
^ d e s c r i p t i o n d e s a n t i q u i t é s
produite par la cause que je viens d’exposer ; c est un démembrement de 1 ancienne I
rive droite du fleuve,, et de la plaine qui l& séparoit d’Antæopolis dans les temps!
reculés, à l’époque où ce lieu étoit Méditerranée, ptmyu»(, ainsi que 1 appelle!
Ptolémée (i). Aujourd’hui les monumens qui étoient loin du N il, sont exposés!
à être détruits par les eaux, qui bientôt baigneront le pied des colonnes (2). 11 nyI
avoit pas plus de vingt ans, à l’époque de 1 expédition Française, que la grande!
île étoit jointe au continent, si l’on en croit le rapport des gens du pays.
H é ro d o te , Strabon , Pomponius M êla, Solin, gardent le silence sur la ville!
d’A n té e en Égypte ; Pline nomme seulement le nome Antoeopoiites parmi ceux qui!
font partie de la Thébaïde : mais ces trois derniers auteurs parlent d un roi!
An té e en Mauritanie, défait par Hercule, et d’une ville de son nom, située dans!
cette partie de l’Afrique. Il paroît que cet Antée a ete confondu avec celui des!
Égyptiens. Mais Diodore. a parlé de ce dernier dans trois endroits de sa Biblio-I
thèquê : comme les passages de cet historien doivent être cites dans le dernier para-:
graphe, je ne crois pas devoir m y arrêter davantage.
Bien qu’H érodote ne parle pas d’Antée , il s explique nettement, dans plu- ;
sieurs passages, au sujet de l’Hercule Égyptien, bien antérieur au fils d Alcmene (3)!
C ’étoit, selon cet auteur, le plus ancien des douze grands dieux de 1 Égypte, qui!
sont postérieurs aux huit premiers dieux. P an , Hercule et Bacchus, dit Hérodote!
passent parmi les Grecs pour les dieux les plus recens, tandis que chez lès Égyptiens
ces dieux sont très-anciens. Macrobe dit aussi que les Égyptiens adorent!
Hercule, qu’ils ont pour cette divinité la plus profonde vénération, et que c a l
peuples, dont les traditions remontent si haut, n’ont jamais connu son origine. I
L a ville d’Antée n’est pas au nombre de celles où les Romains entretenoientdesl
troupes; mais à Muthis, à quelques milles de l’endroit, il y avoit une cohorte e n !
garnison (4 ). Cependant cette ville est demeurée, sous la domination Romaine!
le chef-lieu d’une préfecture ; l’existence du nome Antoeopoiites est prouvée par lefl
médailles, au moins jusqu'à l’empereur Trajan. On lit sur le revers de la médaille!
frappée pour ce nome, les mots A N T A I . L I T , et du coté de la face, A T . T P A I A s I
CC.B rePM A (5 ) ; c*est-à -dire , im p e r a to r t r a j a n u s a u g u s tu s germanicusM
D A C I C U S ; A N T Æ O P O L I T E S , A N N O X I I I . °
Aujourd’hui Qâou n’est plus qu’un village dépendant de la province de Girgelii
Il est bâti en maisons de brique assez bien construites : des tombeaux placés en!
(1) Km ¿rtvnfMi Si tgl tîb wr. Aktb/omunç
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ju o ç .................................................................................... ^ 7 - 7 "
(2) C’est à ce mouvement progressif du Nil vers
l’orient que sont dus les îlots, les bas-fonds et les canaux
étroits qui rendent difficile la navigation de cette
partie de son cours; nous en avons fait la fâcheuse expérience
à notre départ de Qâou. Depuis trois heures du
soir et toute la nuit suivante, notre barque est restee
engagée dans les sables, malgré de pénibles efforts,
et au milieu des coups de vent les plus violens. Le lendemain
seulement, elle a pu se remettre à flot par le
secours d’un grand nombre d’hommes qui, s’étant mis
Ab orientali autem partefluvii Antoeo-
polites nomus, et metropolis Antæi medi- Long. ûfc H
terranea.................................................. 62° 20 27* fo| |
dans le fleuve avec nos matelots, sont parvenus à li|
soulever.
