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Les frises sont décorées de faisceaux qu’on a comparés à des fers de lance
mais qui représentent des plantes bien certainement.
Il seroit aisé de faire ici une foule de rapprochemens curieux, soit avec les
historiens, soit avec l’état actuel des usages de J’Égypte : mais le lecteur instruit
pourra y suppléer aisément; et les bornes de cet écrit ne me permettent pas
d’ailleurs de m’étendre davantage.
Je finirai cette description succincte des hypogées de Beny-Hasan, en observant
que 1 on trouve des débris de momies dans la grotte principale ; ils ont été extraits
d un puits qui est à côté de la grande salle. C ’est un fait qui prouve que ces
distributions souterraines ont servi dé catacombes.
§. X I .
R u in e s à e l - A 'n b a g ê o u M e d y n e t D â o u d , e t a u x e n v ir o n s ; H a y t e l - A ‘g o u ÿ , à “c.
L e nom Sel-A"nbagé (t) est donné à des ruines inconnues et d’une étendue
fort considérable, situées dans la plaine de la rive gauche du N i l, en face des
grottes sépulcrales de Beny-Hasan, entre le village de Koum el-Zohayr et celui
de Menchât-Da’bes. La longueur totale de cet espace depuis Koum Beny-
Dâoud, au n ord, jusqu’à l’extrémité sud, n’a pas moins de cinq mille mètres.
Trois buttes élevées se remarquent dans cet intervalle; le terrain qui les sépare,
quoique moins exhaussé, domine encore sur la plaine, et il est recouvert lui-
même de décombres et de débris : de temps en temps on aplanit une partie de
cet espace, et la culture s’en empare. Il est donc permis de croire que toutes
ces ruines étoient liées ensemble, et ne formoient jadis qu’une seule enceinte
habitée.
E l-A ’nbagé porte aussi le nom de Medynet Dâoud (2) ou ville de David, et les
ruines du nord ont aussi le même nom, Koum Beny-Dâoud, ou butte des enfans de
David; ce qui semble annoncer une haute antiquité, comme tous les endroits qui
portent le nom de Joseph. Les Arabes ont toujours donné dès noms pareils aux
anciennes villes ou aux ouvrages de l’antiquité Egyptienne.
Aujourd’hui la grande route passe par le milieu de ces ruines, qu’on traverse
pendant plus d’une heure, sans rencontrer un seul village. C ’est là que les Arabes
se tiennent quelquefois pour attaquer les voyageurs : aussi ce passage étoit regardé
comme dangereux. La plus étendue des buttes de ruines est celle du sud: on y
trouve beaucoup de pierres taillées, et des briques cuites, d’une grande dimension.
J’ai vu un mur, enfoui bien avant sous les décombres, large d’un mètre et demi;
il est bâti très-solidement, et formé avec ces,grandes briques. A mesure qu’une
colline s’abaisse et que l’inondation atteint jusqu’au sol (ce qui arrive par l’exhaussement
croissant du fond du Nil), on y introduit la charrue, on ensemence, et
les ruines disparoissent.
( ] } L e m o t s’c c r it aussi el-A'nbagyé. (a)
DE L H E P T A N O M ID E . CHAP. XVI . ^ 2
Un assez grand canal, quia des levées très-hautes, arrosoit autrefois le pied
des décombres; il est aujourd hui comblé. Les habitans regardent ces levées comme
unq partie des ruines ; mais il est \jsjble qu’elles appartiennent à un ancien canal :
elles ont servi depuis à former la digue de Menhary.
La grande digue, surnommée bleue, ou gesr el-azraq, qui passe par Garris, Men-
tout, et se prolonge jusqu’au canal de Joseph, prend son origine à cette butte du
midi. Une autre butte, au nord, porte le nom de Cheykh Etmân el-A ’nbagâouy ;
elle est élevée de cinq à six mètres : il s’y trouve une grande quantité de poteries
brisées. Enfin, plus loin encore vers le nord, et à l’extrémité des ruines, est la butte
appelée Koum Beny-Dâoud, dont j’ai parlé. On y trouve beaucoup de ruin.es en
briques cuites, et des débris de vases, &c.
Quoiqu’il ne reste pas de monument conservé dans cet emplacement, on ne
peut méconnoître dans tous ces vestiges une ancienne position. Outre que le nom
de Medynet est toujours donné par les gens du pays aux villes de l’antiquité, il y
a encore ici d autres motifs pour le penser. D ’après la remarque générale que j’ai
eu occasion de faire plusieurs fois, à côté d’une ville ancienne on est sûr de
trouver, dans la montagne voisine, des carrières et des catacombes ; et réciproquement,
dès quon trouve quelque part des hypogées, c’est le signe d’une ancienne
ville placée dans le voisinage. Ceux de Beny-Hasan doivent donc .avoir appartenu
à quelque grande ville des environs ; et comme les ruines de Beny-Hasan le vieux
sont trop petites pour répondre à l’étendue et à l’importance de ces catacombes,
que l’espace^compris entre la montagne et le Nil est lui-même trop étroit pour
quil ait pu jamais renfermer une ville un peu étendue, j’en conclus qu’il faut
chercher celle-ci, en face de la montagne, là même où sont les ruines de Medvnet
Dâoud.
Je conjecture que c est la qu étoit située Theodosioupolis, dont il est fait mention
deux fois dans la Notice d’Hiéroclès, parmi les dix villes principales de la
Thébaide inférieure et de l’Arcadie. On a cru que cette ville étoit au même endroit
qtie Tahâ el-A’moudeyn ; mais, ainsi que je l’ai dit dans la Description SHermopolis
mag«* (t.), il y a très-peu de vestiges dans cet endroit, qui est beaucoup plus au
nord, et qui probablement correspond à Ibeum. Comme on n’a donné aucune
position convenable à Theodosioupolis, et que les ruines de Medynet Dâoud, jusqu’à
présent inconnues, répondent d’une manière satisfaisante à l’emplacement que
demande Hiéroclès, je crois pouvoir conjecturer avec vraisemblance que là étoit
la ville de Théodose.
P un autre c° té; 1 beodosioupolis est une dénomination récente, qui a été imposée
a l’ancienne ville Égyptienne. C’est ainsi que sous Arcadius, fils de Théodose le
Grand, l’Heptanomide prit le nom SArcadia. Il resterait donc à découvrir le
nom antique de 1 endroit ; mais la géographie n’en fait aucune mention, à moins
que ce ne soit la ville appelée Isui dans la Notice de l’Empire, et dont'on ignore
la place. Les Romains y entretenoient un poste de Bretons (2). A u reste, le
(0 Voyez A . D. chap. X IV , pag. n .
(2) A la quarta Britonum Isui. ( JVuihia utr. imper, pag. 90. )
A. D .
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