
sans doute le double but de faciliter, dans le temps de l’inondation, la traversée de
la plaine, pour arriver à la route de Coptos à Bérénice, et de retenir sur le sol
les eaux du fleuve pour l’arrosement des terres. Deux ponts construits dans cette
digue maintenoient la communication de la route dans toute son étendue, à
toutes les époques de l’année, et servoient de débouché pour les eaux après que
les terrains supérieurs avoient été suffisamment imbibés. L ’un de ces ponts est un
ouvrage assez considérable , formé de sept arches ; il est construit avec des débris
de monumens Egyptiens, ainsi qu’il est facile d’en juger par les hiéroglyphes retournés
et sans su ite, que l’on remarque sur un assez grand nombre de blocs de
pierre. Est-ce là un ouvrage du temps des Romains, ou bien doit-on l’attribuer
aux Sarrasins, qui ont exécuté en Egypte beaucoup de travaux analogues à ceux-là !
c’est une question sur laquelle il est assez difficile de prononcer.
A cinq cents mètres des décombres, et près d’un large réservoir, la chaussée
dont nous venons de parler, a un embranchement qui se dirigeoit vers la ville : là
on voit les restes d ’établissemens considérables destinés probablement au commerce.
§. II.
Des Ruines t/’A poliinopolis parva, aujourd’hui Qous.
A p r e s avoir parcouru les ruines de Coptos, nous continuâmes notre route à
travers la plaine ; nous passâmes près du village d’A b ou-H am ou dy , dont le nom
semble indiquer qu’il renferme des débris antiques, et nous arrivâmes bientôt à
Qou s , où nous restâmes la journée du 10 messidor. Qous est placée à treize cents
mètres environ des bords du N il, vis-à-vis d’une plaine de sable qui, de l’extrémité
Est des ruines de Thèbes àMed-a’m oud, s’étend jusqu’au-delà de Coptos, et forme
un désert en avant du pied de la chaîne Arabique. Dans ce désert et à la hauteur
du village de Kafr-Hagâzy, à onze cents mètres environ de Q o u s , est une gorge de
la montagne, où se trouve un ravin semblable à celui de Coptos, et conduisant
aussi aux routes de Qoçeyr et de Bérénice. Une grande digue qui s’appuie sur
Qous et s’étend jusqu’au désert, traverse la vallée; en même temps qu’elle sert
aux irrigations, elle établit, à toutes les époques de l’année, la communication avec
la route de Qoçeyr. Lorsqu’on quitte cette digue pour rémonter jusqu’au village
de Kafr-Hagâzy , situé au débouché de la gorge dont nous avons parlé, on trouve
sur son chemin une butte de décombres qui offre les débris d’un monument ancien.
O n a à sa droite une digue de plus de douze mille mètres de longueur, qui s appuie
au Nil vers le village d’el-Qarâqous, et s’étend jusqu’au désert près de Kafr-Hagâzy.
L e voisinage de Qoçeyr et des bords du Nil a, sans doute, fait choisir l’emplacement
de Qous pour le point de départ et d’arrivée des caravanes qui entretenoient
le commerce de l’Arabie et de l’Inde avec l’Egypte. Si l’on en croit Abou-l-fedâ,
cette ville étoit, après Fostât, la plus considérable de toute la contrée; elle étoit
l’échelle du grand commerce qui se faisoit par le golfe Arabique. L ’immense
étendue des décombres qui limitent l’emplacement de la v ille , confirme entièrement
le témoignage d’Abou-l-fedâ. Qous*est maintenant réduite à la condition
d’un bourg, dont un grand nombre de maisons abandonnées tombent en ruine,
et auquel cependant on conserve dans le pays le nom de ville ; ses habitans sont,
pour la plus grande partie, des Chrétiens. Quelques jardins, qui doivent paroître
délicieux lorsqu’on vient de traverser le désert, d’immenses plantations de melons
et quelques palmiers épars çà et là, sont les seuls objets qui récréent la vue en
arrivant à Qous.
A u milieu de la place se trouve la seule antiquité Égyptienne qui soit encore
debout : c’est une porte semblable à celle du nord à Denderah. Elle est enfouie
jusqu’au linteau; mais ce que l’on en voit, excite un v if intérêt. C e morceau d’architecture,
au milieu de la désolation qui l’environne, contraste d’une manière
frappante avec les maisons en ruine et les masures de Qous : on n’en aperçoit
plus que l’entablement. 11 est probablement intact sous les débris qui le recouvrent
maintenant en grande partie. Mais c’est en vain que sa masse imposante a résisté
jusqu’ici à l’encombrement total qui le menace ; il sera incessamment envahi par
les immondices qui l’enveloppent de toutes parts et qui augmentent tous les jours.
II est vraisemblable que cette porte formoit le propylée d’un temple maintenant
détruit, ou peut-être enfoui tout entier sous les décombres. Les Arabes ont élevé
sur sa sommité de misérables cahutes en terre, dont on voit encore des restes ;
et il y a lieu de croire que les temples qui faisoient l’ornement de l’ancienne
Apollinopplis parva, ayant été recouverts successivement d’habitations modernes,
comme nous en avons vu à Denderah et à Ed foû , ont fini par être enveloppés
sous leurs débris.
La porte de Qous offre sur ses montans et sur son architrave des bas-reliefs
analogues à ceux que nous avons décrits à Denderah. Son état d’encombrement
nous a donné le moyen d’approcher de la partie supérieure et de tracer avec
exactitude le dessin du globe ailé qui décore son élégante corniche. Nous avons
pu copier aussi l’inscription, en caractères Grecs, qui se trouve sur le listel. On
peut la voir dans la planche 1, A . vol. IV, telle que nous l’avons recueillie sur
les lieux, avec les détériorations que le temps lui a fait éprouver. Nous l’avons
collationnée sur des copies faites à des époques différentes par plusieurs de nos
.collègues, et notamment par M. Legentil. Nous pensons que cette inscription
peut être lue de la manière suivante avec certitude, au moins dans la partie non
entièrement effacée :.
BA2IAI2SAKAEÎiPATPAKArBA2IAETSFTOAEMAIO20EOIMErAAOMI<I>IAOHTOPE2
...............P.2KAITATEKNAHAini0EniMEri2TÎ2IKAITOIÏ2rNNAOI20EOI2
R E G 1N A C L E O P A T R A E T R E X PTOLEMÆU S , D i t M A G N I , PH ILOM E T O R E S ,
....................................E T L IB E R I , SO L I , D E O M A X IM O , E T U N À H O N O R A T IS D U S .
La reine Ciéopaire et le roi Ptolémée, grands d ieux , amis de leur mère ,
............................. et leurs enfàns, au Soleil, très-grand dieu, et aux dieux honorés avec'Iui. ‘
II'n’y a aucun doute sur la première lign e ; nous avons pu la copier en
a . d . ' ‘