
sculptées. II y a meme, au rapport de ce voyageur, une face de muraille entièrement
nue.
La description qui précède, les passages des anciens, Importance des ruines
ne permettent plus de douter de l’objet et de l’usage auquel étoit consacré cet
édifice. On reconnoït, à ne pouvoir s’y méprendre, leregia Memnonis qui ornoit
la seconde Thèbes. La résidence de Memnon avoit une grande célébrité dans
1 ancienne Egypte , renommée due au prince lui-même, qui portoit aussi le »nom
d Ismand'es. Ce Memnon n’est point le même sans doute que celui qu’Homcre
fait périr devant Troie ; mais, ainsi que le Memnon des Grecs, qu’on disoit fils
de l’Aurore, il étoit originaire de i’Éthiopie. Ainsi ce monument diffère absolument
de tous les autres, et par sa physionomie particulière, et par sa disposition
et par le prince en l’honneur duquel il fut bâti.
Quant au temple d Osiris, qui n etoit pas moins célèbre, je ne puis en rapporter
la position avec vraisemblance a aucun autre lieu que celui que j’ai désigné
§ . III et S. IV, à trois cent quatre-vingt-dix mètres du palais, et où j’ai vu la terrasse
d un grand édifice ensablé jusqu au toit. Il n’est pas à espérer qu’on puisse jamais en
connoître 1 intérieur : du moins ce seroit une difficile entreprise que de vider et de
porter au loin une aussi grande masse de sable que celle qui a pénétré dans le temple
etpeut-êtrel a comblé entièrement. Peut-être aussi les issues seules sont-elles obstruées.
Nous avons encore à regretter de n’avoir pu apercevoir cette source profonde
dont parle Strabon, dans laquelle on descendoit par des galeries contournées en
spirale, et qui étoit située dans 1 intérieur du palais. Les parois en étoient formées I
de pierres énormes et d une construction qu il dit admirable. L ’envahissement des I
sables nous a privés, peut-être pour toujours, de la connoissance des merveilles I
que renfermoit cette seconde Thèbes.
S- v.
Recherches et Conclusion.
L e passage d Athenee au sujet des acanthes ou épines qui croissoient à Abydus, I
mérite d’être rapporté ici plus au long que je ne l’ai fait dans le S. I." | Hellanicus, I
» dit-il, dans ses Egyptiaques, parle des couronnes toujours fleuries qui se voient en I
y> Égypte. Sur le bord du fleuve est la ville de Tindium, lieu de rassemblement pour I
» les grandes cérémonies. Au milieu de la ville, est un temple grand et vénéré, bâti I
» en pierre, avec des portiques de la même construction. En dehors, il pousse des I
» épines noires et blanches sur lesquelles on pose des couronnes faites de fleurs I
» d’acanthe, de grenadier et de vigne : c’est pour cela que ces épines sont perpé- I
>> tuellement fleuries. Le même auteur raconte que les dieux se dépouillèrent àt I
35 leurs couronnes en apprenant le triomphe de Babys ou Typhon. Démétrius, dans son I
» livre sur les choses d’Égypte, rapporte qu’il y a des épines de cette espèce I
» autour de la ville A’Alylos. Ces épines sont une espèce d’arbre qui croît dans I
» les lieux bas, ayant des branches arrondies et un fruit de forme ronde. Il fleurit I
quand I
» quand la saison est venue ; mais la couleur des fleurs est terne et sans éclat.
» Les Égyptiens racontent cette fable, que les Éthiopiens envoyés à Troie par
M Tithon , ayant appris la mort de Memnon, jetèrent dans ce même lieu leurs con-
» ronnes sur les épines: de là ces rameaux d’acanthe comparés à des couronnes
» fleuries (i). »
Ces récits mêlés de fables font voir qu’Abydus renfermoit des bois d’acanthes,
et confirment les rapports déjà établis entre cette ville et le personnagè de Memnon.
Il me semble aussi que ce triomphe de Typhon et la chute clés couronfieS d’épines
fleuries sont un symbole de l’invasion des sables faisant disparoître les bois d’acanthes
à Abydus et dans tous les endroits exposés au même fléau. Je ne veux pas m’appesantir
sur ces rapprochemens, qu’il seroit facile de pousser plus loin, et je passe à
une question plus importante.
On peut se demander quelle est l’ancienneté relative du palais de Memnon,
comparée à celle des autres monumens de l’antique Égypte. La solution de
cette question dépend de l’examen, à la vérité, conjectural, de l’origine d’Abydus
même. Toutefois il existe des circonstances qui, si elles ne peuvent entièrement
dissiper les ténèbres dans une matière aussi obscure, peuvent donner au lecteur le
moyen de sfe former une opinion. Les raisons topographiques exposées au commencement
de cette Description me paraissent bien expliquer pourquoi ce local
a été choisi de préférence pour servir de siège-à une grande ville : mais comment
a-t-elle été consacrée à Memnon !
