
d e s c r i p t i o n d e s a n t i q u i t é s
Les autres soffites du plafond du portique sont décorés de bas-reliefs qui ont
un rapport plus ou moins immédiat avec l’astronomie, et au sujet desquels nous
allons entrer dans quelques détails. Nous ferons auparavant remarquer l’analogie qui
existe dans la marche des figures des soffites correspondans : nous appelons ainsi
ceux qui sont symétriquement placés par rapport à l’entre-colonneroent du milieu,
et nous les distinguerons pai- les dénominations de premier et de second., d’après leur
position à partir de l’axe de l’édifice. Il résulte de la description que nous venons
de donner, que la marche des figures du soffite extrême de gauche est en quelque
sorte déterminée par celle des personnages du soffite extrême de droite, où le
lion, le premier de tous les signes du zodiaque, semble sortir du temple, et entraîner
après lui tous les autres signes. Mais ce qui a lieu pour les soffites extrêmes,
se remarque aussi dans la disposition des figures sculptées sur les soffites intermédiaires
correspondans. En effet, dans ceux de droite , les personnages s’avancent
pour sortir du temple ; et dans ceux de gauche, ils entrent dans le temple pour
venir à la suite des premiers : en sorte qu
l’ouvrage de M. Hamilton, qui en offre une à peu près
semblable. Çe que par nos soins extrêmes nous avons su
éviter, est précisément arrivé à M. Denon. Si l’on jette
les yeux sur la planche 132 de son Voyage dans la haute
et basse Egypte, il sera facile de s’assurer que toutes les
figures de la bande zodiacale où se trouve le cancer
ont été retournées, ou qu’elles sont transposées lorsque
plusieurs de ces figures forment des groupes. M. Denon
a sûrement commencé par dessiner la bande zodiacale
qui renferme le lion. Toutes les figures qui la composent
, occupent bien dans son dessin la même place
que dans le monument, et leur position relative n’a rien
de contraire à la vérité. Le lion sort du portique, et
entraîne après lui les autres signes de la première bande
zodiacale et les figures qui s’y trouvent mêlées. Mais
il paroit que M. Denon, pour dessiner le dernier soffite
à gauche du plafond du portique, ne s’est point mis
dans la même position qu’il avoit prise pour dessiner le
premier soffite à droite, c’est-à-dire qu’il n’a point regardé
les deux soffites extrêmes du même côté. II a
donc suffi qu’il se trompât dans la position de la première
figure considérée indépendamment de la bande
zodiacale où se trouve le lion , pour déterminer une
erreur semblable à l’égard de toutes les autres figures de
la bande zodiacale terminée par le cancer. Ainsi, dan?
la gravure de M. Denon , les six derniers signes du
zodiaque, au lieu d’entrer dans le temple, en sortent
immédiatement cpmme les six premiers. Or il est incon-*
testable, par nos propres observations et par celles de
nos collègues qui, sur les lieux, ont scrupuleusement
examiné les faits, que les signes de la deuxième bande
zodiacale entrent dans le temple pour former la suite de
la procession dont le lion ouvre la marche. Nous avons
remarqué d’ailleurs cet ordre, non-seulement dans les
soffites extrêmes, mais encore dans les soffites intermédiaires,
ainsi que cela est développé dans le présent
Mémoire.
Après l’ouvrage de M. Denon a paru celui de M. Hamilton,
dont nous avons parlé ci-dessus. Ce dernier renferme
aussi les dessins du monument astronomique du porü
faut se représenter que le plafond tout
tique de Denderah : ils se trouvent dans la -planche 12 de
l’atlas du Voyage ayant pour titre, Remarks on several
parts o f Turkey, part I, Ægyptiaca, or sonie account o f
the and en t and modern State o f Egypt, as obtained in the
years ¡Soi and 1802. Toutes les figures de la bande zodiacale
qui renferme le lion, occupent bien la même position
relative que dans le temple. Cela est aussi généralement
vrai pour la deuxième bande zodiacale qui se
termine par le cancer, où cependant) par une erreur
difficile à concevoir, les figures comprises entre le taureau
et les gémeaux sont retournées ainsi que ces deux
signes eux-mêmes, comme cela a lieu dans le. dessin de
M. Denon. II en est ainsi de tous les personnages montés
sur des barques, qui composent la rangée inférieure
de cette deuxième bande zodiacale. Mais une remarque
très-importante, et que nous devons faire ici pour l’exactitude
des faits, c’est que M. Charles Hayes, qui a fourni
les dessins de l’atlas de M. Hamilton, n’a copié du monument
astronomique du portique de Denderah que les rangées
supérieures où se trouvent les signes du zodiaque:
quant aux rangées inférieures, qui se composent de personnages
montés sur des barques, elles ont été'calquées
sur les planches de l’atlas de M. Denon. Ce qui le prouve,
ç’est que les figures y ont absolument en hauteur et en
largeur les mêmes dimensions. Il n’y a que les barques
où elles se trouvent que l’on a un peu alongées, parce
qu’il l’a fallu ainsi pour les faire coïncider avec le dessin
de M. Hayes,qui étoit sur une échelle plus grande. Ces
figures sont dessinées dans la même manière que celles
de M. Denon ; et cette manière est différente de celle
de M. Hayes, comme il est facile de s’en assurer par la
seule inspection de la planche. Ainsi donc les dessins
de M. Hamilton, loin de servir d’autorité, comme on
pourroit le croire d’abord, concurremment avec ceux de
M. Denon, pour établir la marche des signes du zodiaque,
prouvent au contraire , d’une manière incontestable ,
que toutes les figures se suivent dans l’ordre que nous
avons décrit, puisque la seule portion dessinée sur les
lieux par M. Hayes est, pour la plus grande partie, conforme
à nos dessins.
