
M. Langlès, dans ses commentaires sur Norden, croit reconnoître, d’après
ies diverses descriptions citées plus haut, le gymnase, dont les portiques, suivant
Strabon (t), s’étendoient sur une longueur de plus d’un stade.
M. de Sacy, dans les notes qui accompagnent la traduction qu’il a donnée de
la Relation de l’Egypte composée par Abd-allatif ( 2 ), imagine que c’est là qu’étoit
situé le Serapeum, ou temple de Sérapis, et que le monument improprement
appelé colonne de Pompée, dont le véritable nom, selon ce savant, étoit colonne
des Piliers, à cause du nombre considérable d’autres colonnes qui l’entouroient,
faisoit partie de ce temple.
Toutes ces citations n’éclaircissent point l’usage, la forme et l’étendue de
1 édifice dont il s’agit; elles portent seulement à penser que la colonne qu’on voit
aujourd’hui n’a point été érigée isolément, et qu’elle a sans doute fait partie d’un
édifice magnifique, dont, par la suite, on pourra découvrir les traces par le moyen
des fouilles, si la barbarie ou la cupidité ne les a pas fait disparoître entièrement.
, Forcé donc de renoncer à toute espèce de recherches sur l’édifice qui a pu
exister en cet endroit, puisqu’elles seroient infructueuses, je me bornerai dans
cet article à traiter uniquement de la colonne.
La plupart des auteurs qui ont parlé de ce monument extraordinaire (3), ont
cherché à déterminer, soit par l’histoire, soit par l’art, la date qui pouvoit être
assignée à son érection.
Shaw et Pococke observent que la colonne de Pompée n’existoit pas du temps
de Strabon, puisque ce géographe n’en parle pas : le dernier suppose qu’elle a
pu être érigée en l’honneur de Titus ou d’Adrien, qui, comme on sait, séjournèrent
en Egypte.
Norden pense que cette colonne est d’origine Égyptienne, qu’elle a reçu ensuite
d’autres formes, et qu’elle fut élevée sous les Ptolémées.
Un auteur Arabe prétend qu’elle étoit surmontée d’une statue d’airain tournée
du côté de la mer et montrant du doigt Constantinople; mais que, par l’ordre
d’un gouverneur d’Alexandrie, cette statue fut abattue et convertie en petites
pièces de monnoie.
M. de Choiseul-Gouifier possède deux fragmens en porphyre d’une figure
colossale découverte par M. Cassas au bord de la mer, dans le port neuf
d’Alexandrie, et apportés en France par M. l’amiral Truguet, alors capitaine de
vaisseau. L ’un de ces fragmens paroît former la partie supérieure de la cuisse
d’un guerrier vêtu d’une cuirasse. M. Cassas avoit pensé que la figure d’où provient
ce morceau, avoit pu couronner la colonne (4) : mais, d’après la longueur de
ce reste, elle auroit eu environ 7 mètres de hauteur [ 21 pieds 6 pouces]; ce qui
seroit le tiers du fût, et par conséquent d’une proportion évidemment trop forte,
(1) Ceogr. lib. x v i i , pag. 795. un fut de colonne de 20%50 [6 3* i Po 31] de longueur
(2) Publiée en 1811 ; de l'imprimerie du Gouverne- sur zm,66 [8dï 2P® de diamètre, dont le poids équi-
tne” t* vaut à 283,910 kil. [environ 580 milliers].
( 3. ) On doit en effet regarder comme extraordinaire (4) Dans son Voyage de la Syrie ci de la basse Égypte.
puisque des exemples analogues font connoître que les statues qui tenninent les
monumens de ce genre nont qu’environ la huitième partie dé leur hauteur (1)
Mats, s il reste de l’incertitude sur l’érection, primitive de ce monument et sur
les accessoires dont nous venons de parler, on. est du moins éclairé maintenant
sur la dédicacé qui en a été faite à une époque fixe de l’histoire. Pococke, en examinant
1 ensemble de cette colonne, et en relevant ses principales dimensions'
avoit de,a remarqué, aux rayons du soleil, entre onze heures et midi la trace
d une inscription Grecque sur la plinthe de la base, côté de l’ouest : il la rapporte
dans son ouvrage; mais ies lacunes de cette inscription et ies formes indécises de
plusieurs lettres avoient empêché d’en déterminer le sens, en sorte que la tradition
continuent d attribuer cette colonne à quelques empereurs (notamment à l’empereur
Alexandre Sévère), mais plus généralement à Pompée-ie-Grand.
Nous sommes aujourd’hui plus avancés sur ce point. Plusieurs savans, tant
Anglais (2) que Français (3 ), sont parvenus, avec des soins particuliers à relever
1 inscription de manière à la rendre intelligible; ils ont reconnu unanimement
que ce monument avoit été dédié à Dioclétien par un préfet d’Egypte, en recon-
noissapce des bienfaits de cet empereur pour ies habitans d’Alexandrie. A la vérité
ils diíTerent sur le nom du préfet, à cause des lacunes de l’inscription, ou du vague’
qu elle offre particulièrement dans ce nom; en sorte que les uns appellent le préfet
Poil,on; d autres, Pontms; quelques-uns, Pompée; et enfin le savant Viiloison, Publius
ou peut-etre Pompon,us, qui fut consul l’an 288, avec Maximin.
Quoi qu’il en soit, la version qui attribue cette dédicace à un Pompée, préfet
pourrait etre préférée, à quelques égards, sur tout parce qu’elle a sur les autres’
1 avantage de justifier la tradition dominante. En effet, ne peut-on pas penser que
ce nom, illisible maintenant sur l’inscription, a pu y être distingué visiblement
dans les siècles precedens!
On croît que c’est ici le lieu de rapporter cette inscription telle qu’elle a été
re evee par divers savans, comme plus correcte que celle de Pococke ; on y joindra
a la suite la traduction qu’en donne Viiloison : mais on se dispensera en même
temps de rapporter les variantes intercalées par les différens savans; ces variantes
étant destmees plus particulièrement aux discussions paléographiques, seraient
étrangères i c i . . *
T O O T A r O N A T T O K P A T O P A
T O N H C A I O T X O N A A E S A N A P ê IA C
A IO K . H. I A N O N T O N T O N
n o . . . e n A P x o A i r r n T o r .
Publius (ou Pomponius), préfet d ’Égypte, a consacré ce monument à la gloire du
tres-saint empereur Dioclétien Auguste, le génie tutélaire d ’Alexandrie.
W MM D e l d f D u ld l r o " ' " ai" Si‘ , r (3> M- Jaub' rt- dV « lequel feu M. de Viiloison a
v oK V p a g do'’ * °°>C A "e,a>“ ’ M. de Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem,
" b - toro. I II, pag. io j .