du grand temple de Denderah, d’après des nivellemens que nous avons faits avec
soin, est encore de 4'">57 au-dessus de la surface du terrain qui l’entoure. Tous
. ces faits sembloient annoncer que les temples de Denderah avoient une antiquité
.relativement moindre que celle des édifices de la haute Thébaïde; mais nous
étions loin d’en conclure qu’ils ont été élevés parles Grecs ou les Romains. Voilà
cependant la conséquence qu’un célèbre antiquaire (t) a tirée, non pas, il est
vrai, des considérations que nous venons de mettre en avant, mais bien de ses
remarques sur les zodiaques sculptés aux plafonds du grand temple de Denderah.
Il n’entre point dans nos vues, en traitant la matière qui fait l’objet de
ce paragraphe, d’examiner les zodiaques Egyptiens sous le rapport des conclusions
qu’on peut en déduire pour l’antiquité des édifices où ces tableaux âstro-
nomiques sont sculptés; M. Fourier a traité cette question dans ses savantes
recherches sur les zodiaques Egyptiens : notre but est de combattre ici (2) l’opinion
de M. Visconti, moins par des raisonnemens tirés de l’exaifien des bas-reliefs
astronomiques, que par des faits relatifs aux édifices eux-mêmes considérés dans
leur apparence extérieure, dans la nature et l’objet de leurs bas-reliefs, et dans
le style de leurs sculptures ; nous nous bornerons donc à rassembler les preuves
que l’on peut en déduire , pour arriver à cette conséquence, que les temples de
Denderah n’ont point été construits sous la domination Romaine, et qu’ils ne
peuvent être non plus le produit de l’art Egyptien, modifié par l’influence des
Grecs.
M. Visconti paroît convaincu que le zodiaque du grand temple de Denderah
a été exécuté dans cet espace de temps dans lequel le Thoth vague, ou le commencement
de l’année vague,Égyptienne, répondoit au signe du lion ; ce qui est arrivé
à peu près depuis l’an 12 jusqu’à l’an 132 de l’ère vulgaire. Comme les sculptures
des plafonds sont du même style, et ont le même caractère que tous les autres
bas-reliefs dont le temple est décoré, ainsi que nous-l’avons déjà fait remarquer
ailleurs (3), il s’ensuivroit évidemment, en admettant cette opinion , que la
construction du grand temple de Denderah devroit être placée dans les com-
mencemens de la domination Romaine en' Egypte. M. Visconti ajoute en outre
que sur la corniche extérieure du portiquê du grand temple il existe une inscription
Grecque dont il a été impossible àM. Denon de prendre copie, et que,
lorsqu’on la connoîtra, on pourra décider la question qu’il vient de poser.
Cette inscription a été recueillie ; elle a été publiée dans l’ouvrage Anglais de
M. Hamilton sur l’Egypte : nous l’avons nous-mêmes dessinée sur les lieux; et
nous l’aurions fait connoître depuis long-temps au public, si l’ordre suivi dans la
publication des matériaux de l’ouvrage nous l’eût permis. Voici cette inscription
et sa traduction. Malheureusement il y a des lettres tellement effacées, qu’elles sont
tout-à-fait illisibles, et que même on n’a pu évaluer avec exactitude le nombre de
(1) M. Visconti. Voyr^ la Notice sommaire des deux mens astronomiques eux-mêmes; et les résultats auxquels
zodiaques de Tentyra, et le Supplément à cette Notice, nous arrivons, confirment les conséquences que nous
à la fin du deuxième volume de la nouvelle édition de la tirons ici.
traduction d’Hérodote par Larcher. (3) Voyt^ l’Appendice aux Descriptions des antiquités,
(2) Dans un autre écrit, nous considérons les monu- n.° II.
celles
celles qui manquent : cependant la correspondance des lettres dans chaque ligne
peut aider jusqu’à un certain point à retrouver ce nombre, en partant de la supposition
que ces trois lignes étoiént primitivement de même étendue, ou à peu
de chose près.
TnEPjirTOKrATorocTiBEPiorKAXCAPOCNrorciBACTor0ÈorcEBACTOTriorEniAr....opr®AAiKOr....
............................. .C. .0 ........................... .„...CAPAmiiNOCTPrXAMBOrcTPATHrOTNÏOCOIAnoÎHCMHTÏO nOABnCKAITOrNOMOrTONnPONAONA®PnAlTHI0EAIMBncTHIKAITOICCrNNAOIC0EOtC....................
SUB IMPERATORE TIBERIO CÆSARE, NOVO AUGUSTO, DIVI AUGUSTI FILIO, SUB. .OUPHALICO. .
................ SARAPIÒNE TRUXAMBO DUCE,1 CIVES EX METROPOLI
ET PRÆFECTURA [ DEDICAVERUNT ] PRONAON APHROD1TÆ BEA MAXIALE ET DIIS UNA
HONORATIS.........................
Sous le règne de Tibère C x sa r , nouvel Auguste, fils du divin Augus te Ouphalicus étant............
.................................................................. Sarapion Truxambo étant commandant en .chef , les citoyens de la
capitale et du nome [ont dédié] le pronaos il V énus, très-grande déesse et aux dieux honorés avec e lle . . .
Dans la première ligne, avant le mot O T S A A I IC O T , il manque quatre lettres, et
il est probable qu’après ce nom il y en a un plus grand nombre d’effàcées, La fin
de la seconde ligne est complète , puisqu’elle se termine par un mot dont les
dernières lettres sont au commencement de la troisième ligne : mais les premières
lettres de cette deuxième ligne ont presque entièrement disparu; quatorze d’entre
elles manquent entre l’b et le mot C A P A I I I Ì ÌN O C , deux entre- le C et l’o ; et il faudrait
encore vingt-une à vingt-deux lettres pour que le commencement de la
deuxième ligne correspondît exactement à celui de la première. Quant à la troisième
ligne, le commencement est complet; et il n’y a point lieu d’en douter,
puisqu’il offre, comme nous venons de le dire, la continuation du mot qui termine
la seconde ligne. Il manque, à la fin de la troisième ligne, dix-septà dix-huit
lettres; et c’étoit là peut-être, ainsi que cela a lieu dans l’inscription du propylée,
qu’on aurait trouvé la date exacte de celle-ci.
Quoique l’inscription du pronaos soit en partie m utilée, ce qui en reste est
cependant très-précieux, et suffit en quelque sorte pour faire connoître quel étoit
son objet. Mais qu’apprend-elle en effet! rien assurément qui favorise les opinions
du célèbre antiquaire que nous avons cité. Y est-il fait mention que le grand
temple de Denderah ait été construit sous le règne de Tibère ! Nous ne pouvons
y reconnoître autre chose, sinon que; sous ce prince, on a fait une dédicace du
pronaos aux dieux honorés dans le-pays. Les gouverneurs Romains en ont agi ici
comme on avoit fait avant eux sous les rois Grecs, dont les noms sont gravés
sur quelques-uns des monumens de l’Egypte; encore est-il certain que les Ptolé-
mées ont fait plus que les empereurs Romains pour la religion Égyptienne. En
effet, des inscriptions authentiques, telles que la pierre de Rosette, prouvent au
moins que les princes Grecs ont favorisé le culte Égyptien, et qu’ils ont entretenu
et réparé les temples. Mais à qui persuadera-t-on jamais que , sous la domination
Romaine, on ait construit un édifice de l’importance de celui de Denderah,
un édifice qui suffirait lui seul pour immortaliser un règne, lorsqu’on sait, d’après
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