
A PHRODITOPOLIS (aujourd’hui A tfy h ).
L a ville d’Aphrodito est mentionnée dans Strabon, dans Ptolémée, dans l’Itinéraire
d’Antonin, dans la Notice d’Hiéroclès, &c. Sa position n’est pas difficile
à reconnoître. On ne peut douter qu’Atfyh, capitale de la province qui a succédé
au nome Aphroditopolite, ne soit au même point que l’ancienne métropole.
A la vérité, Atfy h est de 15 minutes plus méridional que la latitude assignée à
celle-ci par Ptolémée ; mais ce n’est pas un motif pour empêcher d’y reconnoître
remplacement SAphrodito. En effet, en prenant dans l’Itinéraire d’Antonin la
route qui conduit de cette ville à Antinou, position bien connue , on ne trouve
sur les cent vingt-huit milles Romains, comptés en six distances ( 1 ), que cinq milles
d’excès sur la route actuelle de Cheykh-A’bâdeh à Atfyh. #
Le même Itinéraire donne pour distance de Babylone à Aplirodito trente-deux
mille/,'en passant par Scenas Mandras, c’est-à-dire, XII et XX*.; mais, pour la première,
il faut lire probablement (selon moi) x x i l , et non x il. Or on trouve un
peu plus de quarante-deux milles',1 en deux ouvertures de compas, d’Atfyh à Ba-
sâtyn, qui touche aux ruines dè Babylone.
Selon Strabon (2), les habitans de cette ville nourrissoient une vache de couleur
blanche. Nous avons appris par l’étude - des bas-reliefs d’Hermonthis, que cet
animal éioit un des emblèmes de la déesse Isis. On y voit le jeune Horus allaité
par sa mère, qui a tantôt la figure d’une vache, tantôt un corps humain et seulement
la tête de cet animal (3). Ainsi, sous quelques rapports, la Vénus des Grecs
peut être comparée à la déesse Egyptienne. De là probablement le nom à ’Aphro-
ditopolis qu’ils ont imposé à la ville antique. La principale médaille du nome mérite
d’être citée ici, parce qu’elle peut jeter quelques lumières sur une question un peu
obscure : elle a été frappée sous Trajan. Le mot AOPOAEITOIIOAITHC sé lit en
entier sur le revers. Sous un portique de deux colonnes, qui ont quelque analogie
avec des: colonnes Égyptiennes, on voit une figure portant dans la main un petit
groupe’ Composé d’une femme tenant son enfant. Je ne fais nul doute qu’il ne
fasse allusion au groupe d’isis et Horus, si fréquent dans les temples Égyptiens. La
figure principale peut être regardée elle-même comme l’image de Vénus t elle
est entre deux autels, sur lesquels sont des animaux qu’on ne peut bien reconnoître
, mais qui lui sont sans doute consacrés. Ne pourroit-on pas trouver ici
un indice de l’origine du culte célébré chez les Grecs!
Ainsi la position géographique S Aphroditopolis, déjà au reste déterminée par
d’An ville, ne souffre point de difficulté : il n’en pourroit demeurer que sur la diffc-
(1) Antinou à Peos Artemidos ......... V I I I . --------- à Aplirodito...................... X X IV .
- à Musæ.......................................... X X X IV . (2) Geogr. lib. X V I I , pag. 556.
à Hipponon... ........................... X XX . (3) Votei la Description d’Hermonthis, A. D. dm-
-------- à A ly i.................................. X V I . pitre V I I I , pag. 11 et suiv.
— à Thimonepsi..................... XVI.
rence de ce nom avec celui & Atfyh; mais il est probable que celui-ci est un
reste du nom antique (i). Il paroit que la ville n étoit pas autrefois sur le bord
du Nil, au milieu d’une plaine cultivée; mais aujourd’hui elle est'sur la limite du
désert. Toute cette plaine, la plus grande d’un nome qui a si peu de terrain comparativement
aux autres, a ete envahie par des sables; jadis elle étoit presque
aussi large que celle qui est placée en face, dans le nome Memphitique. Si l’on
peut en juger par la grande distance de la chaîne Arabique à l’est, les sables ont
fait de ce côté un progrès considérable, et l’Égypte a perdu un vaste territoire.
§. IV .
Scenæ M a n d r o r um ou M a n d r a r u m ; Tr o ïa (aujourd’hui Torrah).
C ’e s t par l’Itinéraire d’Antonin et par la Notice de l’Empire, que nous avons
conijpissance de la position appelée Scenæ Mandrorum. J’ai déjà observé que, les
distances de Babylone à Aphroditopolis étant de plus de quarante-deux milles, les
nombres x i l et x x de l’Itinéraire de voient se lire x x i i et x x . Scenæ Mandrorum,
qui est intermédiaire, devoit, d’après cela, se-trouver aux environs des villages
appelés el-Hây et Gemmâzeh, à trente mille mètres d’Atfyh. Il ne s’y trouve plus
de ruines connues aujourd’hui; les sables auront sans doute fait disparoître ces
vestiges. Nous ignorons, d’ailleurs, si cette position étoit importante. La Notice
de l’Empire la fait connoître comme un poste militaire.
Le nom de Scenæ, qui veut dire tentes, semble annoncer que des tribus d’Arabes
étoient établies dans le voisinage. Celui de Mandrarum, qui vient du grec et veut
dire cabane et aussi ¿table (2), présente un sens analogue : peut-être aussi ce nom
correspond-il à celui de Scenæ Veteranorum, poste Romain en Égypte.
Strabon assure que des Troyens avoient été emmenés par Ménélas et établis
.en face de Memphis : de là cette montagne avoit pris le nom de mont Troyen, et
une ville du nom de Troie avoit été bâtie dans ce lieu. D ’Anville a conjecturé
heureusement en plaçant l’un et l’autre au lieu appelé aujourd’hui Torrah. J’ai
vu dans cet endroit, situé à environ six mille mètres au sud de Basâtyn, une quantité
innombrable de carrières que les Égyptiens ont exploitées , principalement
pour la construction des pyramides. Ces travaux sont immenses et comparables à
ceux qui ont été exécutés à Selseleh et à Saouâdeh (3). Comme il en sera question
avec plus de développemens dans la Description de Memphis et des pyramides,
je n’entrerai point ici dans d’autres détails. '
(1) M. ChampoIIion a reconnu q-ue l’ancien nom (2) Méurtyai, selon Hésychius et PoIIux, signifie étable
Qobce du lieu est 1 TU î^ , et que Atfyh en a été formé pour les chevaux et les bestiaux.
par l’addition de Vélif initial. Ce nom lui paraît avec (3) Voyez planche 8, fig. ; , A . vol. V, et ci-dessus,
raison antérieur au nom Grec d’Aphroditopolis, et bien pag 39. Dans le chapitre X V I I I , il sera question de
plus près de l’ancien nom Egyptien. ( L’Egypte sous les ces carrières.
1Pharaons, tom. I.er, pag. 3 3 3 . )