
poteries; on y retrouve encore sur pied des restes de constructions en briques
Tout annonce que ce quartier de la province étoit jadis habité. C ’est après p|Us
•de trois heures de marche dans Je désert qu’on aperçoit, vers la droite, le temple
nommé Qasr-Qeroun; depuis l’instant où l’on a commencé à l’apercevoir, on est
encore près d une heure et demie à y arriver.
En avant et autour de cet édifice sont beaucoup de ruines éparses, et les restes
de plusieurs petits temples d’un goik médiocre, dont quelques-uns ont leurs co-
engagées ; plusieurs ont été restaurés à une époque qui ne paroît pas
appartenir à la haute antiquité. Ces ruines, avec beaucoup de débris de constructions
et de pans de murs- encore debout, attestent l’existence de quelques
habitations dans. cette partie de l'ancien nome Arsinoïte. Parmi les ruines qui
portent le nom de Beled-Qeroun, on distingue un petit temple découvert, analogue
au temple carré de Philæ; il est situé à cent pas à l’est du Qasr-Qeroun. Les
fuis des colonnes qui subsistent ont encore quatre mètres environ de hauteur (i).
■ L e Qasr-Qeroun est situé à près de six lieues ouest quart nord-ouest de Nazleh
a une demi-lieue au sud des bords du lac, et à plus d’une lieue de son extrémité
occidentale. Il n’est pas tout-à-fait orienté: la façade est tournée à Lest-sud-est.
En ayant sont les restes d un portique de deux colonnes larges de i m,6 (2) ; on
y arrivoit par une rampe comprise entre deux dés : un tiers de la colonne’ de
gauche subsiste encore, ainsi que le dé qui est à droite. Une enceinte, dont on
suit la trace, enfermoit le portique. Vers la gauche, il y a des constructions qui
s eievent hors de terre et dont on ne devine point l’objet.
La forme de l’édifice est, comme celle de tous les monumens Égyptiens un
parallélogramme: il a 28” ,6 de long, sur ,8 ” ,8 de large (3), non compris le
portique (4) ; celui-ci a environ sept mètres et un tiers (y ) de façade. La hauteur <e
compose de quarante-deux assises égales de om,22 5.(6); elle est de 9” 47 (7 )
Ainsi les trois dimensions du monument sont entre elles comme les nombres , ’
2, 3. Lédifice est couronné par une corniche creusée en gorge, et haute de
trois assises ou om,67 (8). Un cordon de seize centimètres (9) de diamètre fait le
tour du monument et encadre ses quatre faces. Les murs extérieurs ont un talus
nous résolûmes de passer la nuit sur la place et debout,
pour être prêts à toute attaque de la part des Arabes
ennemis. Nous attendîmes deux heures dans cette cruelle
alternative et dans un silence absolu. Enfin des fiUâh
vinrent à nous. Notre cheykh Arabe avoit été les chercher
fort loin. Nous marchâmes avec eu*, droit à l’ouest ;
et au bout de trois quarts d’heure nous regagnâmes le
torrent, à un point guéable. On mit une demi-heure à
le traverser. A dix heures et demie nous étions au nord
de Nazleh, harassés d’avoirparcouru pendant cinq heures,
et dans une obscurité profonde, des ravins, des crevasses"
et des précipices. Les cheykhs etleshabitans furent réveillés
au son du tambour. Nous primes des provisions, deux
nouveaux guides, trois cheykhs du lieu, trois Arabes
armés, et deux travailleurs des mines de sel. Ces hommes
nous apprirent qu’à trois lieues du Qasr-Qeroun il exis-
toit de grandes mines de sel gemme. Les pluies qui tombent
sur la chaîne Libyque, dissolvent ce sel, et contribuent
ainsi à saler les eaux du lac. Quant aux crevasses, elles
proviennent du retrait qu’éprouvent les terres après le
séjour de l’inondation , sur-tout au bout de plusieurs
années. Dans le Mémoire sur le lac de Mceris, j’ai parlé
des obstacles insurmontables et même des dangers que la
nature du sol présente aux voyageurs qui essaient de
marcher en caravane sur la rive méridionale du lac,
(A . Mcm. tom. 1 , pag. 83.)
( f ) Voyez planche70 , A . vol. IV , fig. 14.
(2.) Cinq pieds environ.