(3) Herod. Hist. lib. I l , c. 44» 4 j et 145-
(4) Vid. Notit. utriusqueImperii j pàg. 90. Muthis, sui'H
vant l’Itinéraire ; Mutheos, suivant la Notice. La Jabk^H
de Peutinger ne fait point mention non plus de ceifl ' .
ville d’Antæopolis.
(5) Voyez la planche des nomes d’Egypte, A. vol-I ij
voyez aussi le Mémoire sur les nomes et la carte numisoit H
tique de l’Egypte.
d ’ a n t æ o p o l i s . c h a p . x i i . 5
avant offrent des formes remarquables, un sur-tout qui porte aux quatre angles
des oreillons à la manière des tombeaux Grecs et Romains. II.ne possède aucune
industrie particulière, et les habitans m’ont paru plus qu’ailleurs livrés à la paresse
et à l’oisiveté. Par-tout, il est vrai, la curiosité qu’excitoient nos travaux et nos
recherches, rassembloit autour de nous la population des villages; et cette multitude
demeuroit comme en contemplation et oisive pendant des heures entières:
mais j’en ai été frappé à Qâou plus qu’ailleurs. L e pays n’est point riche, il est mal
cultivé : aussi à cette indolente inaction des fellâh se joignoit une disposition
d’esprit voisine de la malveillance et contraire à nos travaux. Combien n’avons-
nous pas eu de peine pour pénétrer dans le village, pour avoir de légères provisions,
pour nous faire conduire à la montagne! Ils s’étoient d’abord tous enfuis;
ce n’est que long-temps après qu’ils revinrent : un air sombre et défiant chez les uns,
chez les autres une attitude contrainte et presque menaçante, par-tout froideur et
mauvaise volonté, tel est l’accueil que nous avons reçu à Qâou. Il n’en étoit pas de
même dans les endroits plus riches, là où la culture étoit prospère, et l’industrie
plus florissante; nous y avon s .au contraire, trouvé presque toujours une confiante
bienveillance, compagne ordinaire‘fle l’état d’aisance et de bien-être.
J’ai vu à Qâou des scarabées d’une grande taille, que les paysans avoient trouvés
dans les fumiers. Un fait plus singulier à citer est l’existence d’un dattier qui, aux
deux tiers de sa hauteur, se divise en deux tiges égales ; chacune de ces tiges est plus
grosse que le tronc, et chacune aussi porte une tête aussi grande, au moins, que s’il
n’y en avoit qu’une seule sur l’arbre. A u point de la bifurcation, le tronc est plus
épais qu’en dessous, et semble annoncer une maladie du palmier. C e phénomène
est le seul du même genre que j’aie .vu en Égypte, et je n’ai pas entendu dire qu’aucune
personne ait vu d’autres dattiers bifùrqués ( i ).
§. I I I .
Vtstiges d’antiquités qui subsistent à Qâou et aux environs.
L es restes de l’ancienne ville d’Antæopolis consistent dans un temple principal
avec des buttes de décombres tout autour et une grande enceinte qui l’enfermoit,
un édifice à l’ouest, orné de colonnes, et des murs de quai baignés par le Nil. O n
peut ajouter, comme des dépendances de la ville, la carrière et les hypogées pratiqués
dans la montagne Arabique.
L e grand temple devant faire l’objet du paragraphe suivant, je vais décrire d’abord
les ruines environnantes.
L e village de Qâou est divisé en deux parties, l’une qui est sur le bord du N il,
e t 1 autre au nord-est. C ’est au levant de la première que sont situées Jes ruines et
les buttes de décombres. L ’enceinte rectangulaire qui enfermoit les monumens,
sétendoit sans doute jusqu’à cette partie du village, et elle se rattachoit probablement
a un grand mur de quai qui étoit à l’extrémité la plus occidentale des
. ( 0 M. Cécile l’a représenté dans sa vue du portique. Voyez planche 40, A. vol, IV