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contre les pluies soudaines. A l’entrée du torrent, les Romains ont bâti une digue
en pierre numismale avec une porte au milieu ; on en voit encore aujourd’hui
le reste ( i) . Peut-être le lecteur sera-t-il surpris de me voir parler de pluie
et de torrent en Egypte; mais cette surprise ne'-seroit point fondée. ¿Contre
1 opinion commune, il y a presque tous les ans, sur la rive droite du.Nil, des chutes
d eau assez considérables, qui arrivent subitement et causent de grands'dommages.
Les habitans les connoissent bien, et ils font ce qu’ils peuvent pour s’en garantir
Jai été témoin, dans 1 hiver de 1801, de plusieurs orages de cette'espèce, et des
dégâts quils ont amenés (,2). En outre, j’ai vu, dans maint endroit, des ravines
étroites et très-rapprochees, creuses d’un à deux mètres, et dont la profondeur
atteste la rapidité de ces courans passagers. 11 faut savoir qu’entre le fleuve et la
mer Rouge il y a des pitons élevés, qui rassemblent les nuages, et d’où les pluies
s ecoulent vers la vallee du Nil, par-tout ou les vallons leur ouvrent une issue
Les bords du torrent à Antinoé sont garnis de constructions en briques plus ou
moins ruinées. Il paroît par ce fait, autant que par la digue Romaine bâtie à son
ouverture, qu’il date de la fondation de cette ville, ou plutôt que les fondateurs,
en la construisant, ont eu égard à cette circonstance locale. Cette direction des
eaux pluviales est déterminée par la pente générale du terrain, et rien ne peut la
changer. seulement les Romains auroient pu élever la digue et l’enceinte à une
assez grande hauteur, pour dériver les eaux par le midi de la ville, je finirai cet
article en observant que la largeur de ce vallon sembleroit pouvoir donner la
mesure de la surface deau qui en a recouvert ou en recouvre encore quelquefois
le lit. Si cette idée est fondée, on peut juger de la quantité d’eau qui s’y écoule
quelquefois, la largeur moyenne étant de quatre-vingts mètres.
. §. IX.
Des Thermes. 1
Je donne ici le nom de thermes à un grand bâtiment, aujourd’hui ruiné, mais
dont les restes suffisent pour faire voir qu’il a servi de bain public. Le théâtre et
l’hippodrome exceptés , c’est le plus grand édifice de la ville. Il n’est pas assez
conservé pour qu on ait pu en donner une élévation géométrale; le plan présente
une multitude d’arrachemens et de constructions presque rasées au sol : au premier
coup-d oeil, ce n est qu un chaos de piliers, de murailles, de colonnes, qui semblent
n etre point coordonnés ; mais il ne seroit pas impossible de restaurer ce plan
du moins en grande partie (3).
L entrée du bâtiment étoit sur la rue transversale, entre Je quadrivium et la porte
(î ) Voyez la pl. jj .
(2) Ce qui prouve encore l’existence de ces ravines
pluviales, si fréquentes dans la chaîne Arabique, ce sont les
sources des couvens de Saint-Antoine et de Saint-Paul,
qui sont construits dans la montagne. MM. Raffeneau
et Bert, dans leur reconnoissance des déserts à l’est de
Syout, ont trouvé des sources pareilles, à une grande
hauteur. L’un de ces voyageurs attribue le nom de mon-
tagne de la Fumée, Gebel DoufJiân, à des nuages épais
qui se fixent sur la montagne de ce nom, et non pas à
une cause volcanique.
(3) Voyez pl. 6i,fig. 22. Si cette restauration n’a pas
ete faite dans la gravure, c’est parce qu’on a voulu laisser
ce soin au lecteur instruit.
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de 1 est. Le ç.ôté oriental, plus conservé que l’autre, nous fait connoître la largeur
du bâtiment, à supposer qu’il fût symétrique; elle étoit de 78" f La profondeur
n’est pas aussi facile à mesurer, les parties postérieures du bâtiment n’ayant pu être
reconnues; ce qui est apparent, peut être évalué à soixante-huit mètres.
La façade étoit saillante et composée d’au moins huit piliers carrés-longs, séparés
en deux parties, larges chacun de om,85 sur i n',33 ; à six mètres en arrière,
ctoient les-deux corps de bâtiment, également formés de piliers; les faces latérales
étoient ornées de colonnes. Sur l’axe du bâtiment, à \ jm, j de la façade, on
trouve un mur perpendiculaire, et, au-delà, des arrachemens de murailles dirigées
suivant cette meme ligne de I axe ; disposition qui annonceroit que les bains étoient
divisés en deux parties symétriques, peut-être pour séparer les deux sexes. Cependant,
à 23”,8 plus loin, 1 axe est dégagé de constructions; et, eiï s’avançant encore
de 22" i , on trouve de grandes salles et des galeries qui paroissent être l’entrée
postérieure des bains. Il y a peu de colonnes dans ce plan : sur les côtés, les deux
ailes étoient ornées de deux colonnes et de deux piliers avec demi-colonnes'. Dans
la partie postérieure, on voit encore à gauche le reste d’un porche à deux coionnes-
qui, sans doute, avoit son pendant à droite. Tout le reste est piliers : ces piliers]
pour la plupart, supportoient des voûtes, comme on peut en juger parleurs plans;
presque toutes les voûtes sont écroulées.
Les petitsfpilastres ont 6”,y de hauteur, depuis Je dessus du chapiteau jusqu’au
dessous de la base ou au-dessus du socle. On voit dans l’intérieur, du côté gauche
les restes de plusieurs portes et de -niches carrées, sans doute à l’usage des baigneurs.
Ces portes paroissent servir d’entrée aux couloirs et galeries qui divisoient
le bâtiment dans ses différentes distributions. Dans plusieurs endroits, on retrouve
les restes de fourneaux bâtis en briques, et par-tout des constructions de la même
matière. Plusieurs murailles étoient revêtues en marbre; du moins on-le juge par
les trous qui servoient à fixer les plaques de marbre sur la muraille. Un des morceaux
les plus remarquables, est un vaste bassin circulaire en marbre, quia évidemment
ser,vi pour l’usage des bains : sa largeur est de 4 mètres j») ; sa profondeur,
de om,35 ; la hauteur totale, de om,75 : l’épaisseur des bords est dé
Cette cuve a sans doute été déplacée ; aujourd'hui on la trouve à environ douze
mètres à gauche de l’axe, et à quatorze mètres de la rue : elle présente dans son
profil une coupe arrondie en forme de doucine ; le dessous est entièrement plat.
Il existe encore dans ces thermes un autre bassin beaucoup plus considérable ; son
diamètre est de plus de vingt pieds, ou plus de 6m
Dans la multitude de débris dont le sol est jonché, nous avons trouvé des restes
de frises , de corniches, de colonnes et de murailles en partie debout; mais l’état
de destruction de tous ces objets n’a permis de dessiner qu’un seul entablement ( 2 )
En exécutant des fouilles, il est probable qu’on y feroit des découvertes pré-
cieuses. t
( n V o y v - p K r . f i s - V 'o * - (2) Voyez pl. (z.fig. i ,.