SECTION VI.
N O M U S A P H R O D I T O P O L I T E S .
L e nome Aphroditopolite étoit situé sùr la rive droite du Nil, entre Baby-
lone au nord, et le nome Cynopolite au midi. Nous avons vu, dans la section II, !
que la ville extrême de cette dernière préfecture, vers le nord, étoit Aly\.
L ’étendue de l’Aphroditopolite étoit donc de plus d’un degré en latitude, et
d’environ trente lieues en longueur développée, à cause du coude que forme le
Nil vers le milieu de l’intervalle ; c’est la même circonscription que celle de la
province moderne d’Atiÿh, située sur la plus étroite des rives du Nil. Le nome
d'Aphroditopolis étoit moins favorisé par la nature que la plupart des autres ; les
sables d’Arabie qui le menaçoient, et qui ont fini par l’envahir dans sa plus grande
partie, netoient pas retenus par un canal, comme ceux de la Libye l’étoientpar
Je canal occidental : aussi ne nous paroît-il pas avoir joué dans l’antiquité un aussi
grand rôle que les autres nomes. Son nom, tel que les Grecs nous l’ont transmis,
ne nous donne pas de grandes lumières à cet égard. Dans d’autres noms traduits
ou altérés par les Grecs, on trouve quelquefois des indices qui font découvrir I
1 ancien culte : ici le nom de ville de Vénus semble ne présenter à l’esprit, au premier I
abord, que l’idée d’un culte étranger à l’Égypte. On nourrissoit dans cette ville,
dit Strabon, une vache sacrée comme à Memphis : quel est le rapport qui existoit
entre cet animal et la fable de Vénus! Le nom actuel de la province, A tfyli, qui I
paroit le reste du nom Égyptien , jettera peut-être du jour sur ce point histo- I
rique, lorsque l’on connoîtra la signification du nom Égyptien correspondant (i).
§. I ."
T h IMONE P S I , auprès de Bayâd.
L a ville de Thimonepsi ne nous est connue que par l’Itinéraire d’Antonin et
la Notice de l’Empire. La route qui, dans l’Itinéraire, suit la rive droite du Nil,
renferme cette position entre celles AAlyi et d'Aphrodito, à seize milles de la première
ville et à vingt-quatre de la seconde ; c’est-à-dire que ces deux distances ‘1
sont dans le rapport de 2 à 3. La plaine au-dessous de Bayâd, en face de l’ancienne
Coene ou Beny-Soueyf, est précisément placée, à l’égard d’Atfyh ou Aphro-
ditopoüs, et de 1 emplacement d Alyï, fixé plus haut (2], dans Je rapport que I
demande l’Itinéraire : les deux distances sont de vingt-cinq et de dix-sept milles
Romains, au lieu de vingt-quatre et de seize; mais, comme il n’y a pas de certitude
sur la position précisé ou étoit Alyi, à un mille près en plus ou en moins,
et que la plaine au-dessous de Bayâd est aujourd’hui inculte, on voit que les inter(
0 VkjffîC ci-dessous le S- m . (2) Voye^ ci-dessus, sect. I l, §. iv.
valles actuels ne secartent pas de 1 Itinéraire. On peut ainsi fixer l’emplacement
de Thimonepsi a cinq mille mètres au-dessous de Bayâd, sans craindre une erreur
notable. Bayâd est un village Chrétien ce qui annonce encore une certaine proximité
par rapport à quelque ancienne ville qui aura disparu sous les sables.
C’est là que l’on embarque pour le Kaire les chargemens de pierre à plâtre
recueillie dans la montagne voisine. Ce village est situé à l’embouchure d’une
grande vallée qui conduit jusqu a la mer Rouge, et par où les sables affluent dans
la plaine.
Bien que les géographes ne parlent point de Thimonepsi, et que deux itinéraires
seulement en fiassent mention, 1 on n en doit pas conclure que cette ville est
d’origine Romaine, et quil n y a pas eu dans le même lieu une ville Égyptienne.
Je me fonde sur ce que le nom Latin lui-même présente toute l’apparence d’un
nom Égyptien altéré. La syllabe finale psi paroît être la tête d’un mot Égyptien
tronqué, et les trois autres, thimonc, sont le même mot que tlimonc ou tmone,
qui, ¿selon un savant : orientaliste, doit se traduire par le port (1). Bayâd étant
aujourd’hui le port de cette partie de la rive droite du Nil, on trouvera, je pense,
une convenance?de plus dans la position que je donne à Thimonepsi (2).
§. II.
A n g y r ô n p o l i s OU A n ç y r ô n p o l /s.
C e t t e ville est mentionnée par Étienne de Byzance et par Ptolémée. Celui-
ci lui donne la même latitude qu’à Ptolemeiis, et la place à 20 minutes au sud
SAphrodito. On ne saurait fixer sa position d’après cette double donnée, puisque,
du parallèle d’Atfyh à celui d’el-Lâhoun, l’ancienne Ptolemdis, il n’y a que 12 minutes
environ. La seule conjecture que je puisse me permettre, est de supposer
que cette ville étoit aux environs du lieu appelé aujourd’hui sur les cartes Couvent
de Saint-Antoine, et situé sur la rive droite, au pied de la montagne Arabique,
sous le parallèle d el-Lâhoun. Ce lieu ne doit pas être confondu avec le fameux
monastère de Saint-Antoine dont j’ai parlé, à propos SAlahastrônpolis. A
D’un autre côté, 20 minutes au sud d’Atfyh conduisent à Bayâd, c’est-à-dire,
a peu près au point où nous avons placé Thimonepsi. Il faut ajouter, enfin, que
le tçxte de Ptolemee place Angyrônpolis à lest de l’île Hcracléotique, à 3y minutes
au nord du point ou le canal qui forme cette î le , se rejoint avec le
fleuve (3)': ces 35 minutes conduiroient jusque bien au nord d’Atfyh, puisque
nous avons placé vers el-Harabchent la naissance du canal dont il s’agit.
(1) Mémoires géographiques sur l'Egypte, par M. Ét. (2) D ’An ville l'a placée à Bayâd même; ainsi que je
Quatre mère, tom .ll, pag. 244* N* Cliampollion pense l'ai dit, il faut descendre cinq mille mètres plus bas. Le
que 0 .U.OWK signifie mansion, et repond au mot Arabe village actuel est d’ailleurs trop petit pour répondre à la
Minyeh, si fréquent parmi les noms de villages. ( L ’È- ville ancienne, dont les débris ont sans doute disparu
gypte sous les Pharaons, tout. V, pag. 258. ) Quelle que sous les attérissemens et sous les sables,
soit l’interprétation qu'on admette, ma conjecture sur (3) 'AyfupôSr troa/r (CI. Ptoi. Geogr. lib. I V , pag. 121).
le nom de Thimonepsi paroîtra vraisemblable. Thmone Voyeç ci-dessus, page 60 et alibi."Kytutry signifie anctt
dans tous les cas un nom générique, et qui est évi- chora.
déminent l’origine du nom Latin,