
d’épaisseur. On y a appliqué une couche de stuc blanc, pour pèindre par-dessus
le sujet que je viens de décrire (i);
Enfin le dernier fragment, f ig.p, appartient à une caisse semblable à la précédente;
il répond au derrière de l'épaule gauche. Il n’én reste plus que des portions
d ornement et plusieurs colonnes d’hiéroglyphes. C ’est à Thèbes qu’il faut
aller pour trouver ces sarcophages de bois ou de carton beaucoup plus entiers
ou même tout-à-fait conservés. Il en est qui sont renfermés dans une seconde et
même une troisième caisse, et toutes ces enveloppes sont couvertes, en dedans
comme en dehors, dune multitude innombrable de figures, d’inscriptions, de
fleurs, dornemens et de sujets de toute espèce, tovis peints de riches couleurs :
tel de ces sarcophages a dû coûter sans doute un an de travail à plusieurs artistes
exercés, et ce n’est pas exagérer que d’estimer à quatre ou cinq mille francs de
notre monnoie le seul ouvrage du peintre.
3 .° AMULETTES, FIGURINES, &C.
D e tous les ouvrages des Égyptiens, ce qui, sans contredit, est le plus connu
en Europe consiste en petites antiques de tout genre, que l’on appelle amulettes,
et que 1 on présume que les Égyptiens portoient sur eux comme talismans et c om m e
préservatifs, soit par piété, soit par superstition. Quoi qu’il en soit de cette conjecture,
il paroît certain qu’ils avoient coutume de les déposer avec les morts. C’est
en fouillant les tombeaux que les Arabes et les fellah ont trouvé une quantité
infinie de ces amulettes dont nos cabinets sont surchargés. Malgré le peu d’intérêt
que présentent ces antiques, si on les compare aux monumens de l’architecture
et de la sculpture, cependant il en est qui, parleur matière, leur conservation, leur
travail et les inscriptions hiéroglyphiques dont elles sont ornées, méritent quelque
attention. Je n entreprendrai pas la tâche trop longue d’examiner ici toutes celles
que les voyageurs Français ont rapportées à leur retour, ni même celles qu’on a
jugées dignes d’être gravées, et qui remplissent les trente dernières planches du
V .e volume d antiquités. L ’Explication des planches peut, jusqu’à un certain point,
suffire à la description matérielle de ces antiquités; mais je m’arrêterai un moment
sur plusieurs des objets qui ont été trouvés à Saqqârah, et qui annoncent, sous |
ce rapport, quel étoit l’état des arts à Memphis.
La plupart de ces amulettes sont percés dans le sens de leur longueur ou de j
leur largeur; ils étoient enfilés ensemble par douzaine ou un plus grand nombrè:
on retrouve souvent le fil antique, encore bien conservé ; tantôt il est de laine et
tantôt de coton : entre deux amulettes, sont des tubes et des perles ordinairement
bleues (2).
Le plus souvent ces antiques sont faites de pâtes diversement colorées, quelquefois
enduites d’une couverte comme la faïence, ou bien d’un bel émail. Les
couleurs les plus brillantes sont le bleu foncé, sur-tout le lapis lazuli factice, art
dans lequel excelloient les Égyptiens. Il en est de terre cuite, plus grossièrement 1
(1) Voyt1 l’explication de la planche, pour le détail des couleurs des fig. i , y , 4 et y.
(2) Voyez pl. 85, A . vol. V, fig-17, ttf, 20, et ailleurs.
préparées. On se'servoit, pour les façonner, de moules de pierre en deux pièces ■
et Ion operoit, non pas en coulant la pâte liquide, mais par voie de pression sur
une pate molle; moyen qui étoit encore' plus expéditif et qui' explique la prodigieuse
cpiantite de ces idoles portatives. Le limon argileux que le Nil dépose
faisoit Je noyau de toutes ces pâtes.
La planche 67, A . vol.V, en présente une, entre autres, qui est l’image d’Har-
pocrate-, reconnoissable au geste qu’il fait de la main droite (,); uneseconde est
limitation de la haute coiffure portée par les dieux et par les prêtres (2); une
troisième est une petite figure de prêtresse accroupie (3). Il seroit trop long d’en
faire la description, et fastidieux de les énumérer La planche 8y du même volume
(4) contient des amulettes singuliers par leur forme, plus semblable à un
vase qu a toute autre chose. Les perles dont j’ai parlé, sont couvertes quelquefois
de mouches bariolées; cettè planche 89 en offre un exemple (y). Un de ces'
amulettes a la forme du poing, et un autre, celle de la grenouille {6).
Il paroît donc que beaucoup de ces antiques ne portoient l’image d’aucune
divinité, ni de rien qui eût rapport au cuite, à moins qu’on ne dise que tout sans
exception etoit consacré ou se rattachoit à la religion. Le petit chapiteau amulette
en forme de lotus, gravé planche 87 (7), appuie ma conjecture : on né conçoit
pas quel objet pouvoit avoir la superstition en façonnant l’image d’un fragment
darchitècture.
J1 n en est pas de même des objets suivans, représentés dans la même planche :
1." une figure de Typhon, d’un beau travail (8); 2.°un petit épervier (9) ; 3.“ deux
tetes de jeunes prêtres ou initiés (1 o),'appartenant à des figures brisées; 4.» une figure
ateted, bisou consacrée à Thoth ( 1 .) ; 5.» une figure d’Isis et une de Nephthys (. 2) ;
6. dans \a. p la n ch e^ , une figure de Typhon, tenant un vase par les anses (iq).
Presque tous ces fragmens sont purement religieux: parmi eux, je ferai remarquer,
sous le rapport de 1 art, la figure de Typhon (p l. § | fig . <> ), où les musdes Hsont
exprimes avec une fermeté remarquable ; et encore la physionomie du jeune initié-
(memeplanche, figure 4 i) , dont l’expression douce n’est point dépourvue de
grâce ou d’agrément.
Loeil, emblème d’Osiris ou du soleil qui voit et éclaire le monde entier, est
1 amulette le plus varié, le plus fréquent que l’on trouve dans les catacombes. Tantôt
est seul, tantôt doublé ou quadruplé, souvent environné d’un cadre, toujours
surmonté d’un sourcil, et accompagné dessous d’un trait recourbé, et de plusieurs
traits qui tombent droit sous la prunelle, comparés mal-à-propos à des larmes.
nest Pius commun T le cet amulette, et je n’y insisterai pas davantage (14).
(lO) PI. 87 j fig. 40 à 43.
(n ) Jbid. fig. 44.
(12) Jbid. fig. 56 et 61.
(13) PI. 89, fig. 16. .
Ce sujet rappelle la figure analogue de la/?/. 82, A.
vol. I I , tableau astronomique.
(14). Parmi ceux qu’on a trouvés à Saqqârah, je ne
citerai que les fig. 18 et 2j de la pl. 67, A . vol. V , et la
fig. 2; de la pl. 87.
C *
(0 PI* 67, fig. 1 3 , 14.
(2) Jbid. fig. 20. Voyez aussi pl. 8a, fie. 22 24.
il) Jbid. fig. 28. ° ^
(4) PI. 85, fig. 4» 10, 11.
(5) Jbid. fig. 12, 18.
(6) Voyez pl. 8p,fig. iç>, 20, 2 ; e t26.
(7) PI. 87, fig. 8.
(8) Jbid, f ig . 9.
(9) Jbid. fig. 18.
A. D .