
murailles qui empêchent d’abord de reconnoître le plan de l’édifice, autrefois
très-symétrique.
La seconde pièce oblongue est aujourd’hui ornée de trois tableaux peints à
l’huile, mais à couleur plate et d’un dessin grossier. L ’un représente un saint que
les Chrétiens appellent Abâ Hour (i), et dont la tête est énorme pour le corps:
il est difficile d’imaginer rien de plus grotesque. L ’autre est S. George terrassant
de sa pique le démon, qui est sous la figure d’un dragon et de couleur rouge
d’écrevisse. Sa tête est entourée d’une gloire ; ses pieds posent sur de petits étriers
Turcs. Le cheval est blanc et mieux dessiné. Dans le fond, sur la cime d’une montagne,
est un personnage debout et en prière. Les teintes sont aussi plates et mal
fondues que dans le premier tableau; mais la composition est moins défectueuse.
Dans la petite salle à gauche, on voit d’autres tableaux, dont l’un représente la
Vierge tenant son fils.
Ce monument souterrain, d’une architecture étrangère à celle de l’Egypte, est
important, en ce qu’il fait voir dans quel genre les Grecs et les Romains ont exé-
cuté des travaux sur les bords du Nil ; il prouve qu’ils y ont bâti dans le style
propre à leurs édifices, et qu’ils n’ont pas copié les monumens Egyptiens chargés
d’hiéroglyphes.
§. X IV .
M inyeh, I b e u m (aujourd’hui Tahâ el-A ’moudeyn), et Environs.
M i n y e t e b n K h a s y m est aujourd’hui la ville principale de toute la province
; elle a succédé à Meylaouy, comme Meylâouy avoit succédé à Achmou-
neyn, et Achmouneyn à Hermopolis. Elle doit cet avantage à sa situation sur
le bord du Nil. On ne sauroit affirmer qu’il y ait eu clans cet endroit une ancienne
ville Égyptienne : cependant les hypogées de Zâouyet el-Mayeteyn et les
carrières de Saouâdeh, qui sont presque en face, pourroient le faire présumer,
d’après les motifs que j’ai développés plus haut; j’ajouterai que la ville renferme
beaucoup de vestiges d’antiquités, principalement les mosquées, qui sont enrichies
de magnifiques colonnes en granit et en porphyre, et dont plusieurs
sont d’un travail Grec très-soigné. On trouve aussi, dans les décombres cjui sont
vers l’ouest, des colonnei en granit rouge, d’une grande dimension. Enfin le Nil
y est bordé de quais en briques, fort considérables, en partie détruits par les
inondations.
Si ma conjecture sur la ville qui étoit opposée à Beny-Hasan est fondée (2),
celle que je présente ici est également vraisemblable, d’autant plus qu’il y a assez
loin d’el-A’nbagé à Minyeh ,-pour qu’il y ait eu en cet endroit une ancienne position
sans un trop grand rapprochement de l’une à l’autre (3).
(1) l’abbé Hor ou Horut. tst un Ino: générique, signifiant proprement momie-
U) ci-dessus, pag. 3 3. V o y e z les plancha 4. et y, É.fl'I. vol. 1 , représentant ici
(3) La distance est de seize mille mètres. Minyeh vue* Ninyeh.
Sùr. les bords du fleuve, il y a de grands quais en briques, dont on ignore
l’origine : ils sont en partie détruits par les inondations. La population renferme
un vingtième de Chrétiens, qui ont une église appelée Deyr M a y Girgeys, ou
de Saint-George.
C’est à l’ouest de Minyeh, au milieu de la plaine, que se trouve le, bàs-fond
connu sous le- nom de Bathen, et que plusieurs modernes ont pris pourÎm canal
antique, tandis que ce n’est qu’une simple dépression du terrain, produite par
l’exhaussement des rives du Nil et de celles du canal de Joseph. Ce bas-fond
existe d’une manière continue , mais très-irrégulièrement depuis les ruines d’Her-
mopolis, où il prend les noms de Tcra’t el-Ghouetah et Terat el-Sebakh, jusque
bien au-dessous de Minyeh, où on le nomme el-Dafa (1). Tantôt il a un ou deux
pieds deau, tantôt la moitié ou moins, suivant les localités. Sa largeur est très-
grande et sans limites distinctes. Pendant la plus grande partie de l’année, il est
à sec ; dans les hautes eaux, il devient sensible : mais il a plusieurs branchés, et non
un lit unique et tracé. Rien n’est donc plus mal fondé que la supposition du
P. Sicard, qui voulut y trouver le lac deMceris, et qui trompa d’Anville par sa
relation. Comme le même effet a lieu par-tout où existe le canal de Joseph, ce
voyageur vit aussi aux environs d’Ahnâs et peu loin de Beny-Souéÿf une flaque
d’eau qui lui parut la tête de cet ancien lac. Les habitans donnent le même nom de
Bathen (2), ou plutôt Bâtin (3), qui veut dire intérieur, à tous ces bas-fonds; il
s’imagina que c’étoit un même canal qui venoit d’Hermopolis jusqu’à l’entrée du
Fayoum. On voit combien il y a loin de là à un ouvrage des hommes, à un monument
de l’antiquité Égyptienne.
Talleh, village à 1 ouest de Minyeh, est entre deux bas-fonds de cette espèce.
A la fin de 1 automne et en hiver, on a de la peine à les traverser, quoique
peu profonds, à cause de la grande largeur de l’espace où l’eau séjourne. A u près
de la branche occidentale, j’ai remarqué une ancienne construction en briques
dures, dont il reste seulement un carré de cinq mètres de côté; les habitans la
regardent comme antique : on lui. donne le nom d’el-Khourfecheh : l’intérieur
est arrondi en forme de puits. Un bey l’abattit en partie, persuadé qu’elle ren-
fermoit de l’or.' ■
Koum el-Gyoukes (4 ) , butte assez étendue et à l’ouest de Minyeh, sur la rive
gauche du canal de Joseph, où l’on trouve des briques et des ruines anciennes :
elle tire son nom d’un sel nue l’on compare au natroun.
Cheykh el-A'skar (5) , vestiges d’une ancienne bourgade à huit mille cinq cents
métrés au nord de Minyeh. Létendue des ruines est de.trois cents mètres. Le
sol est jonché de briques, d’éclats de vases, &c. J’y ai trouvé deux blocs de grès
dur antique, d’une grande dimension, que les habitans ont employés pour faire,
des meules de moulin.
(2) C'est un nom générique. Ses habitans disent les //\ ./
bathen [el-baouâtin Î^JI ]. Voyez le Mémoire sur le 1°
lac de Moeris, A. tom. I , pag, rotf, (j)
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