DES C R I P T ION DES ANTIQUITES
supérieure, finit par être presque insensible à la base. Au pied du glacis, on voit
une nouvelle enceinte, dont le sol est inférieur au plateau d’environ qui»ze
mètres ; cette enceinte est formée par la réunion de seize monceaux de décombres
, rangés symétriquement : au centre, s’élevoit un édifice que nous
croyons avoir été un temple, et dont les colonnes sont encore gisantes sur la
place et réduites en débris.
Six des monceaux forment l’enceinte du côté de l’est; un égal nombre est en
regard à l’ouest; les quatre autres sont au midi. Nous les avons tous examinés
avec attention, pour voir si nous n’y découvririons pas quelques portions de mur
ou de construction encore existantes ; mais nous n’avons rien trouvé de semblable.
Les débris du péristyle de l’édifice ne permettent pas d’en deviner la disposition.
Il paraît que le péristyle étoit orné de huit à dix colonnes ; aujourd’hui les fftts
sont ruinés et couchés à côté de leurs bases.
Les fragmens des colonnes sont en granit syénitique : ces débris ressemblent à
des tronçons mutilés. Les colonnes étoient ornées de côtes, semblables à celles du
temple du sud à Eléphantine ; la partie inférieure est en cône tronqué. Parmi les
débris, on aperçoit encore les chapiteaux. Nous regrettons de n’avoir pu mesurer
avec précision les différentes parties de ces colonnes.
La seconde enceinte, comparée à celle qui est sur le plateau, est de beaucoup
plus petite ; son sol est parfaitement uni. Au-delà, toujours dans la direction de
l’ouest, le terrain va en descendant jusqu’à la rencontre de la grande excavation.
On voit, par la description qui précède, que de l’enceinte du temple on pouvoit
communiquer de plain pied avec les souterrains pratiqués sous la pyramide et sous
le grand monument.
Toutes les pierres qui ont servi à la construction des édifices, sont susceptibles
d’un certain poli; leur grain, comme on l’a dit, est d’une grande finesse, et l’on
conçoit qu’à une certaine distance on a pu prendre ces pierres pour du marbre.
Quant à l’étendue générale des ruines, nous n’avons qu’une mesure approximative
; cependant nous pouvons assurer qu’elles couvrent un espace de plus de
trois cents mètres de longueur, sur environ cent cinquante de largeur. Les ren-
seignemens donnés par feu M. Malus s’accordent pour faire regarder ces débris
comme occupant un espace considérable, et l’ensemble des ruines comme très-
imposant.
En parcourant ce lieu pour la dernière fois, nous remarquâmes une très-grande
quantité de crânes et d’autres ossemens humains d’une éclatante blancheur : ces
ossemens ne remontent pas à la haute antiquité ; ce sont probablement les restes
des cadavres de quelques Arabes des tribus voisines.
La distance comprise entre la pyramide et les ruines de l’ancienne ^rsinoé ou
Crocodilopolis, au point le plus rapproché, est, d’après la mesure trigônométrique,
de sept mille quatre cent cinquante mètres.
DU NOME ARSINOÎTE. CHAP. XVI I. RUINES DU LABYRINTHE. 1 J
S E C O N D E PARTIE.
Comparaison des Ruines avec les Descriptions du Labyrinthe.
§. I ."
Observations préliminaires sur l ’Emplacement du L ac de Mceris.
Nous venons de donner une description succincte de tous les vestiges de
consti uctions Égyptiennes situes dans ce local ; nous allons maintenant comparer
Ienceinte, le temple et la pyramide, tels que nous venons de les décrire, avec
les récits des anciens au sujet du fameux labyrinthe. Au lieu de citer tous les
auteurs de suite, nous ferons, pour chacun d’eux, le rapprochement des passages
avec le local actuel : mais, comme la situation du labyrinthe est liée avec celle du
lac d||^Ioeris, et que rarement ils sont séparés dans les auteurs, nous allons d’abord
rappel«- en peu de mots ce que Ion peut regarder comme certain; sur l'emplacement
de ce lac fameux dans l’antiquité.
Tous les auteurs s accordent pour reconnoître que le lac de Mceris étoit d’une
nes-grande etendue, et quil etoit placé dans le nome Crocodilopolite, à peu de
distance de la ville de Crocodilopolis ou Arsinoé ; le grand lac qui subsiste encore
aujourd’hui dans le Fayoum, est donc le reste du lac de Mceris. Les preuves de
cette opinion ont été données ailleurs (r), et l’on a fait voir que ces deux laïcs con-
vençient ensemble pour l’emplacement, la forme et l’étendue ; que la position
géographique de l’un et de l’autre étoit la même; enfin qu’Hérodote, Diodore,
de Sicile, Strabon, Pline, Ptolémée, Etienne de Byzance, et les autres écrivains
de 1 antiquité, étoient conciliés sans peine, lorsqu’on adoptoit cette opinion. Mais
nous avons aussi reconnu que leBahr Belâ-mâ, cet immense ravin qui, d’Haouâ-
rah, se dirige au nord et.’ tombe dans le lac à Tâmyeh, faisoit, en quelque sorte ,
partie du lac de Mceris (z)r II convient d’insister ici sur le dernier point.
On croit avoir établi, avec toute l’évidence que peuvent comporter les discussions
de géographie ancienne, la concordance du lac de Mceris proprement
dit, avec le Birket-Qeroun, qui offre et peut seul offrir, dans toute l’Egypte,
1 etendue et le gisement du premier. La seule incertitude qui pourroit demeurer,
quand on compare superficiellement le local actuel avec le récit des historiens-,
consisterait dans la difficulté qu’il y a d’admettre qu’un lac aussi étendu soit
ouvrage de la main des hommes. Comment concevoir que la puissance Égyptienne,
ou quelque autre que ce soit, ait jamais suffi à une dépense ou disposé
dune poptilation telles que celles que supposeraient l’excavation et le transport
de trois cent vingt milliards de mètres cubes de terre ou de roche (3) î II faut- un
(0 Von le Mémoire sur le lac de Mceris, par (a) Voy^ le Mémoire ci-dessus, pag. 08 et ailleurs.
«. Jomard, Ant. Atém. tom. t ." , pag. 79. . ( M i . pag. 07'.
A . D .
(3) IV«t- pag- 97
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