section tombera juste sur remplacement dès ruines que nous avons décrites auprès
de la pyramide d’Haouârah. Ce point se trouve aussi, comme le demande Strabon
au-dessus de la ville dA rsin oc , et non au-dessous, direction suivant laquelle
Gibert avoit imaginé mal-a-propos qu’il falloit chercher le labyrinthe (i). Ajoutons
que 1 auteur place une pyramide à l’extrémité de l’édifice, comme Hérodote et
Diodore, et quon la voit encore aujourd’hui. Nous passons à la description de
Pline ; voici la traduction des quatre passages où il parle du labyrinthe d’Égypte:
« Après Heracleopolis, viennent Arsinoé et Memphis. Entre Memphis et le
» nome Arsinoïte, et touchant à la Libye, sont les tours qu’on appelle pyramides
» Je labyrinthe qui a etc elevé auprès du lac de Moeris (2) sans le secours d’aucun
» bois, et la ville de Cria/on (3). »
« II y a une pyramide dans le nome Arsinoïte, deux dans le Memphite,non
» loin du labyrinthe, dont nous parlerons tout-à-l’heure ; autant dans le lieu où
» fut le lac de Moeris, c’est-à-dire, la grande fosse (4 )-”
« Parlons des labyrinthes, ouvrage prodigieux du génie de l’homme, èt qui n’est
» point fabuleux, comme onpourroit l’imaginer.' On voit encore en Égypte, dans
» le nome d’Heradeopolis, celui qui a été élevé le premier de tous, il y a quatre
» mille six cents ans, comme on le rapporte, par le roi Petesuccus du Tithoès,
» bien qu Hérodote dise que l’édifice ést en entier l’ouvrage des rois ( jj, et du
» dernier de tous, Psammélique (6). On raconté diversement son origine. De-
« motelès dit que c’étoit le palais de Motherude; Lyceas, le tombeau de Moeris;
» et plusieurs, un temple consacré au Soleil, ce qui est l’opinion la plus générale.
» Il est certain que Dédale y puisa le modèle du labyrinthe qu’il fit dans la
» Crète; mais il en imita seulement la centième partie/celle qui renferme des
» chemins remplis de tours et de détours inextricables. Cet ouvrage ne ressemble
» point à ces pavés d appartement (7), à ces allées tortueuses où les enfans s’amusent
» a courir en suivant des ramifications subdivisées à l’infini et renfermant plusieurs I
» milles dans un court espace ; mais c est un bâtiment qui contient une multitude
» de portes propres à égarer les pas du voyageur et à le ramener sans cesse dans I
» les mêmes détours. C e labyrinthe fut le second après celui d’Égypte. Le troile
sens est que 1 on s avance de trente ou quarante stades
dans la direction de la première branche par laquelle on
navigue du lac dans le canal. Cette branche est le Bahr
Be/â-mâ.
(i) Cet académicien le plaçoit près de Serihour, où
il prétend qu’il existe des ruines considérables, dont
personne n’a connoissance. Mais Strabon s’exprime uo-
siiivement : Uaf<vs\\ vomit S i m om iq> éxetior çblSÎ.ç m\iç
tflr Affftvon. Ür signifie naviguer au-delà ou p lu s
loin ,• ce qui doit s’entendre, sur un canal comme sur
un fleuve, par rapport au courant. Si Strabon eût voulu
dire qu’Arsinoé étoit au-dessus du labyrinthe, il se
serait servi du mot ¿ r e e r \u r t qui est consacré à la navigation
en remontant, comme on le voit dans ce passage
du meme livre où il est question du chemin de
S c lu d ia à Memphis, ' K-m S i 1-%Si<v; ’¿m
Mtfiçirt et dans cet autre, AtairMuatu-n tç) Bct£v\uv,
pour le chemin de Cercasorum à Babylone. On ne voit
donc pas ce qui a pu porter M. Larcher , dans son
commentaire sur le 2.* livre d’Herodote, à avancer que
le labyrinthe, suivant Strabon, est à cent stades au-
dessous d’Arsinoé.
5 (2) II y a dans un manuscrit, ad Moeridis lacum, au
lieu de in Moeridis lacu.
(3) Pline, Hist. nat. liv. v, ch. 11. Voye^ le texte ci-
après , n.°- v . La traduction de Poinsinet de Sivry
s’éloigne en plusieurs points de celle que j’ai essayé de
faire ici.
(4) Pline, Hist. nat. liv. XXXVI, chap. 12.
