
4 2 D E S C R I P T I O N D E S A N T I Q U I T É S
qu elle ne reçoit que le peu de lumière qui pénètre par la porte et les fenêtres de
la salle précédente. Autrefois elle étoit éclairée par un soupirail pratiqué dans le
milieu du plafond ; mais cette ouverture est maintenant bouchée par les débris des
constructions modernes qui avoient été élevées sur les terrasses. Les sculptures dont
cette pièce est ornée, paroissent avoir trait à la mort et à la résurrection d’Osiris,
ou font allusion à différens phénomènes que l’on observe en Egypte avant et
durant 1 inondation du N il, l’Osiris terrestre des Égyptiens (i). Les détails dans
lesquels nous allons entrer, vont confirmer ce que nous avançons. Dans l’un
de ces bas-reliefs, on remarque une figure emmaillottée à l’instar des momies : elle
est étendue sur un lit de repos, recouvert de la dépouille d’un lion. Les quatre vases
qu on retrouve dans toutes les scènes d embaumement, sont ici rangés le long du lit :
ils ont pour couvercle des têtes de femme, de cynocéphale, de chacal et d’épervier.
La figure est placée dans un sarcophage terminé en sphère à sa partie supérieure.
Des éperviers perchés aux deux extrémités de la tombe semblent en être les
gardiens. Une femme debout près de la momie est dans l’attitude de l’étonnement.
Un épervier plane au-dessus de la tête du mort (2). La même figure se retrouve
ailleurs (3) dans une attitude pareille,si ce n’est toutefois qu’elle n’est point emmaillottée,
que son membre viril est en érection, et qu’elle est couchée dans un sarcophage
placé sur un lit de repos qui est recouvert de la dépouille d’un lion. Le couvercle
de ce sarcophage a, comme l’autre, la fonne sphérique; mais à son sommer
on remarque un membre viril avec des ailes. Aux angles du sarcophage sont des
éperviers; à droite et à gauche, deux femmes paroissent veiller auprès du tombeau.
Osiris, couché sur un lit de repos pareil à celui que nous venons d’indiquer, se retrouve
encore dans deux autres bas-reliefs (4) ; mais il n’est plus du tout emmaillotté:
il a les deux jambes détachées ; son bras gauche est étendu le long de son corps, et
son bras droit, élevé en l’air, est replié en avant près du visage. Dans l’un des bas-
reliefs, il a le membre viril en érection : un oiseau chimérique, à tête de femme,
plane au-dessus de lui. A la tête et aux pieds du lit sur lequel il repose, sont des
personnages qui paroissent être dans l’attente de ce qui va se passer. On ne voit
point les parties naturelles d’Osiris dans le second bas-relief Quatre vases, avec
des couvercles à tête de cynocéphale, sont rangés le long de son lit, et un épervier
tenant dans ses serres une espèce d’étendard fait partie de ia scène ici représentée:
une femme est a la tete du lit, dans 1 attitude de l’étonnement. Ailleurs, Osiris
couché paroît etre sorti de sa léthargie ( 5 ) : il tient à la main son membre
viril en érection, et deux éperviers accourent et planent au-dessus de lui. D ’un
cote, 1 on voit sur un socle une chimère à tête d’épervier et à corps de truie; de
1 autre, une femme accroupie paroît s’incliner et s’avancer pour protéger Osiris : le
long du lit, un personnage avec un masque d’ibis tient dans ses mains un vase
qu il paroît offrir. On sait que l’ibis est l’emblème de l’inondation, et les eaux
(1) Voyez le Traité d’Isis et d’ Osiris, pag. 85, 87 (3) Voyez planche 24, fig. ,0, A . roi, IV .
et 97 de la traduction de Ricard. (4) Voyez planche 27 , fig. p et y, A . vol. IV .
(2) Ce bas-relief n’a été dessiné par aucun de nous; on (5) Voyez planche 27, f i g, q., A . vol. IV .
peut le voir dans l’ouvrage de M, Denon, pl. 126, n.°p.
D E D E N D E R A H . C H A P . X . . . ' 4 3
renfermées dans le vase étoient sans doute les prémices de l’accroissement du Nil.
Deux serpens et une figure Typhonienne viennent à la suite de ce personnage..
