SECTION VII.
N O M U S M E N P H I T E S .
C e nome ctoit le premier et le plus important de l’Heptanomide, puisqu’il
renfermoit la capitale de.tout le royaume; cependant nous y voyons beaucoup
moins de villes que dans le nome Hermopolite. Les géographes et les itinéraires
ne font mention que de Memphis, Acanthus, Busiris et Peme. A la vérité, il
contient les monumens les plus extraordinaires de l’antiquité Egyptienne, ceux
qui ont mérité le nom de merveilles du monde, et dont chacun suppose, presque
autant de matériaux, et peut-être autant de travail et de dépense, que la construction
des plus grandes villes modernes.
La circonscription du nome Memphitique n’est pas difficile à tracer. Nous
avons reconnu que sa limite méridionale étoit à Iseum, aujourd’hui Zâouy. Du
côté du nord, il se terminoit probablement à la hauteur de l’origine du Delta vers
la ville de Letus, au point où la branche actuelle de Rosette s’approche le plus
de la Libye : la province de Gyzeh, qui lui a succédé , s’étend beaucoup plusiàu
nord, et va jusqu’à la tête du canal de la Bahyreh.
On trouve dans une des médailles frappées pour le nome de Memphis le mot lui-
même de N O M O C , circonstance qui la distingue de celles des autres préfectures.
Au pied de la figure qui est au revers, on voit le boeuf Apis, symbole du culte
de cette ville ; et autour on lit N O M O C M&N'I>ITHC. On remarquera ici le N
au lieu du M. L ’ancien nom y est mieux conservé que dans le mot M£M<MC
adopté par les Grecs, et on l’y retrouve comme dans d’autres noms qui subsistent
encore en Egypte, tels que Menouf, Menfaloutj &c.
§. P
P y r a m i d e de Meydoun, Haram el-Kaddab.
L a pyramide la plus méridionale, en venant de Memphis et avant d’arriver au
Fayoum, est celle de Meydoun ou Meydouneh, à trente-un mille deux cents mètres
au nord-nord-est de Beny-Soueyf ; elle se nomme ainsi, du nom d’un village situé
sur la lisière du terrain cultivé ; on l’appelle aussi Haram el-Kaddab, la fausse pyramide
, apparemment parce que sa fonne est très-différente de belle des autres
monumens du même genre (i). En effet, elle est composée de deux parties qui
ont, l’une et l’autre, la forme de pyramide tronquée, et qui reposent sur un massif
très-étendü ; la partie inférieure est beaucoup plus large qtife celle qui repose au-
dessus. L ’angle d’inclinaison y est aussi bien plus grand que celui des pyramides
ordinaires; et il est douteux que cette pyramide ait jamais été surmontée, comme
( i) Voyez pl. 7 Z ,fg - J .
les autres, par un sommet aigu : car ce sommet se seroit élevé à une trop grande
hauteur. Toutefois, il est manifeste qu’une partie de la sommité a été renversée,
et que les débris recouvrent aujourd’hui la partie inférieure.
Ce monument est construit en pierre ; mais il n’est pas certain que lé massif
inférieur soit une construction par assises, bien qu’il ait l’apparence d’une ancienne
pyramide, sur laquelle on aura bâti plus tard. Je suis porté à croire que c’est le
rocher lui-même qui a été taillé en forme de pyramide obtuse, jusqu’à une certaine
hauteur, et dont on a dressé ensuite la plate-forme pour construire par-dessus la
pyramide proprement dite.
Cette élévation du massif inférieur fait qu’on aperçoit le monument de très-
loin : je l’ai vu pendant la marche d’une journée entière. Quand on est au village
de Reqqah el-Kebyr, port sur le Nil, on est à une lieue et demie environ de la pyramide
de Meydoun. Je n’ai pu prendre, les mesures de ce monument ni des pyramides
qui suivent. Meydoun est d’ailleurs un assez gros village, où l’on croit qu’il
y a eu une ville ancienne; le voisinage de la pyramide confirmerait cette opinion.
§. m
Reqqah el-Kebyr, et PYRAMIDES voisines.
Reqqah el-Kebyr est un assez fort village sur le bord du N il, placé à environ
dix mille mètres au nord-est du précédent : j’y ai trouvé quelques antiquités ; entre
autres, une grande pierre carrée en granit, qu’on a essayé de convertir en meule,
et qui a sur une de ses faces des hiéroglyphes sculptés avec beaucoup de soin. II est
possible qu’on ait transporté ces débris d’une ville voisine ; mais on peut croire
aussi qu il v a eu la une ancienne position. En effet, deux pyramides ont été bâties
vis-à-vis, au bord de la chaîne Libyque. Ces deux pyramides sont aujourd’hui
presque ruinées. H est vraisemblable qu’il existoit quelque bourgade en rapport de
situation avec ces monumens. Le village actuel d’el-Haram ( i )-, qui est dans Je
voisinage, répond à cette indication.
§. I I I .
P em e (aujourd’hui Bewbé) ; P y r amid e s dites d'el-Metânyeh.
L a ville de Peme, suivant l’Itinéraire', étoit à vingt milles de Memphis et à ia
même distance A’Isiu; eile n’est point mentionnée ailleurs : le seul nom qui s’en
rapproche dans la Notice de 1 Empire est Peamu ; mais on ne saurait affirmer,
d après le rang quil occupe dans cette dernière nomenclature, qu’il se rapporte
au même lieu que Peme.
Si Ion cherche sur la rive droite du Nil un lieu à égaie distance de Memphis
et de Zâouy, l’ancienne Iseum, on tombe sur un point aujourd’hui inculte, voisin
0 ) Mot qui signifie les Pyramides.