
» parmi les oiseaux, 1 epervier et l’ibis ; et parmi les poissons, le lepidotus et
*> ï oxyrhynclms (i). »
La latitude de Behneseh est moindre que, celle qui est assignée par Ptolémée
mais la position SOxyrhynchus, d’après l’Itinéraire d’Antonin, y est conforme
trente milles Romains font à peu près quarante-quatre mille cinq cents mètres
on en trouve environ quarante-six mille entre Behneseh et Tahâ el-A’moucÎeyn,
qui répond à Ib'eum ou Ibiu (2). Les ruines placées au nord de ce dernier village
coïncideraient avec encore plus de précision. Une autre preuve démonstrative est
que Behneseh donne encore aujourd’hui son nom à la province, comme Oxy-
rhynchus donnoit le sien à l’ancienne préfecture. Enfin cet endroit a toujours été
un chef-lieu de l’église d’Égypte, depuis le temps où Oxyrhynclms a embrassé la
religion Chrétienne.
L ’oxyrhynclms est souvent figuré dans les monumens Égyptiens : on reconnoît
cette espèce de poisson à son museau pointu ; ce qu’exprime son nom (3). Non-
seulement on voit des poissons pareils sculptés et peints parmi les hiéroglyphes,
dans les temples et dans les hypogées (4), mais on en trouve .aussi en bronze,
et les cabinets des curieux en renferment d’assez grands (j). Enfin cet animal*st
fréquemment figuré dans les manuscrits Égyptiens (6). Il n’est donc point douteux,
diaprés tant de témoignages, que le poisson oxyrhynque n’ait joué un rôle dans la
religion Égyptienne. Mais quel étoit ce rôle ! Voudroit-on supposer que le poisson,
de tous les animaux le plus stupide, étoit adoré comme une divinité tutélaire! Ce
seroit une absurdité. J’en donnerai une preuve irrécusable ; c’est l’exemple même
de Latopolis. Il est démontré aujourd’hui que le poisson Litus n’étoit point adoré
dans la ville de son nom. Le portique du magnifique temple d’Esné ne renferme
point la figure de cet animal : au contraire, Osiris, ou le soleil portant un masque
de belier, y est représenté par-tout ; il occupe la place principale au-dessus de la
grande porte du temple. Les Grecs ont donné à la ville le nom de Latopolis
par des motifs que nous ne connoissons point; et il en est de même d’Oxyrhynclms.
Je me permettrai, dans le doute, une' conjecture semblable à celle qu’on a déjà
faite sur le crocodile (7). L ’existence de cette dernière ville, si éloignée du
fleuve (8), exigeoit impérieusement que le canal appelé aujourd’hui de Joseph fut
soigneusement entretenu ; s’il venoit à s’obstruer, l’oxyrhynque et les autres poissons
ne pouvoient plus arriver jusqu a cette ville. Cet animal paroissoit avec
l’inondation ; il étoit donc comme un symbole du Nil, et, pour cela peut-être,
il partageoit en quelque sorte, avec le fleuve, les hommages de la multitude.
La ville âlOxyrkynchus a été tellement célèbre par ses monastères et ses églises,
que je ne puis me dispenser d’en parler, quoiqu’aujourd’hui il n ’en existe plus
à Behneseh. J’en trouve une description curieuse, parmi les Monumens de l ’église
Grecque, dans une Histoire des moines d'Egypte, dont l’auteur est incertain; « Nous
(1) Strab. Geogr. lib. XVII, pag. 558. oxyrhynque en bronze, d’environ six pouces de long.
(2) Voyez A . D.chap. X IV , pag. //. (6) Voyez pl. 72 à p j , A . vol. I I , et alibi.
(3) °Z vï> acutus, et pv?%>ç, nasus. , (7) Voyeg\a Description du nome Arsinoïte, A. D.
(4) Voyez pl. 8?, A . vol. I I , et alibi. ch. X V I I , pag., 20.
(j) Dans le cabinet de M. de Tersan, j’ai vu un (8) Prés de vingt-trois mille mètres.
