
du Nil, est la plus méridionale du nome Hermopolite, et de la province actuelle
d’Açhmouneyn ou' de Minyeh : c’est à cet endroit, ou plutôt au canal qui en
est au midi, et qu’on appelle Tera’t el-A’sal, que commençoit la Thébaïde. Dans
la Notice de l’Empire, Cusæ fait partie de la Thébaïde ; dans celle d’Hiéroclès
on voit que Kasos, que je crois être le même lieu, fut également rangé parmi les
villes de la Thébaïde inférieure : mais c’étoit à une époque récente, où la circonscription
avoit changé ; alors Hermopolis et Antinoé elles-mêmes avoient été
enlevées à l’Arcadie.
Le bourg actuel de Qousyeh est bâti sur l’emplacement de l’ancienne ville.
La similitude de nom est déjà un indice de la position de l’ancienne Cusæ;
mais on en a une autre preuve dans la conformité de distances qu’il y a entre
Cusæ ou Qousyeh et des points connus. L ’Itinéraire d’Antonin compte vingt-
quatre milles à’Hermopolis à Cusis, et trenté-cinq de Cusis à Lyco. Les distances
d’Achmouneyn et de Syout à Qousyeh sont,'l’une, de quarante-six mille cinq
cents mètres, et l’autre, de trente-neuf mille neuf cents mètres (i); ou trente-
un milles Romains et demi, et vingt-sept milles ; ce qui forme bien, à un demi-
mille près, le compte total des cinquante-neuf milles: cela feroit en même temps
supposer Cusæ un peu plus au nord que Qousyeh, savoir, de quatre mille cinq
cents mètres, c’est-à-dire que la ville ancienne auroit été placée entre ce lieu et
la grosse bourgade de Sanaboû. Cependant la ressemblance des noms ne permet
pas de s’arrêter à cette médiocre différence; d’ailleurs, dans les nomenclatures
de villages, le nom Arabe de Qousyeh répond aux noms Grec et Qobte de l’ancienne
ville, savoir Kaç et Kutc, le même nom évidemment que Cusæ de l’Itinéraire
Latin (2). Les cheyldis m’ont donné le nom ainsi écrit, „A’ Medynet
Qous ; ce qui,¿annonce une très-ancienne ville.
Dans Elien, la ville est appelée Chusæ, Xtumj. Elle est petite, dit-il, mais très-
agréable. Il la place dans le nome Hermopolitain. On y adoroit, selon lui, Vénus
sous le nom d'Uranie et sous la figure d’une vache (3) : mais ce culte étoit celui
de plusieurs villes d’Egypte. Il y avoit à Cusæ, selon la Notice de l’Empire, un
corps de cavalerie appelé Legio secundo. Flavia Constantin Theboeorum (4 ).
A u sud-sud-ouest de la ville actuelle, il existe une grande montagne de décombres
avec des constructions et beaucoup de murs en briques ruinées, ainsi
qu’une multitude de fragmens de verres brisés, de vases de toute espèce : les décombres
renferment des médailles et différentes antiques; mais on ne voit plus le
temple qui devoit exister dans cette ville, d’après le passage d’Élien,. ni même
aucune colonne.
Il paroît que la ville a été incendiée, et que c’est pour cette cause qu’on
(1) Voyez la pl. 6, fig. /, È . AI. vol. I. Plusieurs
positions antiques, placées dans celte carte d’après d’An-
ville, sont rectifiées dans ce Mémoire.
(2) M. Et. Quatremére a fait voir que ce lieu s’ap-
peloit aussi YLam.au.
(3) K ùi/am Aijumia. Xovtmf 70 oyojua. te a« J t e i f toy 'Eppto-
m \ i 7ttr ro/uov vjfi puxpa. pmi tfbxu , •ycyçj.iosa. /juni • ¿yiuv'Ih
tiSoutnr A ç g jif i n i , Cv&iviajr aùtiy ¡u tM r n ç , ô t e .