Dans deux autres bas-reliefs (i), Osiris est étendu sur le ventre et a la tête levée:;
on lui offre même des membres de victimes, et tout le long du lit sont rangées-
diverses coiffures symboliques, dont sans doute il doit orner sa tete amesuie qu il
prendra plus de force et de vigueur. Dans 1 une de ces scenes, on.voit cette divinité
enfermée dans une espèce de châsse surmontée d’aspics, et aux deux extrémités,
de laquelle sont perchés des éperviers. Un autre bas-relief (2) présente Osiris tout
éveillé, et prêt à se lever de dessus son lit de repos; il tient dans.ses mains les;
signes du pouvoir, le crochet et le fléau : sa tete est surmontée d un bonnet, que
nous avons reconnu dans mille circonstances pour être un attribut de la puissance;
pt un homme avec un masque d’épervier lui présente la croix a anse.
Nous avons dit que toutes ces sculptures sont relatives à la mort et à la résur-,
rection d’Osiris, ou aux phénomènes qui se passent en Égypte avant.et durant
l’inondation. Nous avons déjà fait à Thèbes (3) des rapprochemens qui nous
conduisent à cette interprétation des sculptures que nous venons de décrire; mais,
il suffira, pour ainsi dire, ici de citer un seul passage tiré du précieux Traité d’Isis.
et d’Osiris de Plutarque, pour confirmer ce que nous avons avancé. « Le corps,
» d’Osiris enfermé dans un coffre ne désigne autre chose que l’affoiblissement et
» la disparition des eaux du Nil : aussi les Égyptiens disent-ils qu’Osiris disparut
» au mois d’athyr, où les vents étésiens ne soufflant pas, le Nil coule dans un lit
» étroit, et laisse à découvert la terre d’Égypte (4 ). » En partant de ce témoignage,
et en considérant la figure d’Osiris dans tous les états où nous l’avons montrée,
d’abord dans l’état de mort ou de sommeil profond, et enfermée dans un sarcophage,
ensuite commençant à sortir de sa léthargie, et finissant par se lever, revêtue
de toutes les marques et de tous les attributs de la puissance, il est difficile
de ne point saisir l’allusion qu’on paroît avoir eu l’intention de faire aux phénomènes
quise passent en Égypte, premièrement avant l’inondation,lorsque le fleuve,
arrivé au dernier période de son décroissement, stationnaire et entièrement contenu
dans les limites de son lit, s’écoule à la mer par un canal peu considérable; puis
à l’époque même de l’inondation, où le Nil commence à croître ; et enfin durant
l’inondation, lorsque le fleuve, dans toute la plénitude de sa force, répand ses eaux
fécondantes sur la terre d’Égypte, et porte par-tout l’abondance et la fertilité.
La salie dont les parois sont couvertes de sujets si curieux, se fait aussi remarquer
par la singularité des sculptures de son plafond. En effet, la moitié de ce plafond
est occupée par trois femmes emboîtées, pour ainsi dire, les unes dans les autres, et
dans la même position que celles qui encadrent les bandes zodiacales du portique :
(1 ) Voyez planche 2 4 , f ig . p , A . vol. IV , et la planch e fjwnç ’ASvp ¿qicürnânvcn to* Omziv híyivoiv, o is , mv învfiuv
1 2 6 , fig . jOj de l’atlas du Voyage de M. Denon. auMimiTOi zarmiuoiy, ó /¿ty Nsiao? i/'woîiij yj/Movm\ A
(2) Voyez la planche 12 6 , fig. p , de l’atlas du Voyage ri
de M. Denon. Quod enim inclu sus in arcamdicitur Osiris, eo nihilaliud
(3) Voyeç la Description générale de Thèbes, chap. IX , s'tgnificatur quam aquoe occultatio et defectus : itaque mense
pag. 27J et suiv. Athyrperiisse Osiridem dicunt, quando, etesiis ômnino défi-
(4) H yàp My>fuvt] tutStipPiç i!ç -nh mçpr Ô'mexAç, cien ti b u s , N iliis recedit, et solum nudatur. ( P luta rch. de
vAv ioiksv <¿m’ 11 uA ltoç k. ¿^catapn airliltSaf • <ho I s ide et Osir ide} p a g . 366. )
A . D . F x