
arrose le court espace qui la sépare du fleuve, et se dirige ensuite vers le nord, 1
de manière que, lorsqu’il est plein , la ville est presque entièrement éntourée I
d’eau.
Le Nil n’y étoit pas encore entré lorsque nous arrivâmes (i), mais il n’en I
étoit pas loin. Les environs sont couverts de cannes à sucre, plante qui exige I
beaucoup d’arrosement en Égypte, et qui se cultive, particulièrement dans le Saytl, fi
au voisinage du fleuve ou de-ses dérivations.
La petite ville d’Akhmym nous parut, au premier aspect, assez forte et bien I
bâtie en brique, ornée d’assez belles mosquées, et capable de contenir trois', ou I
quatre mille habitans. A peine fumes-nous débarqués, que plusieurs d’entre eux I
s’emparèrent de nous pour nous mener aux ruines, qu’ils nous savoient fort curieux I
de visiter : l’empressement qu’ils nous montroient eux-mêmes, et leur air de fami- ¡S
liarité franche et assurée, venoient de ce que la plus grande partie de leur popu- ■
lation est composée de Chrétiens, nos amis naturels.
A r t i c l e I . "
Description des Antiquités de la Ville.
L e s restes d’antiquités se trouvent en dehors et autour de la ville, du nord-ouest H
au nord-est On voit d’abord, dans un enfoncement d’où l’on a probablementI
tiré les autres pierres du temple, six à huit blocs d’un calcaire compacte et de I
dimensions énormes, aujourd’hui enfouis dans les décombres ; ils ont environ I
vingt-cinq pieds Sur trois en carré. Une de ces pierres, obliquement placée , et en1
partie engagée sous un bâtiment moderne, sort de terre d’environ dix-huit piedsI
de longueur et trois pieds d’épaisseur; elle est couverte d’une inscription-GrecqueI
en six lignes, dont M. Jomard donne la traduction et l’explication dans son Me-1|
moire sur les . inscriptions antiques : celle-ci est évidemment bien postérieure à la H
construction du temple Égyptien, comme le prouvent le sujet, les caractères B
employés, et sa position sur la face du bloc opposée à celle dont les ornemens.B
tout Égyptiens, faisoient partie de la décoration intérieure du temple (z). En effet,B
le dessous de la pierre est orné d’hiéroglyphes, et principalement de quatre ci; ■
conférences concentriques formant quatre zones, dont les deux intermédiaires H
sont partagées en douze compartimens : la figure qui étoit dans le cercle du milieu, B
est absolument effacée; celles des• compartimens le sont également, ou bien peuB
distinctes. Le plus grand de cesccercles a trois pieds de diamètre ; autour de celui-ci B
est un carré, et, dans chacun des angles compris entre ce cercle et les ornement B
qui l’entourent, sont des peintures presque effacées. Le plus petit cercle contient B
des figures sculptées et peintes, dont on ne peut deviner les formes. Les deux aires■
suivantes sont divisées en douze parties : dans la plus petite,,on remarque douze!-
(1) 30 août 1799. que sa plate-forme qu’on aperçoit. C ’est sur le côte de j.
(2) II semble que ce temple a été peu à peu enfoui celle-ci qu’on a gravé plus tard l’ inscription,
jusqu’au comble, comme tant d’autres, et que ce n’est \
figures d’oiseaux, et dans l’autre, douze images trop peu visibles pour pouvoir
être reconnues ; enfin, dans la dernière zone, qui n’est pas divisée, il y a eu vingt-
quatre figures humaines, aujourd’hui effacées.
Sur la face contiguë de la pierre se voit un globe ailé contre lequel s’élève,
de chaque côté, un serpent ayant le cou enflé; lès ailes sont grandes, étendues, et
divisées en trois parties, dont les -deux extrêmes sont peintes en bleu et la moyenne
en rouge jaunâtre; le reste est couvert d’un blanc mat qui défigure tout, ainsi que
l’inscription elle-même, et que je crois ajouté dans les temps modernes. Ces
diverses figures et ces cercles concentriques paroissent avoir une sorte d’analogie
avec un zodiaque ou monument relatif à la marche du soleil, principalement à cause
de la division des cercles en douze parties égales; la pierre est celle du dessus d ’une
porte, en sorte que ce tableau astronomique auroit été au plafond, comme cela est
ordinaire dans les temples de la haute Égypte. Pour voir cette sculpture, il faut
pénétrer avec beaucoup de peine, et couché sur-le dos, dans un trou qui a été
pratiqué à dessein au - dessous du niveau de l’encombrement ; cette position
gênante ne permet pas de distinguer les images tracées sur là pierre.
On a trouvé auprès de cette ruine, au milieu des décombres modernes, les
débris de deux momies avec leurs langes.
Voilà tout ce qui reste d’uri premier temple, dont pourtant on a cru reconnoître
encore l’ancienne entrée tournée au nord-ouest. Les habitans ont employé une
petite partie de ses matériaux dans la construction de quelques-unes de leurs
maisons, et le surplus à faire de la chaux. Le poids et la dureté de ces dernières
pierres paroissent seuls les avoir fait respecter ; on a scié les colonnes de l’édifice
pour en faire des meules.
En marchant vers le sud-ouest, on trouve un autre temple, que les habitans
appellent el-Birbé, nom qu’ils donnent communément à ces monumens antiques ;
mais tien n y est reste debout : toutes les pierres, quoique plus grosses encore
que les précédentes, ont été renversées ; elles sont presque toutes d’une espèce de
poudingue calcaire et blanchâtre, et ornées d’hiéroglyphes et de figures sculptées.
Une.de ces pierres représente un vautour sculpté en relief dans le creux, qui
a de fort grandes ailes, et tient dans chaque griffe un objet qui paroît être une
feuille : une autre, qui a du faire partie d’un plafond, est parsemée d’étoiles qui
se détachent sur un fond bleu ; elles sont blanches ;. leur centre est rouge, et
elles sont très-voisines les unes des autres. Ces pierres se trouvent dans une fouille
de quelques pieds de profondeur, qu’on a faite pour extraire les plus maniables et
débiter les autres.
L entrée de ce second temple paroît avoir été tournée au sud-est : on n’a pas
mesuré 1 étendue de ses ruines ; mais tout annonce qu’il étoit trè^aste.
On trouve sur une petite place de la ville, et dans une mos^me, un grand
nombre de colonnes de granit rose de Syène, de grès calcaire ou autre pierre
calcaire provenant des anciens monumens. Dans le portique d’une autre mosquée,
on voit un bloc de granit gris d’environ dix pieds de surface, et couvert
d une longue inscription Grecque en gros caractères, presque entièrement effacée.