Abydus, située autrefois à deux lieues et demie du N il, est la seule ville du pays
aussi écartée du fleuve, si l’on excepte Arsinoé du Fayoum. Elle confine à la Libye :
elle est au point le plus rapproché delà grande Oasis, et, par conséquent, du chemin
de l’Ethiopie supérieure. Quand l’Égypte fut gouvernée par une dynastie
Éthiopienne (non pas celle que la chronologie vulgaire appelle la x x v .' et place
( i ) I I iç j. S i tu v tv A iy j iH u etei mJovvtuv çKpctvav, 'E M a -
l'iKoç tv n i ; A Îy s ift tam ç o v tu y&itpei * ia x is imim\a.jM\\,
TivSïov ovoput. A v 7» %uv ô/juiyje/ç, Kj /egpr fju iy t £ ¿yrov tv
¡Ma» r» mxet Xtjtvoy, xetj 0 vptTçp xiSiva. • to » « ¡koam axaivÿeti
mtpvxaot xtvgç/jt Xj /¿¿xsuvdf • t i r etôiolç <f£ o! çtçavot im S l -
CmVTOA CtVCû 79V Àtutvjov 79V OMJoVÇ Kj jx>t\Jf Ct»QoÇ Xj àpitiXOV
mnXtypkVot' Xj o v tu ç cia cwjtovtn | tovç çtfccvovç dm'kvTo
ot 9toi tv A iy um u uvÿoju&vot /&umxtvetv l i r BttCvv, oç içt T v tp uv.
AHpiVexo f di’ tv tco me), t vjiJT A ty iiflo v , m e / ’’aCvxoy imxtv
Tac atutv^uç Igcvmç tivetj ç iio j, y çptpuv o v tu ç ' ty tt S i £ o
xa.7&E Tomç xj a.xa.v'fctv m a S iv ty o v , S 79V xcLfiny çipei çpoiyoXov
im tivcùv KAoviav me/<ptpcov kv% 7 Sto ç , otuv u ç p » , x, içt
TU pgcéf/a.71 79 CtvQoÇ X, à p t f y r MytTCLf S i Ttç pûjÿoç u n i 7UV
AiyoïH/av, ou o! Atjiomç çttodpuvoi tiç Tçyiav vin w T<9û)k5,
tm i »xovmty 701 litptvoya 7t/lt\iv7»x£YcUi, tv i tu 7ai t u tottu tovç
çttpctwç cutCct\ov tm n t f cLxajfttLç" içt S i to
KAÜv/ct Çtwctvotç, «(p’ ùv 79 'clvQoç tpvtTztf. (A th en . Deipiiosoph.
Iib. X V , pa g. 6 7 7 . )
L a v ille d’Aby lo s est in co n n u e en É g y p t e , et il n’ est
pas d ou teu x qu e c e n e .s o i t pa r corruption q u é le mo t
ACvxov s’ est in tro d uit au lieu d’ “ASvSbv.
L a v ille d e T in d ium , TivSïov, est é ga lement étrangère à
la géographie É g y p t ie n n e , et ce mo t est v is ib lem en t corrompu.
Z o ë g a propose d e lire Qiv S i oi ovopa, à cause d e
A . E>.
la v ille d e This, q u i p a ra ît a v o ir appartenu à la mênté
pré fe cture q u e c e lle o ù A b y d u s é to it p la cé e. L e nom d e
This ne nous est c on n u qu e par É tie n n e d e B y z a n c e ,
q u i pla ce c e tte v ille auprès d ’A b y d u s ; mais P to lé tn ée
pa rle du nome Thinites, d on t Ptolemdis é to it la cap ita le ?
i l y a ic i an a lo g ie d e nom com me d e po s ition ; c e q u i
r en d assez plausible la supposition d e Z o ë g a .
L e te x te d ’A th én é e m é r ite ra it -d’être é c la ir c i dans plus
d ’un e n d ro it; mais un e pa reille rech erche ne p o u r ra it
q u ’être fo rt d ép la c ée ic i . J e me suis c on ten té d e d on n e r
un e trad u c tio n exempte d e plusieurs in e x a c titu d e s d e la
v ers ion L a t in e . A u lieu d 'ta u •£ i tp i, i l faut ainsi q u e
to u s les interprètes l’o n t admis. M a is o n ne v o i t pas
pourquoi ils o n t t rad u it la phrase an tép én u ltièm e par ces
m o ts , vereflos e x il nitidus; c e q u i est to u t le con tra ire du
sens : i l fa u d r a i t , pou r c e tte version;, qu ’il y e û t d ans le
t e x t e , ¿c ¿ytfytç.
I l y a e n c o r e , dans les ja rdins q u i en tou ren t A b y d u s ,
des épines com me celles d on t p a rlent He llanicu s . e t
D ém é t r iu s , c ’ e st-à -d ire , des a c a c ia s , q u i o n t en effet les
fleurs d’un jaun e te rn e. Q u ’ on appré cie ma intenant ,1a
c on fian c e d e certa ins com m en ta teu r s , q u i b ien .sou v en t
d éna tu rent le t e x t e , p ré ten dan t le r e s titu e r , .et fo n t
m en tir leu r au teur pa r z è le pou r sa gloire .
C