A P P E N D IC E A LA D E S C R I P T IO N D E S A N T IQ U I T E S
athlètes en achevant de fournir leur course. Il est à remarquer encore que le
devant de la petite salle que nous voyons est bien exactement aligné sur le bord
intérieur de l’arène et du soubassement, comme devoit l’être le podium.
[ 130] L ’hippodrome de Constantinople, commencé par Sévère, achevé par
Constantin, et dont la place subsiste encore , a cent vingt pas de largeur et cinq
cents de longueur. Le grand cirque, à Rome, avoit quatre jugères ou cinquante-
sept toises sept centièmes de large et trois stades et demi de long, suivant Pline,
ou trois cent trente-deux toises cinquante centièmes, en supposant les stades
Olympiques. Le cirque de Tarquin avoit pareillement trois stades et demi de
longueur et quatre jugères de largeur. On reconnott, par l’enceinte des murs
du cirque de Caracalla, qu’il étoit long de mille cinq cent vingt-quatre pieds
et large de trois cent quatre-vingt-quinze, dit Vasi. « 11 étoit certainement un
» des médiocres », ajoute cet auteur de 1 ’Itinéraire de Rome. Je me suis assuré que
cette dernière dimension excède peu quatre jugères. La longueur de l’hippodrome
d’Athènes étoit de quatre stades, selon Plutarque, et sa largeur, d’un
stade, suivant Sophocle. M. de la Barre (1) donne aussi un stade de large à
celui d’OIympie ; ce qui est plus de moitié en sus de quatre jugères. Il est vrai
que M. Barbié du Bocage, dans ses Essais sur la topographie d ‘Olympie et de Sparte,
paroft réduire la largeur des hippodromes de ces deux villes à un demi-stade;
mais c’est encore près du double de celle de l’arène d’Alexandrie.
[131] Le stade de Domitien à Rome, dont parle Suétone et dans lequel cet
empereur fit courir de jeunes vierges, étoit aussi une grande allée, disent les
antiquaires Romains, entourée de murailles, et qui servoit, ajoutent-ils, pour la
course à pied ; c’étoit par conséquent aussi un espace étroit et oblong.
[132] On peut effectivement diviser les places qui servoient aux jeux publics
dans l’antiquité, et plus particulièrement chez les Grecs, en deux grandes classes
fort différentes : l’une, pour la course pédestre et les autres exercices que j’ai
rappelés dans le texte ; l’autre, pour les courses de chevaux de selle, de chars
ou de mules, et pour les naumachies. Ces derniers cirques ou grandes arènes
appelés hippodromes en Grèce (2), où ils ne servoient qu’aux courses de chevaux,
comme le nom l’indique, prirent chez les Romains celui de circus, soit à cause
de la forme de l’édifice, qui étoit presque circulaire et par-tout entouré, comme
deux théâtres réunis par leur diamètre, soit parce que les chevaux et chars circulaient
autour de l’épine et de la borne. Chez ce dernier peuple, ils servirent
aussi pour des combats de gladiateurs et de bêtes féroces, pour des chasses et
autres exercices qui exigeoient un grand espace. Le théâtre même de Marcellus
servoit aussi aux combats de gladiateurs, mais c’étoit encore un vaste emplacement.
Les Romains n’avoient point de place particulière, comme le stade des Grecs,
pour la course à pied, le pugilat, la lutte et les autres jeux de ce genre; ils fai-
soient ces exercices dans leurs cirques. Il est donc prouvé encore que le monument
que nous examinons étoit un stade Grec de la première fondation d’Alexandre
(1) Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles*
lettres.
ou des Ptolémées, et antérieure à la domination et à l’introduction des usages des
Romains dans cette contrée.
[ 1 33 ] effet, commentauroit-on tenu par-tout, dansdespays et à des époques
où les usages devenoient dilférens, à un seul type pour les arènes!-Ne varioit-on
pas aussi les exercices dans le même emplacement! Ne tournoit-on pas un plus ou
moins grand nombre de fois, dans la même course, autour de lepine et des
bornes! N y avoit-il pas la courte à pied du diaule ( 1) ou deux stades, celle de
l’lippicon ou de quatre, selon Plutarque; la dolique ou longue course, de six
tours de borne ! Ce nom de diaule donné à la course n’a-t-il pas été appliqué aussi
à \ emplacement de cette course dans les cirques eux-mêmes! A Rome, ne tournoit
on pas jusquà sept fois (2) autour des metoe, pour remporter le prix! Dans
les hippodromes des Grecs, ne faisoiton pas autant de fois, ou même, selon
quelques antiquaires,douze fois, le tour de la borne!
[134] | est bon de rapporter ici la phrase entière de Strabon : Intrafossam
sunt Serapiumet alla quoedam antiqua fana, abolita ferè propter lemplorum factam ex-
structionem Ntcopoh : nam et amphitheatrum et stadium et quinquennalia certamina ibi
celebrantur; antiquitus vero instituta viluerunt. On a vu, dans le texte, le sens que j’ai
donné au mot ibi ( à Nicopolis) : mais, si l’on veut supposer qu’il se rapporte à la
partie occidentale et intérieure de la ville, que Strabon décrit dans ce passage, et
si ion prétend quil nest pas vraisemblable qu’au milieu de sa description il ait
voulu placer le stade et 1 amphithéâtre de Nicopolis, ville qu’il examine plus loin,
alors il restera ce sens ; « Les jeux du stade et de l’amphithéâtre se célèbrent ici »
( dans 1 intérieur d Alexandrie, en deçà du canal ). Et ce sera encore ce stade de
Strabon que nous aurons retrouvé : dans ce cas, il devroit toujours y avoir un
amphithéâtre dans l’intérieur de la ville antique; mais nous n’en avons point vu
de vestiges distincts. D ailleurs il n’est pas probable que les Grecs, qui ne prati-
quoient pas ces jeux barbares inventés par les Romains, eussent bâti un amphithéâtre
dans leur ville : il est plus vraisemblable que ce furent les Romains qui le
construisirent. Notre vieux stade Grec ne pouvoitplus effectivement leur suffire,
et c est pour cela qu il tomba en désuétude à cette époque, comme Strabon nous
l’apprend.
ANTIQUITÉS DE l’eNCEINTE ARABE ET DE SES PORTES.
[135] Il auroit peut-etre été mieux, pour faire accorder ici l’ordre chronologique
des constructions avec la marche géographique qui nous conduit sur leurs
vestiges, et pour montrer le parti que les Sarrasins ont tiré de la ville Grecque,
de ne décrire les antiquités que renferme l’enceinte Arabe qu’après avoir achevé
de parcourir la première et de la faire bien connoître : mais le peu de temps qui
me reste ne me permet pas d entreprendre les changemens que cette disposition
exigeroit dans mon travail, et j’ai tâché d’éviter qu’aucune obscurité ne résultât
de 1 absence de ce petit perfectionnement dans la distribution des parties de ce
Mémoire.
(1) m m W i «pace d» Made parcouru deux fois. (2) Virgile dit même bis septtm.