S. III.
De la Porte du Nord.
En avançant d'environ cent métrés dans la direction nord et sud , on se*
trouve sous la porte du nord. Tout l’intervalle que l’on a parcouru, est parsemé
de débris de granit qui paroissent avoir appartenu à ”de| statues.. Nous y avons
remarqué aussi des morceaux de brèche et de porphyre varies, et, entre autres
fragmens travaillés, les pieds d’une statue en porphyre noirâtre. Ç’çst dajis cet
endroit que les gens du pays font, ainsi que nous lavons deja dit, des^ fouilles
d’où ils tirent des médailles, des pierres gravées, des vases et d autres antiquités.
La porte du nord est remarquable par . la ¡beauté de ses proportions et la richesse
des sculptures dont elle'est ornée. On ne peut rien voir de plus gracieux que
sa corniche. Dans aucune autre porte, sans en excepter même celles de Karnak,
ce membre d’architecture n’a une aussi grande proportion, ni un plus beau galbe.
La face nord a éprouvé de grandes dégradations, et elle est privée de la plus
grande partie de son couronnement : mais la face sud est parfaitement conservée,
et. la .restauration ri’a rien ajouté à l’image qu’en offre la planche 6 , A .
vol. IV ; il n’a fallu que dégager cette porte des décombres sous lesquels elle
étoit en partie enfouie, pour, la rendre à son premier état.. Au travers de ce
superbe édifice, on aperçoit le,grand temple, qui offre la plus riche et la plus
magnifique perspective.
On pourroit croire, au premier abord, que la porte, du nord devoit etre
accompagnée de masses pyramidales avec lesquelles:elle auroit formé un pylône.
Cependant un examen attentif, et les fouilles que nous avons fait exécuter, nous
ont convaincus que 1 enceinte en briques venoit s appuyer sur les flancs de cet
édifice, bien que leurs parois, mal dressées, ne paroissent point avoir ete terminées.
Les portes comprises dans les grandes 'enceintes de Thèbes offrent des
circonstances analogues et confirment notre opinion (i)i
La porte du nord, ainsi que tous les autres édifices dont nous avons encore à
■parler, est construite en grès d un grain très-fin, assez compacte pour se prêter aux
plus'petitsdétails de la sculpture, et d’une couleur jaunâtre, qui, modifiée par le vif
éclat du soleil, donne aux monumens un ton chaud et brillant, dont il est difficile
de se faire une idée exacte, si on ne l’a point soi-même observé. Elle est décorée de
sculptures d’un luxe et d’une perfection de travail qu on ne remarque nulle part
ailleurs, si ce n’est dans les autres édifices de Dettderah. Le système de décoration
de ses deux faces intérieures n’est point le meme : la face de 1 enfoncement expose.
à l’est est ornée de croix à anse et de sceptres à tête de lévrier; celle de 1 enfoncement
exposée à l’ouest est décorée de bas-reliefs représentant des offrandes principalement
à Isis, et à Osiris à tête d’épervier. A la partie supérieure est une frise
composé de quinze masques d’Isis. Les parois des deux corps avancés, dans I une et
l’autre face, présentent des sculptures où Isis à tête humaine et à tête de lion, ainsi
( i ) Voye^ notre Description générale de Thébes, À . D. c/iap. IX .
ciii’Osiris
qu Osiris a tete cl epervier, reçoivent des offrandes. Tous ces bas-reliefs sont sépa-
rés par des lignes d’étoiles et des. hiéroglyphes. Us sont composés d’un nombre de
figures proportionné à l’étendue que laissent entre elles les arêtes saillantes de la
construction. Les pei sonnages sculptes sur 1 enfoncement nont que des costumes
simples et sans ornement; les, parties saillantes offrent, au contraire, des costumes
et des coiffures^ d’une grande richesse. Mais c’est surtout en considérant la face
sud de la porte, que l’on peut prendre une haute idée du luxe que les Égyptiens
mettoient dans l’embellissement de ces sortes d’édifices. La corniche, dont la courbure
est de la plus élégante proportion, est décorée, comme par-tout ailleurs, d’un
globe ailé qui se détache sur un fond de cannelures. L ’architrave est ornée de deux-
bas-reliefs, composes chacun de six figures symétriquement placées par rapport à
un masque d’Isis qui en occupe le miJieu.JLes dieux auxquels.on fait des offrandes,
sont tous assis sur des trônes richement décorés, où les fleurs du lotus, dans divers
états, sont agencées avecgoût. L ’estrade sur laquelle ils sont élevés, est ornée d’une
frise composée d’oiseaux dont les ailes sont déployées, de fleurs de lotus couronnant
des vases, de petites figures accroupies, d’arcs détendus et de prisonniers
enchaînés. Les divinités ont, les unes, des têtes humaines, et les autres, des masques
d’épervier et de serpent. Rien n’égale la richesse de leur costume et de. leurs
coiffures. Les pretres ou faiseurs d offrandes ne se font pas moins remarquer par
la variété de leurs vêtemens. L ’effet de ces sculptures est encore augmenté par les
inscriptions hiéroglyphiques dont chaque personnage est accompagné. Les mon-
tans de la porte renferment cinq bas-reliefs séparés par des lignes d’étoiles et
d hiéroglyphes, et composes chacun de trois figures. Ces sculptures, qui sont enrichies
d inscriptions hiéroglyphiques, représentent des offrandes à Isis et à Osiris.
La composition de ces différentes scenes est la meme sur l’un et l’autre montant
de la porte : il n’y a de diversité que dans la nature des offrandes, ainsi que dans les
coiffures et le costume des personnages. De petites figures d’Horus, élevées sur des
estrades, font partie de ces bas-reliefs, qui ne sont pas tous dans'l’état de conservation
ou les .représente la planche t>, A . vol. I V : quelques-uns ont été dégradés
a coups de marteau, soit par les Chrétiens, soit par les Musulmans, et d’autres ont
été recouverts en partie avec une espèce d’enduit grossier.
s. IV.
D u petit Temple ou Typhonium.
A trente mètres a 1 ouest de la porte du nord, on aperçoit la sommité d’un
édifice qui paroît presque entièrement enfoui sous les décombres ; ce qui empêche
de pouvoir se rendre compte, au premier abord, de la forme de son plan et de
ses dimensions. Cest un temple périptère, à peu près semblable au Typhonium
d Edfou, sinon quil est plus étendu et qu’il offre dans sa distribution un plus
grand nombre de pièces. Quoique la partie antérieure de cet édifice n’existe plus,
cependant il subsiste encore en avant une colonne qui ne permet pas de