In AEgypti vico Chusis nuncupato, non magno quidem,
sed certe .eleganti, qui in Hermopolitanam prcefecturam
censetur, Venerem co lune, quatti Uraniam appellant, at-
que vaccata et ¡ani ideò venerantur, quia affittitatela et convenientiam
cuin dea ipsa habere existimatur itemque
Isin bubulis corni bus /Egyptii etfingunt et pingunt. ( JElia n.
de nat. animal, lib. X, cap. 27. )
(4) Notitia u tri usque imperii, pag. 90.
trouve
trouve une partie des briques cuite (i). Sur les décombres, on voit groupés
desfellâli, souvent occupés à sasser la terre; ils en tirent une poussière qu’ils
recueillent pour servir d’engrais, et qui se nomme essebahh. Vers l’étang qui est
a u milieu, on a deterie une grande pierre prismatique, de quatre à'cinq mètres
de longueur. L ’étendue de Qousyeh et des ruines encore visibles est de mille
mètres (2).
Il se tient dans cette bourgade un marché considérable, où j’ai vu rassemblées
deux à trois mille personnes; on y vend d u ’-tabac, des toiles, des dattes, des
chameaux, des bestiaux, des colliers et de la verroterie. C ’est là que les Arabes
Ouûfy viennent faire Jeurs emplettes, toujours armés de piques et de fusils,•
dictint insolemment les conditions de leurs marchés ; spectacle étrange et affligeant
pour le voyageur, qui cherche én vain une sage police dans un pays qui
jadis en avoit une si florissante. Ces visites sont funestes auxfellâh, que les violences
des Arabes irritent quelquefois : heureux s’ils ne payent pas cle la vie l’humeur qu’ils
laissent voir quand les Bédouins les ont volés.
.*§. III.
Deyr eï-Maharrag ou Maharraq ; Monastères de Sanaboû; Koum-Omboû:
A sept mille métrés au sud-est de Qousyeh, est un grand monastère, le plus
considérable de toute cette contrée, |et qu’on appelle Deyr Malmrrag ou Ma-
luirraq (3) ; on l’appelle aussi el-Hadré (4 ) : j’ai cru devoir le comprendre dans cette
Description, quoiqu’il fasse aujourd’hui partie de la province de Manfaiout. Sa
situation est sur la limite du désert/et un peu dans les sables. Il a encore dans
ses murs vingt religieux et deux cents habitans : la construction est en briques
assez mauvaises; on n’y trouve point d’arbres. A u nord sont les tombeaux des
Chrétiens. •
Une grande digue souhâny, qui porte le nom même du couvent, Gesr el-
Maharrag, et qui sert en même temps de limite aux deux provinces, retient près
de là les eaux du grand canal el-Souâqyeh, venant de Syout.
Les religieux n’ont point de terres ; ils vivent d’aumônes: le supérieur, quand
je m’y suis rendu, s’appeloit A ’bd-el-Melek. Je n’ai pu pénétrer dans la maison,
et je ne l’ai vue que du dehors: elle est sous la dépendance et la protection du
cheykh Arabe A ’bd-allah, de la tribu des Ebn-Ouâfy, qui réside à Teytlyeh, village
placé au sud-est.
Depuis que Cusæ a perdu de son importance, il s’est élevé à Sanaboû, à six
mille mètres au nord, une autre bourgade-aâj*ourd’hui plus forte que Qousyeh;
trois vieux monastères, qui sont dans I intérieur ou aux environs, annoncent que
0 ) Après avoir écrit ce qui précède, j’ai vu dans le paragraphesuivaut, un couvent appelé Deyr el-Malmrrag
Mme auteur que cette position étoit surnommée, dans (a) Voyez la planche 67 , A. vol. IV , fig. ,.
Abouselah, Moharraqah' ou la brûlée{ ce qui confirme (3)
ma conjecture. D e plus, il y a auprès, comme or le voit au |
A . D . B