à l’autre est semblable à un chemin couvert, qui domine la plaine, et qui est masque
par l'enceinte extérieure comme par un parapet. L ’épaisseur totale de cette vaste
muraille est de 28 pieds. Les dimensions intérieures de l’enceinte sont de 360 pieds
sur 170. Les constructeurs ont donné à leurs briques 2 y centimètres de long et
tO centimètres de hauteur (1).
II y a aujourd’hui six grandes brèches au deuxième mur. Le dedans, comme le
dehors, est tout rempli de sable, de langes et d os de momies. 11 est remarquable
qu’on ne trouve dans cet intérieur, à la vérité, encombré,aucune trace de construction.
Il faut conjecturer, ou que les habitations démolies ont entièrement disparu
sous les sables, ou peut-être que ce lieu étoit un vaste cimetière, et que cet épais
massif de 28 pieds étoit percé de cryptes ou de loges pour y placer les momies,
dont les débris couvrent aujourd’hui le sol en si grande abondance ; mais cette dernière
explication ne pourrait pas encore éclaircir l’époque de laconstruction, puisque
les premiers Chrétiens, comme on le sait,avoient conservé l’usage des momies.
Les Arabes et les habitans donnent à cette enceinte le nom de Chounet el-Zebyl,
nom que d’Anville, d’après Granger, a appliqué à une prétendue position enfoncée
de six lieues dans le désert. O11 voit que cet endroit appartient bien aux ruines
d’Abydus ; et les habitans m’ont assuré qu’il n’y a dans le désert aucun emplacement
ni aucunes ruines de même nom à cette distance. Le nom de Chounet el-Zcbyb
signifie, en arabe, magasin des raisins secs.
A un peu plus de deux cent cinquante mètres vers le nord, est une autre enceinte
appelée Deyr Nasârah, ou couvent de Chrétiens; elle est également en brique, et
paraît avoir été restaurée. Aujourd’hui le couvent n’est plus habité que par deux
religieux. La plus grande dimension est de 180 pieds en dedans. Au milieu d’une
des faces, est une large porte en bois, qu’on tient soigneusement fermée. L ’intérieur
de l’enceinte renferme un puits à l’usage du couvent.
Je n’ai pu savoir si ces religieux étoient des Chrétiens Qobtes, comme les solitaires
des lacs de Natroun, et le temps ne m’a pas permis de visiter l’intérieur
du monastère. J’ai aperçu seulement les religieux à une fenêtre, regardant d’un
air impassible des figures et des costumes d’Europe, que sans doute ils n’avoient
jamais vus dans ces solitudes lointaines (2).
En se portant de deux cents mètres plus loin vers le nord, on arrive à des constructions
de brique démolies, placées à l'extrémité des parties les plus septentrionales
des ruines (3). De ce point, on aperçoit à l’est le village d’el-Kherbeh, qui est
au commencement de ces mêmes ruines. En y arrivant, je me retrouvai au point
de départ, et j’achevai ainsi le tour entier des vestiges de l’ancienne Abydus. Le
(1) Voyez planche j y , A . vol. IV , fig. z à j . core une butte très-élevée,qui renferme peut-être, sous les
(2) D’après la relation du P. Sicard, on doit regarder sables, des décombres antiques, et où l’on pourroit supee
monastère comme étant celui qu’il appelle A b o u - poser qu’étoit le temple du dieu Besa, puisqu’il y avoit un
JVlousah, ou de l’abbé Moïse, célèbre anachorète, natif temple appelé Birbé, au nord du monastère Abou-Aloude
Bouliana, puisque le voyageur le place au couchant sa li, d’après le fragment Saulique publié par Zoëga et
du village de Haraba, an pied du mont Afodos. Voyez cité par M. Etienne Quatremere; mais cette position est
les Observations sur la géographie Égyptienne, par M. Ét. tout-à-fait distincte de la ville, ou etoit nécessairement le
Quatremère.'“ temple lui-même d’Osiris.
(3) Cependant, à deux cents mètres au-delà, il ÿ a eud
’a b y d u s . CHA P. XI.
périmètre actuel n’est pas de moins de 7000 mètres. La plus grande longueur,
du nord-ouest au sud-est, est de 2800 mètres ; la plus grande largeur est de 900 ;
mais celle-ci paraît avoir perdu beaucoup par l’ensablement, sur-tout dans la partie
méridionale des ruines. Bien que ces dimensions annoncent une ville considérable,
cependant, comme on ne peut pas apprécier tout l’espace qui est enseveli sous les
sables, il est possible que l’étendue d’Abydus ait été bien plus grande que les ruines
qui sont aujourd’hui visibles.
§. IV .
Palais d'Abydus.
J’ai dit plus haut que l’emplacement du palais est vers l’extrémité méridionale
des ruines : mais il est nécessaire de le fixer avec précision, attendu la marche
croissante des sables, qui un jour peut-être le feront disparaître entièrement; alors
il sera possible d’en retrouver la place, au moyen de mesures exactes et des distances
de l’édifice à des points invariables. Ainsi le voyage des Français en Egypte
aura eu ce résultat, de donner la mesure de l’influence successive du temps et des
phénomènes du climat sur l’existence et la conservation des monumens.
Les deux grandes enceintes en brique, et le canal qui baigne les ruines de la
ville, peuvent être considérés comme des points fixes, propres à remplir la
condition que je viens d’exprimer. Or j’ai trouvé par le plan une distance de
3 20 mètres entre l’allée voûtée du milieu du palais et le point le plus rapproché
du canal Abou-Ahmar; 1330 mètres de ce même point à l’angle Est de Chounet
el-Zebyb, à vol d’ojseau, et 1675 mètres jusqu’à l’angle Est de Deyr Nasârah. Le
village de Haraba, ipii est divisé en deux parties, pourra tin jour être ensablé,
comme le palais lui-même; cependant, comme il est plus élevé, on pourra
encore faire usage de sa position pour retrouver la place du monument. Du
milieu du hameau du nord, il y a 275 mètres jusqu’au même point du palais, et de
ce point il y a 340 mètres jusqu’au milieu du hameau du sud-est. Enfin la porte
en granit est éloignée de 390 mètres.
L ’axe de l’édifice étoit dirigé du nord-nord-est au sud-sud-ouest. La dimension
en longueur, c’est-à-dire, suivant l’axe, est de 57 'mètres dans les seules parties que
nous avons aperçues; mais cette longueur étoit beaucoup plus considérable. La
largeur de la partie visible est d’environ 103 mètres, à partir du mur de clôture à
lest, jusqu’à la dernière arcade subsistante.
Il paroit quon avoit puisé dans la montagne voisine une partie des matériaux
de Icdifice, celle qui est faite avec une pierre calcaire blanche et d’un grain fin,
susceptible d un certain poli. Mais, par une singularité dont ce monument présente
encore d’autres exemples, les matériaux dont il a été bâti sont de deux espèces différentes
: 1 une est le grès; et l’autre, la pierre calcaire. Je crois que c’est le seul édifice
d Egypte qui soit dans ce cas. La partie en grès est la plus importante et la1 plus
étendue : c est celle des portiques, des arcades et des constructions du sud-est. La
partie en pierre calcaire est au nord-ouest, et forme les constructions latérales (1).
(1) Ce dernier fait m’a été communiqué par M. Jollois.
A . D . B a