« recherché ces liens de cuivre, et en ont arraché une grande quantité. Pour y
» parvenir, ils ont brisé beaucoup de ces pierres. En vérité, iis se sont donné
» bien de la peine pour les enlever, et ont fait voir toute leur bassesse et leur
>3 sordide cupidité.
>3 Quant aux figures d’idoles que l’on trouve parmi ces ruines, soit que l’on
33 considère leur nombre, soit que l’on ait égard à leur prodigieuse grandeur
33 c est une chose au-dessus de toute description et dont on ne sauroit donner une
33 idée; mais ce qui est encore plus digne d’exciter l’admiration, c’est l’exactitude
33 dans leurs formes, la justesse de leurs proportions, et leur ressemblance avec
33 la nature. Nous en avons mesuré une qui avoit plus de 30 coudées, et du
33 devant au derrière elle étoit épaisse en proportion. Cette statue étoit d’une
33 seule pierre de granit rouge; elle étoit recouverte d’un vernis rouge auquel
33 son antiquité sembloit ne faire qu’ajouter une nouvelle fraîcheur.
33 Certes, rien n’est plus merveilleux que de voir comment on a su conserver
33 dans un colosse aussi énorme la justesse des proportions que garde la nature.
33 On n’ignore pas que tous les membres du corps, soit instrumentaires, soit
33 similaires, ont certaines dimensions propres, mais qu’ils ont aussi certaines pro-
33 portions relatives avec les autres membres. C ’est de ces dimensions propres
33 et de ces proportions relatives que se forment et se composent la beauté du
33 tout et l’élégance de la figure entière. S’il manque quelque chose à ces condi-
33 tions, il en résulte une difformité plus ou moins grande, suivant que ces dé-
33 fauts sont plus ou moins graves. Or ce rapport de toutes les parties a été
33 observé dans ces figures avec une vérité qu’on ne peut assez admirer, d’abord
33 pour les justes dimensions de chaque membre considéré séparément, et ensuite
33 pour les proportions respectives que les différens membres ont entre eux. >3
( Ibid. page 186.)
« Il y a quelques-unes de ces figures que l’on a représentées tenant dans la
33 main une espèce de cylindre d’un empan de diamètre, qui paroît être un vo-
33 lume ; et l’on n’a pas oublié de figurer les rides et les plis qui se forment sur la
33 peau de la main, quand on la ferme, vers la partie externe attenant le petit doigt.
33 La beauté du visage de ces statues et la justesse de proportions qu’on y remarque
33 sont ce que l’art des hommes peut faire de plus excellent, et ce qu’une substance
33 telle que la pierre peut recevoir de plus parfait. Il n’y manque que l’imitation
» des chairs et du sang. La figure de l’oreille,de son pavillon et de ses sinuosités,
33 est faite pareillement avec une ressemblance parfaite.
33 J ai vu deux lions placés en face 1 un de l’autre à peu de distance; leur as-
33 pect inspiroit la terreur : on avoit su, malgré leur grandeur colossale et m f in i-
33 ment au-dessus de la nature, leur conserver toute la vérité des formes et des
33 proportions; ils ont été brisés et couverts de terre.
33 Nous avons trouvé un pan assez considérable des murailles de la ville, qui
33 étoient bâties en petites pierres et en briques. Ces briques sont grandes et
33 grosses, d’une forme oblongue : elles égalent à peu près la moitié d’une de ces
» briques de l’Irak, qui sont du temps de Chosroès. 33 [Ibid. page 189.)
« Quelque grand que fût le nombre de ces statues; elles ont éprouvé les ran
g e s du temps à un tel point, que, si.l’on en excepte un très-petit.nombre,
Î elles, spirt augourdhui brisées en morceaux , et ne sont plus que des amas de
„ décombres. J en ai vu une très grande, dans le côté de laquelle on avoit taillé
„ une meule d un diamètre de deux, coudées , sans que là statue en. fût par 'trop
.3 difformee et qu elle eût éprôuvé une altération bien sensible J’ai vu aussi une
,, statue qui, entre ses jambes, en avoit uhe autre plus petite, faite du même bloc!
