que j’assigne à Cyno, la ligne de route porte directement à Alexandrie. N’ayant
point à m’occuper ici du nome Phthemphites, dont la capitale avoit pour nom
Taua, je ne ferai pas la recherche de ce nom de lieu,- écrit quelquefois Tafa, et
que je n’ai pas retrouvé dans la nomenclature actuelle. J’ajouterai encore, au sujet
de Cynopolis, que cette ville faisoit partie de l'Ægyptus secunda ( i ) : cette condition
est remplie par Tell-Mokhdem, qui est séparé de l’Augustamnica secunda par
la branche Busiritique (2).
Busiris. — La ville de Busiris a été généralement placée à Abousyr, lieu
situé sur la rive gauche de la branche de Damiette, au midi de Semennoud. Si le
motif en est la ressemblance des noms, ce seroit une considération bien foible;
car déjà l’on a eu l’occasion (3) de remarquer la répétition fréquente de ce
même nom Arabe en Egypte; par exemple, aux environs d’Alexandrie, de Mem-
phis, d’Héliopolis, de Thèbes, &c. : l’homonymie n’est donc pas un motif de
placer en cet endroit Busiris. La présence de quelques ruines ne seroit pas une
raison plus puissante dans le cas actuel (4 )- Au reste, d’autres motifs semblent s’y
opposer tout-à-fait. i.° Busiris et Sebennytus étoient deux chefs-lieux de nomes:
or Abousyr et Semennoud sont trop rapprochés pour satisfaire à cette condition;
il n y a guère qu’une lieue entre ces deux endroits. 2.“ Busiris et Cynopolis étoient
dans le même district; nous voyons que, depuis l’établissement du christianisme,
elles firent partie du même évêché; un certain Herméon étoit évêque dans Cyno
et Busiris, du Ku'va xs4 Bot!a-iejL (5) : ces deux lieux étoient donc très-voisins (6). Un
passage de Strabon, cité ci-dessus, prouve également que Busiris étoit peu éloignée
de Cynopolis (7). 3.° Le canal Busiritique sortoit du fleuve Pélusiaque, aussi bien
que l’Atliribitique : il ne pouvoit donc se diriger sur Abousyr, et se porter aussi
loin dans l’ouest. 4 ° Après avoir cité les villes de Léontopolis, Busiris et Cynopolis,
Strabon dit que le nome Athribites y est contigu ( aux nomes sans doute):
ovycL-Trlei Si xs4 » ’AÛpeiCfrtii to/u-os ■ et Abousyr ne remplit pas mieux cette condition.
5.° Le même Strabon décrit les lacs à la suite desquels sont Léontopolis, Busiris
et Cynopolis ■ ainsi ce ne peut être à l’ouest de la branche de Damiette, au midi
de Semennoud, qu’il faut chercher la deuxième de ces villes. Tout éloigne donc
Busiris d’Abousyr, bien qu’on se soit accordé à les confondre ensemble (8).
Ce qui a été dit à l’article de Cynopolis et les réflexions qui précèdent semblent
montrer clairement que les positions de Cynopolis et de Busiris sont liées entre
elles, qu’elles ne peuvent être éloignées, et qu’on doit les trouver à proximité l'une
de l’autre. Or la place que j’assigne à la deuxième de ces villes est à trois lieues
(1) Oriens Christianus , p. 567.
à JVemreh Cynopolis, quand même on prendrait Abousyr
(2) Voyez la carte ancienne et comparée de la basse
pour Busiris ; car il y a six lieues de distance entre
Égypte.
ces deux endroits, sans compter deux ou trois grandes
(3) Chap.XX ci-dessus, et ailleurs.
branches qui les séparent, et de plus une grande ville
(4) MM.JolIoisetduBois-Ayméont trouvé à Abousyr
qui est interposée, Mehallet èl-Kebyr, autrefois Xois,
un bloc degrés avec des traces desculptures Égyptiennes,
siège elle-même d’un évêché.
et des buttes de décombres, E. M. tom. I I , p. <ft (Voyage
(7) Strabon, I. XV I I , p. 802, traduct. Franç. tom. V,
dans l’intérieur du Delta ).
p. 366.