(5) Ou des douze rois. Le mot de douje n’est pas
dans Pline ; mais le sens le demande.
(6) II faut lire novissimique Psammetichi, au lien de
novissimi.
(7) Il s’agit, sans doute, des mosaïques disposées en
méandres.
»■sième fut celui de Lemnos, et le quatrième exista en Italie. Tous étoient recou-
» verts de voûtes en pierre polie. Le labyrinthe d’Égypte (ce qui est digne d’ad-
,, miration ) a son entrée en marbre de Paros ; les autres colonnes sont de syênite :
» le bâtiment est construit de masses telles que le temps n’a pu les renverser, aidé
» par les efforts des Héracléopolites. En effet, ceux-ci ont beaucoup endommagé
» un ouvrage qui leur étoit odieux. Il n’est pas possible de décrire la disposition et
» toutes les partiés de ce monument, qui est divisé en régions et en seize grands
» bâtimens, autant qu’il y a de préfectures ou de nomes , auxquels on a donné
» les noms de ces préfectures. Il contient les temples de tous les dieux d’Égypte,
» ét en outre celui de Némésis, avec quinze petites chapelles (i) et plusieurs
ji pyramides de quarante orgyies (2) : les murs en ont six aux fondations (3).
» On y arrive déjà épuisé de fatigue, ayant parcouru des détours inextricables.
» En avant sont des cénacles élevés (4 ); on monte des portiques, tous de quatre-
»,vingt-dix degrés. Au dedans sont des colonnes de porphyre, les statues des
» dieux, celles des rois , et des figures monstrueuses. Plusieurs bâtimens sont
» disposés de manière qu’en ouvrant les portes, on entend à l’intérieur un bruit
» semblable à celui du tonnerre. Dans la plus grande partie de l’édifice, on
» marche au milieu des ténèbres. En dehors de la muraille du labyrinthe, il y a
» d’autres masses d’édifices appelées pteron, et d’autres constructions souterraines
» avec des canaux creusés dans le sol. Circammon, eunuque du roi Nectabis, est
» le seul qui ait réparé le labyrinthe, cinq cents ans avant le règne d’Alexandre-
» le-Grand , et cette réparation a été légère. La tradition rapporte que, pendant
» la construction des voûtes en pierres de taille, on s’est servi, pour étayer , de
» poutres en bois d’épine, bouilli dans l’huile (y). »
« A pion , surnommé Plistonices, a écrit depuis peu qu’il y avoit maintenant
»dans le labyrinthe d’Égypte un colosse de Sérapis, en émeraude, de neuf
» coudées ( 6 ). »
Ces fragmens de l’auteur Latin, quoique moins précis sous le rapport géographique,
confirment encore l’emplacement que nous avons assigné au labyrinthe.
Le labyrinthe, dit-il, est sur la chaîne Libyque, auprès du lac de Moeris. Parlant
d’une manière générale, il le place à la suite des pyramides qui sont entre Memphis
et le nome Arsinoïte.
Il est certain que le nome proprement dit ne renferme que des terres cultivées ;
or le plateau élevé de la montagne Libyque, où sont les ruines dont il s’agit, n’a
jamais été susceptible de culture.
Cependant il dit plus bas qu’il y a une pyramide dans le nome Arsinoïte, et deux
(1) II y a dans une variante, Amasis undecim cediculis entendu d’autant d’orgyies, suppose une épaisseur énorme.
incluserit pyramides, complures, &c. au lieu de JVemesis (3) J’adopte ici la leçon senas ad radicem mûri obtiquindecim
cediculis ; et cette leçon semblerait préférable, ventes, au lieu de senos radice muros obtinentes.
puisqu’elle donne un nominatif à incluserit.Voyez l’édition (4) Ccenacula indique des lieux élevés, 'des terrasses ;
de Pline citée dans les textes, pag. S6y , en marge. chez les anciens, selon Vitruve, c’étoit dans l’étage
(2) Quadraginta ulnarum, a été traduit par quarante supérieur que les riches avoient leurs salles à manger.
coudées; mais Hérodote parle d’une pyramide de quarante (5) Pline, Hist. nat. liv. x x x v i, chap. 13.
orgyies. D’un autre côté, le mot senas qui vient immédia- (6) Ibid. liv. x x x v u , chap. 9. Voye^ ci-après les
tement après, appliqué à l’épaisseur de'la muraille, et textes, n.° v.
A . D . E»