
torrens. L à ,s e trouve une espèce de bas-fond formant un chemin, que les cara-
vanes suivoient autrefois, et quelles peuvent: suivre encore aujourd’hui, pour re- I
joindre la route de Qoçeyr. D ’après le témoignage des historiens, il paroît que I
la grande importance de la ville de Coptos ne date guère que de l’époque où les I
Ptolémées en firent en quelque sorte l’entrepôt du commerce de l’Inde, au moyen I
de la route qu’ils établirent de cet endroit jusqu’à Bérénice, à travers les montagnes I
et les sables du désert. Il ne faut pas croire, toutefois, que sous le gouvernement I
Égyptien cette ville n’occupât point un rang distingue : les ruines qu elle piésente, I
en rendent témoignage, au défaut de 1 histoire. On y remarque, en effet, une an- ^
cienne enceinte Égyptienne et les restes de deux temples de la haute antiquité. Une I
autre^enceinte,,construite en briques séchéesau soleil, enferme une ville bâtie par j
les Sarrasins, et maintenant déserte, comme celles des Romains, des Grecs et des I
Égyptiens : elle est flanquée de tours, et son épaisseur est de quatre mètres. La petite
dimension des briques qui y sont employées, ne permet pas de supposer qu’elle soit
antérieure à la conquête de l’Égypte par les Arabes. Ainsi, d une ville que le coin- ■
merce avoit rendue successivement riche et florissante à quatre époques différentes,
il ne reste plus actuellement rien que de misérables cahutes, formant, à l’ouest des
ruines, le village de Keft. L ’espace occupé par les décombres est de forme irrégu- :
lière, et peut avoir dê quatre mille à quatre mille cinq cents mètres de circuit.
Les deux temples Égyptiens dont nous avons parlé, offrent, dans leurs parties
inférieures, de riches ornemens, semblables à ceux que nous avons indiqués
ailleurs, et notamment dans le grand temple d’Esné. Les sculptures que représente
la planche i , A.vol. IV, ornent les apophyges des colonnes, qui s élèvent |
encore au-dessus du sol de décombres dans l’un des deux édifices. Le diamètre de
ces colonnes est de i ”,6o. Les débris d’une porte ou d’un pylône en granit se font
aussi remarquer panni.les ruines. Tout près de la, sont des fragmens de poiphyre
et de granit rouge et gris. A Coptos, on retrouve, ainsi qua Hcnnontlùs et dans
d’autres lieux de l’Égypte, les restes d’une église Chrétienne. Les murailles en
ruine qui en forment la clôture, renferment beaucoup de fragmens de colonnes et
de pilastres en granit, autrefois l’ornement de cet édifice. Ces colonnes etoient
surmontées d’espèces de chapiteaux Corinthiens en pierre, comme il en existes
Medynet-Abou, et à Antinoé, non loin de l’arc de triomphe. Près d’une niche
circulaire, on voit une architrave ou une frise composée de triglyphes, avec des
têtes de taureau et des patères” dans les métopes. Ce fragment ne peut provenir
que d’un édifice construit par les Grecs ou par les Romains. Ailleurs, M. Dutertre,
l’un de nos collègues, a dessiné un ornement de tiges et de fleurs de lotus, qui
paroît être un ouvrage Grec ou Romain, fait à limitation des ouvrages Égyptiens,
et tel que nous en avons déjà fait connoître à Medynet-Abou ( i ). Tous ces
fragmens divers peuvent suppléer, pour ainsi dire, aux détails que 1 histoire ne nous
a point transmis sur l’importante ville de Coptos. Les édifices Égyptiens annoncent
que, sous le gouvernement des rois indigènes, elle avoit ses temples consacres aux
dieux du pays, comme toutes les villes un peu considérables de I ancienne Égypte.
(i) Voyez planche y , Jtg. 3 , A . vol. II.
Probablement,
Probablement, à cette époque, elle n’étoit point aussi florissante qu’elle l’est devenue
depuis; car alors, saris doute, la ville de Thèbes étoit encore l’entrepôt,du
commerce, auquel elle a du l’état de splendeur dont il subsiste encore de si éclatans
témoignages. Les restes de l’architecture des Grecs, et des Romains rappellent ce
que ces possesseurs de l’Égypte ont ajouté g l’embellissement d’une ville que le
commerce avoit enrichie ; et la destruction de l’église, évidemment construite avec
les débris somptueux des monumens des âges précédens, date, sans doute, de
l’époque de la persécution de Dioclëtien. Nous sommes donc loin de penser,
comme quelques voyageurs modernes l’ont avancé, et comme quelques archæo-
Iogues seraient portés à le croire, que l’existence des temples Égyptiens de Coptos
prouve que des monumens dans le style de l’architecture antique ont été construits
en Égypte postérieurement à la conquête d’Alexandre. En effet, pourquoi les Grecs
et les Romains auroient-ils bâti à Coptos des édifices dans le style Egyptien, lorsqu’ils
pouvoient en construire dans le styfe de leur architecture ! ce qu’ils ont
réellement fait. Supposera-t-on que c’est par un goût de prédilection pour l’architecture
Égyptienne ! Mais on ne voit pas pourquoi ce goqt les auroit si promptement
abandonnés, et pourquoi ils seraient revenus sitôt à leur propre architecture
, dont on retrouve de nombreux débris épars çà. et là parmi les ruines de
Coptos. On doit convenir qu’il est tout simple que les Grecs et les Romains,
vainqueurs de l’Egypte, et pressés, comme tous les conquérans, par le désir de
transmettre leurs noms à la postérité dans des monumens publics , aient apporté
dans l’érection de ces édifices quelque chose qui leur étoit propre , plutôt que
d’emprunter servilement un genre d’architecture qui ne pouvoit s’accommoder
ni à leuis habitudes, ni à leurs moeurs, ni à leurs idées religieuses. Tout au plus
pourrait - on adopter une opiriion contraire, s’il étoit avéré que les Grecs et les
Romains n’eussent point élèvé en Egypte de monumens dans le style propre de
leur architecture. Mais loin de là, ils y ont bâti des villes tout entières ; telles sont,
entre autres, Alexandrie et Antinoé. Quoique le temps ne les ait point respectées,
comme il a fait des monumens Égyptiens, cependant, au milieu des décombres,
seuls restes de l’ancienne capitale du royaume des Ptolémées, on trouve beaucoup
de fragmens d’architecture Grecque, et Antinoé n’offre que des édifices tout-à-fait
dans le style de l’architecture Romaine.
Les restes de l’état florissant de l’ancienne Coptos ne se font pas seulement
remarquer dans l’enceinte des ruines que nous avons indiquées : à deux mille
mètres environ des décombres, au village de Kymân, on voit un petit temple sans
colonnes, mais encore tout couvert d’hiéroglyphes et de sculptures allégoriques
représentant des offrandes aux dieux de l’Égypte ; c’est un petit sanctuaire analogue
à celui que nous avons trouvé dans les environs d'Elethyia, et qui dépendoit de
cette dernière ville. Le petit édifice de Kymân est situé sur le bord d’un grand
canal, par lequel les eaux de l’inondation arrivent dans la plaine de Coptos.
En longeant au sud-sud-est la butte de décombres où se trouvent les ruines dont
nous avons parlé, on aperçoit une belle chaussée qui, traversant perpendiculairement
la plaine, va aboutir au pied de la chaîne Arabique. Cette chaussée avoit
A. d . i