(5) Oriens Christianus, p. 567 et 570, et Mcletii Bre-
(8) J’avois moi-même, dans le chap. X K///ci-dessus,
viar. apud Athanas. Apol. contra A ri an. p. 188.
page 26, placé, d'après d’Anville, Busiris de la basse
(6) C’est un motif de plus pour empêcher de placer
Égypte à Abousyr. ( Voyez Ant. Descr. tom. II. )
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au nord environ de la première, à l’ouest de la branche Busiritique, comme Cynopolis
et non loin du village d’el-Haouaber, où il y a des ruines. Cet emplacement
satisfàit bien au texte de Strabon : Près de Mendès, dit-il, sont situées Diospolis avec
les lacs qui Lentourent (Tell el-Debeleh) (i); Léontopolis (Tell Tânboul); Busiris,
un peu plus loin, dans le nome de son nom (vers el-Haouâber), et Cynopolis (Tell el-
Mokhdem) (2). Tout ce texte semble s’expliquer de lui-même, et les lieux se
suivent parfaitement et sans discontinuité, en allant du nord au sud, comme on
peut s’en assurer sur la carte.
Il est possible, au reste, que les ruines elles-mêmes existent à quelque distance
d’el-Haouâber, et plus à l’ouest du canal, sans que le résultat qui précède en soit
beaucoup modifié. Cette localité intérieurè a besoin d’être reconnue de nouveau,
et je présume que les voyageurs y trouveront des découvertes à faire; mais el-Haouâber,
sur la route de Thmuis à Cyno, ne doit pas être éloigné de l’emplacement que
l’on cherche.
Un passage de 1 inscription de Rosette semble encore venir à l’appui de cette
détermination; c’est celui qui place Lycopolis dans le nome Busirites (3),
ArxnNnoAiNTHNENTniBorsiriTHi : assurément il ne s’agit pas de la ville que Strabon
plaçoit entre Xois (4) et Mendès. N'est-ce pas le cas d’appliquer la remarque
précédente sur I embarras que les Grecs ont éprouvé à dénommer le chacal, animal
sacré chez les Égyptiens ! De là peut-être les mots Lycopolis et Cynopolis employés
quelquefois l’un pour l’autre.
■ Selon Hérodote, Busiris étoit située au milieu du Delta (y). Voici comment il
s exprime : « Les Égyptiens regardent comme la plus solennelle de toutes celle
» ( la panégyrie) qui a lieu en l’honneur de Diane dans la ville de Bubaste; ensuite
» celle d’Isis à Busiris, où l’on voit un temple consacré à cette déesse. Busiris est
» une ville d’Égypte située au milieu du Delta, et Isis, dans la langue des Grecs, est
» Demeter. J’ajouterai qu’après les sacrifices qui ont lieu dans cette fête, tous
» les hommes et toutes les femmes, qui s’y rendent par milliers, se frappent la
» poitrine en signe de deuil » La position que j’assigne à cette ville est, non
pas au milieu du grand Delta, mais au milieu du petit Delta, fort exactement. Si
Busiris eût été sur la branche Sébennytique, ainsi qu Abousyr, l’historien auroit
sans doute exprimé cette circonstance.
J’ai dit que, sous les Chrétiens, Busiris et Cynopolis ne formoient qu’un seul
évêché (6) : une troisième ville leur étoit annexée; ce qui avoit fait donner à Busiris
le surnom de Tripolis, ou Tripolis Ægypd [Ægyptus signifioit proprement la basse
Egypte). La ville est ainsi nommée dans un acte du concile de Chalcédoine, et dans
la Vie de S. Antoine par Athanase. Quelle étoit la troisième ville que suppose
cette dénomination dans le même district ! Je l’ignore.
Il me semble que , d’après les argumens que je viens de réunir, l’opinion
vulgaire qui place à Abousyr, près de Semennoud, la ville de Busiris, est diffi-
(0 Voyez plus l°inJ section n , page 18.
(2) Strabon, p. 802.
(3) Voyez Ant. vol.'V, pl. 54, l. 22.
(4) Livre XV I I , loc. cit.
(5) Liv. 11, ch. 59 et 61, traduction de M. Miot.
(6) Oriens Christianus, p. 570.