,3 celle-ci, par comparaison àvec.la grande, paroissoit être un enfant ; ët cependant
.3 cette petite statue égaloit la taille de l’homme le plus grand. Elle étoit d’une
,, beauté et d’une grâce qui enchantoient lès regards, et l’on ne pouvoir se lasser
» de la considérer. » ( Ibid. page t,o)4 - )
Maqryzy parle aussi de cette chapelle monolithe, auprès de laquelle il y avoit
autrefois, dit-il, deux grandes statues. « D'ans la chapelle étoit. une statue d’Aziz-
,, cette statue était d or, et avoit pour yeüx deux pierres fines du plus grand prix:
33 la chapelle et les .deux statues qui étoient dans son voisinage furent mises en pièces
après,l’an 600 de l’hégire. 33 Quelques lignes plus loin, il s’exprime d’unè manière
plus positive:,« II y avoit à Memphis, dit-il,une maison de cette pierre dlite de
» granit, sur laquelle le fer ne mord point; elle étoit d’une seule pièce; On voyoit
» déasus des figures sculptées et.de l’écriture. Sur la iface de la porte étoient des
» figures de serpeiis qui présentaient leur poitrail. Cette pièce étoit d’une grandeur
.3 et d’un poids, tels, que plusieurs milliers d’hommes réunis n’auroient pu la re-
» muer. Les Sabéens disent que cetoit un temple consacré à la Lune,, et qu’ilfaisoit
»partie de sept temples pareils consacrés aux sept planètes, et qui .existaientà
»Memphis. L ’émyr Seïf-eddin Scheïkhôu Omari ( 1 ) brisa cette maison-verte
» après 1 année 750 [ 1349 ] ; et 1 ôn en voit dès morceaux dans le couvent qu’il
» a fondé (2), et dans la djami qu il a fait construire âu quartier des Sabéens (3.);
33 hors du Kaire. » L auteur du Tohfat al-albab en parle aussi (4) : « J’ai vu, dit-il,
33 dans le palais du Pharaon. contemporain de Moïse, une maison très-grande”
»dune.seule pièce, vertfe comme Je myrte, sur laquelle étoient représentés les
» sphères célestes et lès astres. Je n’ai jamais rien vu de plus admirable. 33 ( Ibid.
notes, de M. de Sacy, pages 247 et 248. ) ,,
« f)es auteurs Orientaux, que 1 on ne nomme pas, rapportent que l’on comptoit
» a Memphis soixante-et-dix portes en fer, quatre canaux souterrains, des ponts et
» des digues; qu’au moyen d’une machine l’eau étoit élevée jusque sur le sommet
» des murailles, d’où elle se portait par différens canaux dans toutes les maisons.
» D autres circonstances fabuleuses sont jointes à ce récit. 33 (y );
Apres avoir lu là description d’A ’bd el-Latyf, combien on regrette que tant
n Langlcs écrit le nom de l’émyr, Seyf-cddyn l'on, détruisit tout ce qui restait de cette ancienne ville ( ibid.
■ulteykhanâ el-Ghamry ( notes,sur le Voyage de JVorden, page 24.3,)., ..
(4) NI. Langiés dit que cet auteur est dn x n .e siècle
»“ /tsJans%le marche et la mosquée de ce prince, selon [ibid. page 244).
nglès (ibid.). * ■ v ( î ) Jbid. pâge ¿43- M- Langlès pajoit avoir puisé ces
, . e (l uart,er el-Selebyeh, hors du Kaire , traditjops dans un naémoire de M.,Wilfprd, .topie III, des
Seon mcme. II ajoute que l ’émyr A ’tabeq ordonna que Recherches, Asiqtiquçs.