D E D E N D E R A H . C H A P . X . 2 J
entier du portique est occupé par trois processions sortant du temple par les
entre-colonnemens de droite, et entraînant après elles les figures qui pénètrent
par les entre-colonnemens de gauche.
Le second soffite à droite, celui qui vient immédiatement après le zodiaque,
est divisé en deux parties encadrées, pour ainsi dire, par des bandes longitudinales
d’hiéroglyphes, trop nombreux pour que nous ayons eu le temps de les-copier (i).
La partie qui se voit au bas du dessin, et qui, dans Je plafond, se trouve la plus
voisine du mur latéral du portique, se compose de personnages, hommes etfemmes,
debout et groupés deux à deux, au devant desquels sont des espèces de coffres
surmontés de deux rangées d’étoifes. Osiris, tantôt avec une tête humaine, et
tantôt avec un masque d’épervier ou de beiier, se fait remarquer parmi les figures
d’hommes: il tient dans ses mains un sceptre à tête de lévrier. Les femmes ont une
étoile au-dessus de la tête, et portent dans fa main droite une croix à anse : fa
marche de ces personnages est ouverte par une femme isolée. On voit d’abord six
groupes de figures pareils à ceux que nous venons d’indiquer ; puis un épervier,
emblème du soleil, élevé sur une estrade: cinq autres groupes de deux figures, précédés
par une femme, sont placés derrière l’épervier, et l’on peut y distinguer un
homme avec un masque de taureau, dont la tête est surmontée d’un croissant, au-
dessus duquel sont deux scarabées. On aperçoit ensuite un personnage tout-à-fait
semblable à celui-là, sinon que les, deux scarabées sont remplacés par un soleil
lançant des rayons dè lumière: cette procession de figures marche en avant de
trois barques, dans ia première desquelles est Osiris à tête de beiier, enfermé dans
une chasse ; la seconde barque porte au milieu d’un disque un oeil, qui est, comme
on sait, 1 emblème du Soleil ou d’Osiris (2) ; la troisième barque contient un personnage
assis avec tous les attributs de la divinité. La marche est fermée par un
groupe de trois figures, composé d’un homme à tête -de couleuvre aquatique,
armé du sceptre à tige de lotus et de la croix à anse, d’une femme et d’Horus avec
les emblèmes de la divinité. Derrière ce groupe, on a sculpté une femme debout.,
mais dans une position renversée : ses bras élevés en l’air portent un croissant, au
milieu duquel est un scarabée, emblème de la génération. La première des barques
est traînée par trois prêtres, au moyen d’une corde terminée en forme i'uùoeus.
Trois figures debout sont dans 1 attitude du. respect devant la. divinité.
La seconde partie du deuxième soffite de droite renferme trente-trois figures
que nous ne nous attacherons point a décrire une à une, et que le dessin fait suffisamment
connoitre. Nous nous bornerons à faire remarquer que plusieurs d’entre
elles se retrouvent dans les zodiaques de Latopolis (3) et du petit temple situé au
nord d’Esné (4). Ce sont principalement des serpens dressés sur leurs corps ; des
niants groupés avec des cérastes, ou ajustés sur des corps humains, et présentant
des vases ; enfin des sphinx à corps de lion et à tête de femme. La plupart des personnages
ont des masques de lion : ils sont assis ou debout avec les attributs des
dieux; savoir, la croix à anse, le flcau, et la tige de lotus. L ’un d’entre eux présente
(1) Voyez planche,ç.fig. 4 , A .v o l.lV . (3) Voyez flanche y ) , A . vol. f.
(2) Voyez le Traité ¡¡‘/sis et d'Osiris de Plutarque. (4) Voyez planche Bp, A. vol. I.
A . D . * D z