ce lieu a été fort anciennement habité. Le premier est au milieu de Sanaboû
même, desservi par cteux prêtres , et on l’appelle Deyr Girgeys ou Monastère de
Saint-George ( i ). Après avoir descendu sept à huit marches, on arrive à l’église'
c’est une salle oblongue et étroite, décorée de boiseries et de trois tableaux
Deux représentent S. George à cheval, terrassant Je démon ; la composition en
est aussi bizarre que le dessin est grotesque : derrière le saint, une petite femme
est montée en croupe. L ’un de ces tableaux vient de Syrie ; l’autre a été fait au Kaire
par un Arménien : le fond de celui-ci est d’or ; il porte en inscription TcOPrac.
L e saint est monté sur une selle Arabe, avec de petits étriers de Mamlouk ; son
sabre est entre sa cuisse et la selle : c’est sous la forme d’un dragon que le diable
est figuré.
A u sud-est, est le monastère de Saint - Théodore, Deyr Tâoudoros el-Me-
chreqy (a), aujourd’hui en ruine. Les Chrétiens disent qu’il est de construction
très-ancienne et d origine Grecque, Roumâny : tous les murs sont presque écroulés;
le dedans est en briques cuites, d’un mauvais travail : on n’y trouve ni piliers ni
colonnes, aucune construction en pierre ou en marbre. Il y a une citerne et
une entrée de voûte que les Chrétiens veulent faire passer pour la* porte d’un
château. Ma’Iiem Ayoub, le cfief des Qobtes à Sanaboû, étoit occupé à faire
rebâtir ce couvent lorsque j’y passai.
L e troisième est Deyr Mary Meynah (3), au nord-est ; il a environ trente-sept
mètres sur trente-deux: l’église a trois voûtes, comme toutes celles que j’ai vues;
elle est composée de plusieurs salles avec une citerne;. A son passage à Sanaboû,
après la bataille des Pyramides, Mourâd-bey avoit enlevé ou brisé les boiseries et
les tableaux, et fait périr deux prêtres et beaucoup de Chrétiens.
A l’est de ce couvent, auprès de Kerfr-Kharfeh et sur la digue de Misârah, est
une petite butte-, dont je ferai mention à cause de son n om , Koum-Omboû ou
Koum-Onbouhâ (4 ); il s’y trouve des ruines. Le nom est certainement ancien : il
rappelle celui d’une grande ville située près de Syène; et si connue sous le nom
A’Ombos.
Avant de quitter ce quartier, je ferai remarquer un gros village appelé Bi-
blâou (5), et un autre appelé Bânoub (6), au nord de Sanaboû, qui conservent
évidemment des traces de noms anciens. L ’un rappelle le nom antique du
papyrus, bibios; d’où Bible, bibliothèque, &c. ; et l’autre, Onuphis, nom qui a été
donné à plusieurs villes Égyptiennes. Le premier de ces villages étoit fort considérable,
il y a quarante ans : on y voyoit plus de mille Chrétiens. Des guerres intestines
ont détruit ces familles : les Chrétiens en sont sortis, et ceux qui ont
survécu sont employés par-tout à la direction des fours à poulets; industrie héréditaire
qui confirme l’ancienneté de cette position, inconnue comme tant
d’autres à la géographie.
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(2) WJ^Jj -h?2
(3) *** jfA
(4) (6) oyU
§. IV .
P e s l a (aujourd’hui e l-D ey r ou Medynet e l- Qeysar);
C a r r i è r e s et R u i n e s au nord.
E l - D e y r est un gros village sur la rive droite du Nil, presque en face de
Sanaboû. Il est bâti sur les ruines d’une ancienne ville où l’on trouve encore les
restes d’un temple, et des catacombes creusées dans les rochers ; cette ville étoit
bâtie au pied même de la chaîne d’Arabie, qui-est à pic et très-élevée ( 1 ). Je
demandai aux cheykhs l’ancien nom du lieu , et ils me répondirent, Medynet
el-Qeysar (2); ce qui veut dire la ville de César. On l’appelle aussi Deyr el-Qeysar,
Deyr Bousrah (3). Ce nom de Qeysar n’est évidemment qu’un surnom donné
dans les temps modernes , pour indiquer qu’il y avoit eu dans cet endroit une
ville Romaine. Nous chercherons tout-à-I’heure quel a été le véritable nom.
Les ruines semblent divisées en deux parties, dont l’une touche au village, et
I autre est plus au nord ; c est celle-ci qui renferme le plus d’antiques vestiges. On
,y voit beaucoup de murailles debout, bâties en briques de petite dimension, mais
bien égales, et par assises réglées. L ’aspect est le même que celui des murs de
Cusoe; mais la construction est mieux faite et mieux conservée. Les murailles
sont peu enfoncées dans les décombres, parce que les fellâli y font journellement
des fouilles pour en tirer une poussière propre aux engrais. On suit encore distinctement
le plan des rues de la ville ; ces rues étoient fort étroites.
Les ruines ont environ cinq cents mètres de longueur, sans y comprendre l’espace
occupé par le village actuél. Dans l’intervalle qui est entre elles et le village, et qui
a environ cent mètres, on voit une petite colline sablonneuse qui recouvre des
ruines plus basses, dont la largeur ne passe pas cent mètres. On y voit beaucoup
de débris de poteries ; et dans le fond des vases, il y a un enduit résineux, pareil
à celui que j’ai fait remarquer dans les amphores d’Hermopolis et d’Antinoé (4).
On trouve encore çà et là des pierres éparses qui ont appartenu à des constructions
entièrement ruinées.
Le temple qui existoit à el-Deyr, est rasé dans la plus grande partie; on voit
cependant par tout, et en place, les restes des colonnes, des murailles et des salles,
et le plan est très-distinct. Plusieurs assises sont encore debout au-dessus des fondations
; le sol a été fouillé considérablement.
La longueur de l’édifice est de vingt mètres, et sa façade, de quatorze environ.
II est composé d’un portique à six colonnes,.et de six autres salles distribuées sur
le même plan que les petits temples Égyptiens (5). Le portique a 11 mètres sur 7 -•£.
La construction est en pierre calcaire, bien soignée et par assises régulières. Il
manque un des murs latéraux à la seconde salle du fond du sanctuaire. II est
(1) Voyez pl. 6 j,f ig .t .
A. D .
(3) (5) V oyez pl. 6 j,fig .z .
(4) Voyez pl. 6 j,fig . j , + et y.
B a