» visitâmes
„visitâmes, dit-il, Oxyrhynclms, ville de la Thébaïde, dont les merveilles ne
» peuvent se raconter dignement. Elle est tellement remplie de monastères, que
„ les murailles elles-mêmes semblent, en quelque sorte, résonner des chants des
„ moines (1). Au dehors, elle est encore entourée de monastères, qui font une autre
„ ville. Le temple et le capitale en sont remplis, et les moines habitent aussi dans
„ tous les quartiers. Comme la ville est considérable, il s’y trouve douze églises,
»où tout le peuple se rassemble, outre les oratoires qui sont dans chacun des'
» monastères. Les moines surpassent presque en nombre les séculiers, étant logés
» à toutes les entrées et dans les tours des portes de la ville. Ces moines se disent
» être au nombre de cinq mille, et autant au dehors. Il n’y a pas d’heure du
„ jour ou de la nuit, qu’ils ne fassent le service divin. Aucun des habitans n’est
»païen ni hérétique; tous sont fidèles et catéchumènes. On place des hommes
» aux portes et aux avenues, pour donner des secours aux pauvres étrangers qui
» viennent à paraître. Selon ce que nous avons appris du saint évêque du lieu,
» il avoit sous sa dépendance dix mille moines et vingt mille vierges. On ne
» p.eut donner trop d’éloges à leur hospitalité et à leur charité. C ’étoit à qui nous
» attirerait, eh nous prenant par nos manteaux et en les arrachant (2 ) . »
On attribue à Palladius ce fragment qui se trouve à la suite de son Historia
Lausiaca. Il écrivoit en 4oy; et Rufin, qui écrivoit en 4 10, a traduit le même
opuscule. Ainsi, a la fin du iv.c siècle et au commencement du v.c, il y avoit
encore à Oxyrhynclms une grande population et une immense multitude de
moines, de religieuses, de monastères et d’églises. D ’après le prologue qui est à
la tete du meme morceau (3) > A existoit a cette epoque, en Égypte, une si grande
quantité de moines de tout âge-, tant dans le pays même que dans le désert et
les grottes, qu’elle étoit impossible à énumérer; vpx aucun prince de la terre n’auroit
pu avoir une armée aussi nombreuse, et qu’il n existoit dins 1‘Egypte et dans la Thé-
batde aucun bourg et aucune ville qui ne fû t enceinte de monastères, comme d'autant de
murailles (4).
(0 H y a dans le grec et, suivant une variante,
e|û)9i?a9a/ : j’ai adopte la première version-,-, ainsi
que le traducteur, qui exprime ainsi ce passage en là tin :
ut mûri ex ipsis personerti monachis.
(2) Ægyptiorum monachorum H is to r ia sive Paradis us ,
in Ecclesioe Groecoe Mon um en t, pag. 175 et seq. Lut.
Paris. 1686.
(3) Ibid. pag. ip+.
(4) L auteur fait un tableau curieux de l’isolement où
vivoien t ces moines : « Étrangers à tous les soins terrestres,
» ils sont frappés de stupeur quand ils entendent parler
» des affaires du siècle, lis n’ont aucun souci de leur
» habillement ni de leur nourriture : ils sont constam-
» meut occupés de chanter des hÿrnnes à la louange du
» Seigneur, ou bien dansl’attentede la venue du Christ. Si
»lun d’eux a quelques besoins,, il ne se rend pas à la
»ville ou au bourg; il n’invoque.ni frère, ni ami, ni
»parens/ ni père, ni enfans, ni serviteur: il étend les
»mains au ciel, adresse à Dieu des actions de grâces,
»et reçoit ce qui lui est nécessaire. Que dire de leur foi
»envers le Christ, capable de transporteries montagnes!
»Plusieurs d’entre eux ont arrêté l’irruption des eaux,
»traversé le Nil à pied, vaincu les bêtes féroces, guéri
» les malades, et produit des miracles comparables à ceux
» des saints prophètes et des apôtres. »
Je trouve, dans le Code Théodosien, d’autres détails
curieux sur la multitude des moines qui habitoient en
Egypte sous l’empereur Valens, et de ceux qui les sui-
voient dans les déserts : Lex Vnierais adversùs ignavos soli-
tudines et sécréta petentes, desertis civitatum muneribus et
specie religionis cum coetibus monagontôn congregatis; erui
latebris jubet et ad munera subeunda revocari.... In.
Ægypto frequentissimi hoc cevo monachi fuere. Quanti po-
puli habentur in urbibus, tanta1 penè habentür in desertis mul-
titudines monachorum ( auctor Vitæ Apollonii ).... Certo
tempore congrtgabantur cætus eorum per solitudines diviso-
rum, singulis suas cellas habentibus. . . . Manu militari
rnonachos erui jubet imperator. . . A d militiam monachos
adigi jussit annojpj. ( Cod. Theod. tom. V , pag. 323.
Lipsiæ, .* 736.)