques cuites et de débris de poteries.
De même que l’église Chrétienne avoit succédé à un temple païen, une petite
mosquée a remplace 1 eglise Chrétienne. Les murs du tombeau musulman sont
peints grossièrement a la manière Turque : au dôme étoient suspendus, quand
j y passai, des lambeaux d’enseignes Mahométanes?&'
Za'barâ ( i ), ruines d’un village presque en face du lieu précédent, où il y a
quelques murs détruits, et des briques cuites répandues sur le sol : j’ignore son
ancienneté.
S. V I I .
M e y l â o u y ; H e rm o p o lita n a P h y lA C E (aujourd’hui D â r o u t - A c h m o u n ) ,
e t E n v i r o n s .
J ’a i exposé, dans la Description d’Hermopolis, les raisons qui me portent à
croire que le poste Hermopolitain a "pif exister à Dârout-Achmoun plutôt qu’à
Meylâouy, où 1 a placé d’Anville. Bien que je regarde ces motifs comme concluans,
je n’en pense pas moins que Meylâouy est le reste d’une ancienne position ; les
antiquités qu’on y trouve en sont une preuve certaine. Meylâouy el-A’rych a
succédé à une ancienne ville Grecque ou Romaine ; les Chrétiens lui donnent
le nom de Beled-Roumân. La moitié occidentale de la ville est bâtie sur des ruines,
ou Ion trouve des colonnes, des pierres taillées, des morceaux de marbre, de
granit, &c. dès qu’on vient à y faire des fouilles. Il en est de même d’une partie
de la plaine vers l’ouest. Malgré l’abandon du Nil et a diminution du commerce
, transporte en grande partie au port de Minyeh, cette ville peut encore
passer pour populeuse et florissante; elle a deux mille cinq cents mètres de tour,
sans compter d’énormes buttes de décombres qui ont dix à douze mètres de hauteur
: on y voit cinq grandes mosquées. Il y a parmi les familles Musulmanes, et
parmi les Chrétiens, qui font le tiers de la population, également de l’industrie
et de l’activité ; les marchés sont plus approvisionnés et les rués plus larges-qu’à
Minyeh.
Le Nil baignoit autrefois les murailles de la ville ; et cet état de choses ne remonte
même pas très-haut. D ’après ce qu’on en rapporte, le fleuve, en 1720,
couloit au pied des murs à la mosquée neuve, qui étoit une église, il y a cent
quarante ans ; de là il se dirigeoit vers Deyr el-Nakhleh. Aujourd’hui il en est à
quinze cents mètres, et il se porte directement sur Antinoé; tellement que, dans
cette portion de son cours, le lit actuel est, partie à l’est, et partie à l’ouest de
l’ancien. Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’aujourd’hui le Nil paroît se rapprocher
de Meylâouy; il revient de plus en plus vers l’est, comme on le voit aux
H l)Y-j
terres de Reyremoun et d’el-Bayâdyeh, qui sÜ t rongées considérablement Je
n’ajouterai rien de plus sur ce point curieux de l’histoire’ du "tours du Nil, parce
qu il appartient essentiellement à la géographie comparée ; mon but étoit seulement
de faire voir que la ville qui a jadis été à Meylâouy, a pu avoir beaucoup
plus'd importance, étant baignée par les eaux du fleuve. Je neparleraipas davantage
du commerce qui se faisoit entre cette ville et la Mecque, avant que Minyèh lui
eût succédé comme capitaiê^de la province, ainsi que Meylâouy avoit lui-même
succédé à tHermopdis quelques^ antiquités que j’ai observées dans cette ville
doivent seitès trouver place dans la description.
A 1 ouest de la ville, auprès d’un santon et d’un puits, il existe une grande
excavation où l’on trouve beaucoup de débris : je ne crois pas qu’il faille les
rapporter a des ouvrages de l’Égypte ancienne; mais ils paroissent avoir appartenu
aux églises des Chrétiens. Le nombre de leurs édifices, comme celui de
leurs^ familles, va toujours en diminuant. Auprès de la maison Hasan Kâchef
Serkas, est cette mosquée nouvelle dont j’ai parlé, et qui jadis a servi d’église; il
y avoit quatorze ans, quand j’y passai, que le prêtre avoit embrassé le mahométisme
et converti son église en mosquée.
On me rapporta que, dans la rue appelée Glmrb el-Beled„c’est-à-dire, à l’ouest,
il existoit un sarcophage Égyptien enfoui. On l’avoit enfoncé en terre pour débarrasser
la rue, qu’il gênoit beaucoup. Malgré les obstacles que les cheykhs m’op-
posoient, et quoique je fusse seul Français dans la ville, je résolus de faire fouiller
alentour, pour pouvoir le mesurer et le dessiner, et préparer les moyens de
I enlever plus tard. Il s assembla une foule immense autour de moi et de mes travailleurs
: J e bruit s étoit répandu que je venois tirer de cette pierre des trésors
caches. L epithete de sorcier m’étoit prodiguée par la populace. Au milieu des murmures
de la multitude, les ouvriers achevèrent aisément leur tâche. L ’encombrement
netoit que d’un pied; je fis coucher le monument sur la face postérieure,
et dans cette position je l’observai à mon aise : quand le peuple me vit descendu
dans le trou, tournant tout autour avec un instrument à mesurer, il ne douta plus
du sortilège.
La pierre a servi d abreuvoir, comme on le reconnoît à deux trous dont elle est
percée; aussi les habitans l’appellent-ils hod{ 1). C’est une niche monolithe, en
basalte noir, parfaitement polie sur toutes les faces; elle est surmontée par une
petite pyramide très-obtuse, et ressemble à tous les autres monolithes connus,
mais de plus petite dimension.
La hauteur des faces verticales est de i ra,38 ; la largeur, de om,8o; l’épaisseur,
de om,9<S5. En dedans est une niche, haute de ora,9 5 , profonde de om,6o2 et larve”
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e 0 7 5 W- Le magnifique poli Egyptien se remarque sur le toit pyramidal,
aussi-bien que sur les faces. En général, tout le travail est très-soigné, et les arêtes
sont purement taillées. Des hiéroglyphes étoient sculptés sur le devant, en
deux colonnes verticales; on ne voit plus distinctement que seize de ces signes
hiéroglyphiques.
Ùl (2) Voyez pl. 67, fg . 2 , j a 4.