
dimension, comme toutes celles qui sont l’ouvrage des anciens Égyptiens. On
reconnoît dans tous ces débris les restes d’une bourgade Égyptienne, et, en considérant
la montagne percée de grottes et d’hypogées, on en est pleinement
convaincu.
A u nord du village, il y a une autre butte’de ruines appelée Koum el-Akhdar[i)ou
la Butte verte, moins étendue que la première, mais où j’ai trouvé aussi une grande
quantité d albâtre travaillé, de débris de vases et de poteries, et de murs de briques
encore debout. Il ne faut chercher dans ce nom aucune allusion à l’état ancien-
il n a été donné à cette ruine que par opposition avec l’autre.
La montagne d Arabie est à p ic , en face de Koum el-Ahmar. C ’est sur cette
façade escarpée qu on a pratiqué, à toute hauteur, des excavations et des hypogées
qui ont ensuite ete revetus de bas-reliefs. Ces sculptures sont pleines d’intérêt:
la plupart ont trait à 1 agriculture ; quelques-unes se rapportent à la navigation,
d autres à des cérémonies religieuses.
La principale de ces catacombes est composée de trois pièces, toutes décorées
de sculptures qui retracent des scènes domestiques. Dans la première salle, sont
quatre colonnes et deux piliers : sa longueur, qui fait la largeur de l’hypogée, est
de treize mètres ; la profondeur totale est aussi de treize mètres. Dans la' pièce
du fond sont des figures assises, taillées dans le roc, mais beaùcoup dégradées.
Un des habitans ma dit que cette grotte sépulcrale s’appelle Establ-A’ntar, nom
que nous avons vu appartenir à une carrière placée fort loin au midi (2).
On remarque dans la première salle, sur la face qui regarde le fond, des Jjas-
reliefs extrêmement curieux, et dont les sujets ne se voient pas parmi ceux d’Ele-
thyia, de Thèbes et de Lycopolis ; les figures d’animaux et même plusieurs
figures d’hommes sont dessinées avec fermeté et un style un peu plus correct
qu ailleurs. Devant des charrues attelées de boeufs, deux jeunes gens portent de
grands paniers qui renferment probablement la semence (3). Des troupeaux de
chèvres se rendent au pâturage; ils sont conduits par des hommes qui ont à h
main un fouet, fait d’une corde tressée (4).
Daus une ligne au-dessous est la récolte du lin, autant qu’on peut en juger par
la hauteur des tiges récoltées, et par analogie avec la scène semblable d’Elethyia (5).
En avant est un homme assis à terre, les yeux fixés sur un pupitre que soutient
une table basse (6). Ce pupitre est incliné; il porte sans doute un manuscrit,
d après la scène qu’on voit représentée plus bas. Au bout de la table, il y a des tablettes
en étage, où l’on croit reconnoitre des volumen. Cet homme paroît examiner
le compte de la moisson. Au-dessus de lui est une autre figure accroupie,
qui a les mains sur un vase ( ou peut être une mesure ) qui repose sur une sorte
de caffas \ j) .
L attitude du personnage qui est debout, derrière les deux figures assises,
(1) jcVà-Yt (5) Voyez pl. 68,fig. 14.
(2) Voyez ci-dessus, pag. 02. (6) Ibid.
(3) Voyez pl. 68. jig. ¡y. {7) Cage faite de branches de dattier.
(4) Ibid.
annonce le geste de 1 affirmation : je conjecture qu’il est le compteur de la récolte,
et qu’il affirme ce compte aux écrivains chargés d’en tenir note ( i ).
La moisson occupe sept personne^ Derrière elles, deux hommes accroupis
paroissent occupés à teiller le lin (2) 5 ce sont sans doute des bottes de lin qui sont
accrochées au-dessus de leurs têtes. Plus loin| six figures sont encore occupées à
la récolte; mais cette partie est beaucoup endommagée. On ne peut recotmoître
si les moissonneurs sont armés d’une faucille. Tout annonce qu’ils travaillent dans
un champ de lin représenté par une bande qui a plus de la moitié de la hauteur
d’un homme; mais on se demande ce-qu’est une bande de moitié moins haute,
qui est en arrière de la première (3).
Au-dessous est un tableau analogue à celui que je viens de décrire. Deux
écrivains sont occupés à écrire le compte du grain; sur des tables à jour,paroît
être placé l’instrument de mesure (4.). Derrière est une pyramide tronquée, ou
meule, qui représente le grain ou peut-être les gerbes amoncelées ; un homme est
dans 1 attitude de puiser dans la meule ; deux autres tiennent des gerbes dans la
main : celui que jappelle le compteur, examine toute la scène (yjHPIus loin, sept
hommes sont en marche, et vont d’un pas accéléré; ce que l’artiste a très-bien
rendu : ils portent sur l’épaule gauche une sorte de grande besace à deux poches,
et sur la droite un bâton. Ils paroissent revenir du marché; ce qui le confirme'
cest quils conduisent des anes sans fardeau, portant seulement une double couverture.
L’étoffe de la couverture est rayée, et elle rappelle entièrement les bardelles
ornées dont on fait usage aujourd’hui en Egypte (6). Par leur taille et leur encolure,
ces anes rappellent aussi la belle race qui existe aujourd’hui dans le pays.
On sait que les ânes d’Egypte sont renommés pour leur légèreté, leur vigueur
et leur vitesse. On admire la beauté de leur poil, la finesse de leurs jambes, et la
hauteur de leur taille. Ces qualités appartenoient à ceux de l’ancienne Egypte ,
comme le prouvent les' bas-reliefs de Zâouyet el-Mayeteyn. Le sculpteur s’est
attaché à dessiner les formes de ces animaux, d’un style ferme et bien caractérisé.
J aurois dû remarquer aussi le mérite de la sculpture dans les autres figures d’animaux,
tels que les chèvres et les boeufs représentés dans ces mêmes bas-reliefs (7).
Une autre preuve que les hommes dont j’ai parlé tout-à-l’heure reviennent du
marché, c’est qu’ils se rencontrent en chemin avec d’autres paysans qui conduisent
des ânes chargés de paniers. On remarque que ces ânes ont des tailles
différentes, et que leurs paniers sont en proportion. Il paroît que les paniers sont
faits en geryd ou branches de dattier entrelacés : leur forme paroît calculée pour
contenir le plus de denrees possible, sans crainte que la charge ne verse, le centre
de gravite étant peu au-dessus de 1 animal ; cependant deux hommes semblent
occupés à maintenir un de ces paniers en équilibre (8).
Sur une autre face de cet hypogée, j ai dessiné une marche de gens de la
(0 Voyez pl. 68,fig. 14..
(2) Ibid.
(3) Ibid. Cet endroit n’est pas distinct dans la gravure,
parce qu’il n’a pu être dessiné complètement.
(4) Voyez /;/. 68, Jîg. ty.
(5) Voyez pl. 66
( 6 ) Ibid.
(7) Ib id .ß g .ij.
(8) Ibid. fig. ty.
> fié'