avec les monumens de l’architecture des Grecs, ni avec ceux que le goût des
arts de l’Europe-a enfantés; et cependant, en considérant un spectacle si nouveau
l’on éprouve d'abord un sentiment de satisfaction, et Ion contemple avec
avidité un édifice qui se présente sous les dehors de la magnificence la plus
imposante: La seule vue des monumens de Denderah suffirait pour dédommager
des peines et des fatigues du plus pénible voyage, quand bien meme on namoit
2 f c p o i , de visiter tout ce ,»« m tm m de « i r « ¡e reste de ■ Tl.eb.tde
Elle a excité l’admiration de l’année qui a conquis le Sayd; et cetoit une chos
vraiment remarquable, de voir chaque soldat se détourner spontanément de s
route pour accourir à Tentyris et en contempler les magnifiques édifices,
braves guerriers en parloient encore long-temps après avec enthousiasme,
et quelque part que la fortune les ait conduits, ils ne les ont jamais oublies .
cai- les impressions que laissent dans l’ame du voyageur les monumens de Denderah,
ne sont pas seulement passagères et momentanées; nous avons acquis la
conviction que les idées de grandeur et de magnificence qu elles avoient fait
naître en nous, étoient de nature à résister à toutes les épreuves. En effet, après
avoir parcouru les antiquités de laThébaïde, après avoir admire tout ce que la
première capitale de l’Égypte renferme de merveilles, nous avons levu les templ
de Denderah avec un nouveau plaisir : non-seulement la haute opinion que nous
en avions conçue d’abord, s’est confirmée, mais nous sommes restes convaincus
qu’ils sont les plus parfaits sous le rapport de 1 exécution, et qui s ont cte cons
truits à 1’'époque la plus florissante des sciences et des arts de 1 Egypte
Le grand temple de Denderah est encombré à l’est presque jusqu a la hauteur
des frises. Des monticules de débris, où l’on aperçoit encore des pans de murailles-
de briques tombant en ruine, semblent menacer de l’envahir tout entier. Mais
ce qui présente sur-tout un effet très-pittoresque et un contraste bien frappant, ce
sont, ces restes de maisons modernes qui sont comme suspendus en lair sur les
terrasses du temple. Un village Arabe, composé de misérables cahutes en e ,
domine le monument le plus magnifique de l’architecture Egyptienne, et semble
placé là pour attester le triomphe de l’ignorance et de la barbarie sur les
de lumières qui ont élevé en Égypte les arts au plus haut degre de sp endeu. A
l’ouest le grand temple est moins encombré: mais, a quelque distance de édifice,
le terrain est tourmenté en mille manières, et les débris des anciennes, maisons
de Tentyris se trouvent mêlés et confondus avec les débris plus recens demasures
Arabes actuellement inhabitées ; les décombres sont mêmejeilement accumules
dans l’emplacement-de l’ancienne ville, qu’ils menacent d envahir entieremen
et de faire disparaître pour toujours le petit temple ou Typhomum situe a 1 ouest
et à peu de distance de la porte triomphale dont nous avons parle.
Derrière le grand temple, un petit édifice dont les murs ont etc détruits en
partie , semble se perdre au milieu des pans de murailles en briques crues qui
L es ten t l’existence de la ville Arabe. A cent cinquante métrés environ vers l est
et en fàce de ce monument, est une porte à peu près semblable a celle du norc
mais tellement enveloppée sous les décombres, quil ny a ce visi e que
tout au plus de sa hauteur totale ; l’une et l’autre porte se trouvent comprises dans
une grande enceinte qui entoure tous les édifices sacrés de l’ancienne Tentyris, à
l’exception toutefois de ceux situés à l’est. Cette enceinte est à peu près carrée,
puisqu’elle a deux cent quatre-vingt-quatorze mètres dans un sens, et deux cent
quatre-vingt-deux mètres dans l’autre; son épaisseur est de cinq à six mètres : elle
est construite en grosses briques séchées au soleil. Le parement de ses murs ne
s’aperçoit plus maintenant que par intervalles, tant il est recouvert par les débris
provenant de la destruction des habitations anciennes et modernes : les- briques
ont om,39 de lpng, om,20 de large, e tom,i2 d’épaisseun L ’enceinte est ouverte
en trois endroits; savoir, dans l’emplacement des portes du nord et de l’est, et
vis-à-vis la partie postérieure du grand temple : cette dernière ouverture est fort
étroite, et pourrait bien avoir été pratiquée après coup.