(3) Environ quatre-vingt-huit pieds sur cinquante-huit.
(4 ) La longueur totale est de plus de trente-six mètres,
environ cent dix pieds.
■ (j) Vingt-deux pieds six pouces.
(6) Huit pouces quatre lignes.
(7) Envi ron vingt-neuf pieds.
(8) Vingt-cinq pouces.
(9) Six pouces.
très-prononcé, et cette inclinaison concourt avec tous les autres motifs à prouver
que cet édifice est un monument Égyptien! le reste de "cette description Je fera
voir clairement.
On remarque encore au-dehors, à droite et proche de la porte, une demi-
colonne de quatre pieds environ de diamètre, adossée à la façade, et dont les assises
ne sont nullement liées avec celles de la muraille : de l’autre côté de la porte,
on n’en retrouve pas de semblable, et pas même de vestiges; ce qui démontré
que cette demi-colonne n a été placée que postérieurement à la construction de
¡édifice (1). En effet, toutes les assises de ce bâtiment se suivent avec régularité
du dehors au dedans, et en général tout y est parfaitement symétrique.
On voit au-dessus de la porte, comme dans toutes les portes Égyptiennes, un
disque en relief avec des ailes étendues ; ce disque est nu, selon l’usage, et non
l’image d’une figure humaine, comme on [e voit dans le bizarre dessin publié par
Paul Lucas (2). II n y a pas non plus d’hiéroglyphes en dessous (3).
Pour pénétrer dans ce bâtiment, on monte, à travers des tronçons de colonnes,
une -petite rampe formée par les débris du portique et de l’étage supérieur (4).
La porte est obstruée en partie par ces décombres, et a 2",2 (5) de large comme
la suivante (6). Dans 1 intérieur, l’encombrement est général, et jusque dans les
pièces les plus retiréès. II est tel, que les portes latérales sont bouchées totalement,
et que, pour entrer dans les salles qui y répondoient, on a été obligé de faire des
ouvertures forcées.
La première pièce est la plus longue; sa longueur est de 7 ",5 (7 ), et sa largeur
de 5 “,3 (8) : elle est suivie de deux autres qui ont la même longueur de sept mètres
et demi. La quatrième, à la différence des autres, a sa longueur dans le sens de
celle de l’édifice ; ses dimensions sont de 5”,6 sur 3”,4 (9): elle est aussi plus
ornée, et elle a de plus quatre niches décorées de moulures finement travaillées
et dont les profils sont très-purs : on reconnoît aisément que c’est le sanctuaire.
La face du fond présente l’ornement qui est sur toutes les portes, c’est-à-dire,
le disque ailé, soutenu par deux serpens : cet ornement est sculpté en petit et
travaillé très-délicatement. Au-dessus est une frise toute composée d’uiæus; parmi
les décorations, on reconnoît l’image du boeuf Apis.
Sur cette meme face du sanctuaire, on distingue au milieu, c’est-à-dire, au point
le plus remarquable, un espace vide et de largeur à contenir un petit autel. De
chaque côté, est une petite porte, sans issue, large d’environ un mètre, couronnée
tlun globe ailé, exécuté avec encore plus de délicatesse que les autres; ces fausses
(*) Voyezpl. 6 p ,A . vol. IV , etpl.po ,J lg .j. pointes de marbre en rayons, n’est pas moins absurde.
}- ‘ aul Lucas> ,-?•' VV “g ', tom. II. (4) Voyez planche 6p.
(3) Paul Lucas a supposé une demi-colonne sem- (y) Six pieds et demi.
lable de l’autre côté; et, avec les cordons qui gar- (6) Paul Lucas ot Richard Pococke ont gravé-leurs
■Ment les angles, il est parvenu à former un grand noms sur l’intérieur de la porte. M. Castex a sculpté à
portique, soutenu par quatre grosses colonnes de côté ceux des voyageurs Français nommés ci-dessus
marbre. Ce voyageur, peu fidèle, n’avoit pas remarqué la page y .
colonne qui appartient réellement .au pottique : ce qu’il (7) Vingt-trois pieds environ.
I ™r une friso qni « t au-dessus de la porte et sur (S) Seize pieds j environ,
a tcic couverte d’un voile et environnée de quatre (t>) Dix-sept pieds sur dix et demi.