pice, n’existe plus : on l’a supprimé pour y graver des caractères Grecs. C’est cette
inscription Grecque, d’un genre fort curieux, et sous le rapport de sa composition
et sous le rapport plus important dé l’histoire des monumens de l’Egypte, qui J
faire l’objet du paragraphe suivant : mais auparavant je ferai remarquer les rapports
simples qui existent entre les principales dimensions de cet édifice.
Si l’on divise en dix parties la hauteur de la colonne, y compris la base et |J
dé , on trouve que l’entablement renferme 3 de ces parties
le diamètre................................................... 2,
la hauteur de la porte principale 6,
le chapiteau................................................. 2,
la corniche 1 •£,
, l’architrave, avec le cordon 1 —,
la hauteur des assises; m . . i§f
la hauteur totale.......................................... 13 -j-.
Or cette dixième partie de la colonne est précisément le module ou demi!
diamètre inférieur.
La façade, restaurée d’après les règles ordinaires, avoit quarante de ces modules;!
c’est-à-dire, le triple de la hauteur, ou enfin cent coudées: la hauteur de la colonnil
avoit vingt-cinq coudées; celle du chapiteau, cinq ; celle de la porte, quinze;s!
le diamètre de la colonne, cinq. (Voyez mon Mémoire sur le système métrique cl s!
anciens Egyptiens, chap. iv .)
Je rappellerai aussi, en peu de mots, les caractères de singularité que-présemil
le temple d’Antæopolis : le premier consiste dans ce monolithe, qui, dans sefl
dimensions et dans la forme de son pyramidion, retrace tout-à-fait la figun!
d’un obélisque ; le second, c’est le nombre impair des feuilles de dattier qui orne.™
le chapiteau des colonnes; le troisième est dans les entre-colonnemens de la
façade, garnis de portes comme celui du milieu, qui ordinairement est le seul
ouvert.
Deux peuples célèbres ont gravé des inscriptions sur ce temple. Ils ont mis il
honneur d’apprendre à la postérité qu’ils en avoient réparé quelque partie ; et aujourd’hui,
après tant de siècles, les hiéroglyphes, les sculptures, et toutes te
inscriptions en langue sacrée, sont encore conservés et intacts, tandis que les lettrfj
Grecques et Romaines, gravées après cou p , sont presque illisibles et éparses sd
des débris.
s. V .
Inscription Grecque tracée sur la Frise du Temple.
A v o i r aperçu les restes de la sculpture Egyptienne encore subsistans parmi te
lettres Grecques de l’inscription que les Ptolémées et les empereurs ont fait grave*
sur la frise d’Antæopolis, est une circonstance heureuse, une sorte de découvert*
utile pour assigner l’antiquité relative des monumens bâtis en Egypte : aussi vais-jtH
m’attacher à consigner ici soigneusement tous les détails de cette observation,
que j’ai déjà exposée dans un Mémoire sur les. inscriptions antiques (1). Si l’ornement
Egyptien a disparu sous l’inscription, celle-ci, à son tour, est, pour ainsi
dire, détruite, puisqu’elle est divisée en six fragmens, qu’il n’en reste que deux en
place, et qu’on en trouvé avec peine trois autres à terre. Cependant, si l’on
se sert des dimensions données par les mesures de la frise pour rapprocher tous
ces fragmens,-copiés et mis à une même échelle entre des limites données, on
parvient à restaurer et à lire l’inscription, et à acquérir la preuve qu’elle a été substituée
à un symbole de la religion Egyptienne. Ainsi ont été trompés dans leur
dessein ceux qui ont voulu dépouiller les Egyptiens de la gloire d’avoir érigé le
beau temple d Antæopolis, si toutefois telle a été leur intention, en y écrivant en
effet une inscription Grecque à l’honneur des modernes souverains.
Le monument d’Antæopolis n’est pas le seul où les Grecs et les Romains ont
gravé des inscriptions : mais il est l’unique où l’on ait employé à cet effet la frise,
et, par conséquent, où l’on ait osé enlever les caractères hiéroglyphiques ; ce qui
est déjà une circonstance propre à démontrer que l’inscription est du temps des
Romains, et non des rois Grecs, protecteurs, comme on le sait, de la religion Égyptienne.
Par-tout ailleurs les inscriptions du temps des Lagides, et même des empereurs
Romains, sont tracées sur le listel des corniches, qui présentoient en effet
un espace uni et lisse, le seul de ce genre qu’admette l’architecture Égyptienne:
mais cet espace est nécessairement très-étroit; il ne peut recevoir que deux ou
trois lignes d’écriture. Si l’on avoit à inscrire quelque texte un peu long, il falfoit
donc prendre un autre parti ; savoir, celui d’enlever les inscriptions hiéroglyphiques
elles-mêmes.
La frise d Antæopolis présentoit une circonstance favorable à ce dessein.
Tandis que, dans la plupart des temples, la frise est ornée, d’un bout à l’autre,
par des hiéroglyphes profondément gravés en creux, ici elle renfermoit au milieu,
ainsi que la frise d’Apollinopolis magna, un vaste globe ailé, taillé en relief,
correspondant à celui de la corniche, et finissant, comme lui,aux deux colonnes
du milieu : sa longueur étoit de plus de six mètres ; et sa hauteur, d’un mètre et
demi environ.
G est ce globe que l’on a gratté ; mais quelques-unes des pennes de droite ont
laisse des tiaces que les profanateurs ont oublié d effàcer, et ces traits nous ont fait
découvrir la supercherie, après un examen attentif. J’en ai fait d’abord l’observation
, et je l’ai consignée dans mon journal de voyage ; trois de mes collègues
1 ont également notée, et d’autres témoins encore ont observé le fait comme moi.
Il eut été plus difficile d’exécuter ce dessein, si toute la frise eût été sculptée
en hiéroglyphes. En éffet, il eût fallu alors abattre la pierre de plusieurs pouces
de profondeur, et graver ensuite 1 inscription sur ce plan reculé; mais le ton de
la pierre, changé dans un espace plus étendu, et le renfoncement sur-tout, auroient
toujours décelé cette fraude.
Aujourdhui la plus grande partie de l’entablement est renversée. Trois des
(1) Voyei le Mémoire sur les inscriptions anciennes recueillies en Egypte, i.re partie.