En passant sous la porte de l’est, et en marchant à peu près parallèlement
à la chaîne Libyque, on arrive, à travers des monticules de décombres et des
débris antiques, à une petite enceinte qui, sans doute, a renfermé quelque édifice
public: mais c’est en vain qu’on en recherche les traces; le seul monument qui
soit debout est un propylée enchâssé, pour ainsi dire, dans le mur d’enceinte.
Il est semblable à ceux du nord et de l’est, et non moins remarquable qu’eux
par la richesse des sculptures dont il est orné.
Nous aurions voulu pousser une reconnoissance jusque dans la montagne
Libyque, pour y chercher les tombeaux des Tentyrites. Il est probable, en effet,
que là, comme dans toute autre partie de cette chaîne voisine des lieux anciennement
habités, on trouverait des hypogées. Quelques indications données
par les habitans du pays ne nous ont même laissé à cet égard que peu d’incertitude;
mais l’impossibilité absolue de traverser une contrée découverte et fréquentée
par les Arabes, qui y rôdoient en grand nombre à l’époque de notre voyage,
a seule arrêté notre zèle.
Le plaisir que l’on éprouve à contempler les magnifiques antiquités de Tentyris
est tel, que, lorsqu’on les a quittées, on sent un besoin plus vif de les
revoir et de les étudier encore. Combien de fois ne nous est-il pas arrivé, pour
satisfaire nos impatiens desirs.de quitter furtivement (i) le lieu de notre résidence
(i) Les premiers voyages que nous avions faits a
Tentyris, loin de satisfaire notre curiosité, n’avoient fait
au contraire que l’irriter davantage. Comme il y aurait
eu plus que de l’indiscrétion à demander des escortes
autant de fois que nous éprouvions le désir et le besoin
de visiter les ruines, nous primes le parti de faire nos
excursions seuls et à l’insu du commandant de Qene.
Le général Belliard, qui savoit tout ce que l’on pou-
voit courir de danger de la part des Bédouins, ou des
fellah mal-intentionnés, nous avoit expressément défendu
de nous rendre à Denderah sans escorte.
Nous ne pouvons nous refuser au plaisir de citer ici
un extrait du journal de voyage de notre ami M. du
Bois-Aymé, sur le voyage qu’il a fait à Denderah, dès
les premiers jours de notre arrivée à Qené :
« Le io prairial, à la pointe du jour, je suis parti
» seul de Qené pour aller visiter les ruines de Denderah.
» Je ne fis part à personne de mon projet, dans la crainte
»que l’on ne s’y opposât. Une petite barque montée de
»deux Égyptiens m’attendoit au-dessous de la ville, et
» la hauteur des rives du fleuve me permit de m’embar-
» quer sans être aperçu. Le village de Denderah, où
»je descendis, est à une lieue au-dessous de Qené, et
» sur l’autre rive. A peiné eus-je mis pied à terre, que
»je fus entouré des habitans. Je leur dis que je venois
» voir leur cheykh. Ils me pressoient avec une curiosité
» souvent importune, mais presque toujours accompa-
» gnée de quelques marques de bienveillance ; je cares-
» sois les petits enfans, auxquels je donnai quelques pa-
» rats, et j’entendois leur mère faire l’éloge de l’étranger;
»je répondois à tout le monde avec l’air de la plus
» entière confiance, sans cesser pour cela de me tenir