jusque dans la vallée de Tomalât. Dans ces différentes excursions, j’ai vu plusieurs
fois les antiquités dont la description fait l’objet de ce chapitre. J’ai adopté dans
cet écrit I ordre suivant lequel j’ai visité ces ruines lors de mon quatrième voyage-
c’est-à-dire que je conduirai le lecteur du Kaire à Suez par Belbeys et la vallée de
Tomalât. Je m’attacherai souvent à la situation actuelle des-lieux, qu’il est indispensable
de bien connoître pour juger sainement les questions relatives aux antiquités;
j entrerai dans quelques détails sur le canal qui, après avoir traversé la capitale de
lÉgypte moderne, longe le désert, et se réunissoit autrefois au canal des Rois,
parce que je l’ai plus particulièrement étudié, et que ce qu’on en a dit ailleurs me
paroit susceptible de développemens intéressans sous plusieurs rapports.
L e canal du Kaire, après avoir traversé cette v i l l e , r e n d , sans changer de
direction, à Seryâqous. En plusieurs endroits, et sur-tout aux environs de ce dernier
village, il est très-large, et hors de proportion avec la petite quantité de terrain
quil arrose; ce qui ne permet pas de douter que la navigation ne fût sa destination
primitive. Les villages situés à l’est sont les seuls qui en tirent à présent
1 eau nécessaire à l’arrosement de leurs champs. Les petits canaux par lesquels elle
s’écoule après avoir arrosé la campagne, en versent le superflu dans la partie la
plus basse de cette plaine, et forment en hiver le Birket el-Hâggy, ou lac des
Pelerins, appelé ainsi parce que c’est le rendez-vous des caravanes qui vont à la
Mecque. Les environs d’Abou-Za’bel, village situé à une lieue au nord de Seryâqous,
conservent aussi, pendant une grande partie de l’année, l’eau qui y arrive par de
petits canaux dérivés de celui du Kaire, et qui sont indiqués sur la carte que nous
avons levée de ce canton de l’Egypte ( i ).
En suivant les limites du terrain cultivé, on ne tarde pas à rencontrer les traces
d’un canal qui devient plus large et plus profond à mesure que l’on approche de
Tell-Yhoudyeh, et qui passe entre les ruines que l’on voit en cet endroit et le désert.
Le terrain inculte qui borde l’Égypte depuis le Kaire jusqu’à Tell-Yhoudyeh,
est une plage de sable de quinze cents mètres environ de largeur, couverte de
silex, vulgairement appelés cailloux d'Egypte, et bordée par des dunes de sable
de différentes hauteurs. Ces dunes sont coupées de distance en distance par de
petits vallons, où il y a de la végétation; leur direction se rapproche de plus en
plus du terrain cultivé, et y touche en face de Tell-Yhoudyeh. Dans cet endroit
on voit le rocher à découvert : c’est un grès extrêmement dur, dont on trouve une
grande quantité de morceaux dans les décombres de Tell-Yhoudyeh. Ce terrain
rocailleux s eleve sensiblement vers la droite, et est couvert de débris qui annoncent
les restes d une ancienne ville ou d un établissement considérable. Une digue, que
1 on ouvre, comme toutes celles de 1 Égypte, a l’époque des grandes eaux, joint ces
ruines a celles de Tell-Yhoudyeh. 11 est bien difficile de ne pas voir dans ces diverses
ruines les restes de celles du vicus Judosorum, du castra Judceorum et de l’Oiuoiv.
je n entrerai pas toutefois, pour le prouver , dans la discussion des distances
rapportées par les itinéraires; distances qui diffèrent beaucoup entre elles, et dont
( i ) Voyez'i’Atia?, feuille 24.
les unes sont favorables et les autres contraires à cette opinion : je rappellerai
seulement que 1 On,on étoit un temple consacré à Dieu, semblable à celui de
Jerusafcm, mais plus petit et moins riche, bâti par Onias, aux environs de Bubaste
et d Heliopolis, avec les matériaux d’anciens temples, et du consentement de
Ptolemee Philometor, conformément à une prophétie d’Isaïe qui remontoit à six
cents ans (ij. Ce temple S Oman étoit à cent quatre-vingts stades de Memphis-
trois cent quarante-trois ans après sa construction, il fut fermé et le culte anéanti
par les ordres de Vespasien, exécutés par Lupus et par Paulin/son successeur au
gouvernement de 1 Egypte. La colline de décombres de Tell-Yhoudyeh est fort
élevée et très-étendue; on y trouve une grande quantité de petits fragmens de
cristaux de roche, et d autres pierres fines travaillées.
Apres la digue de Tell-Yhoudyeh, le canal, vis-à-vis Zefteh-Mechtoui, se
réunit bientôt, en différens points, à celui d’Abou-meneggeh.
Quand les habitans d’Abou-Za’bel et des villages voisins ne reçoivent pas assez
d eau par le canal du Kaire, à cause de son interruption près d’Abou-Za’bel ils vont
couper la digue de Tell-Yhoudyeh, afin d’en tirer du canal d’Abou-meneggeh
L interruption du canal du Kaire près d’Abou-Za’bel ne provient que de l’incurie
des habitans. Ik perdent ainsi une partie du terrain qu’ils pourroient cultiver; car
il est certain quautrefois les limites du désert, de ce côté, étoient beaucoup’ plus
reculees. Les grandes inondations, en surmontant de temps en temps les obstacles
qui proviennent de cette négligence, en font connoître toutes les tristes conséquences.
En effet, en 1800, l’eau, s’échappant à l’est d’Abou-Za’bel, s’est enfoncée
fort avant dans le désert, et est arrivée, suivant une direction qu’on ne se rappeloit
pas de lui avoir vu prendre, auprès d’el-Menâyr. Le village de Zaouâmel a de
meme été tourné par les eaux du canal d’Abou-meneggeh.
P U U Cΰ nt l6 VÎenS d inc% uer ,e cours à travers la ville du Kaire et près
d Abou-Za bel, où il est obstrué, qui passe ensuite entre Tell-Yhoudyeh et les ruines
situées dans le désert, pour se réunir après à celui d’Abou-meneggeh, est ouvert
M l Îr°P ^ « P r o p o r t i o n s dans quelques-unes de ses parties, ainsi que je l’ai
de/a fait remarquer, pour n’avoir été qu’un simple canal d’arrosage; cetoit indubitablement,
dans l’origine, un canal de navigation. C ’est un fait qui paraît
constant, et qui ne doit pas être oublié.
Je suivrai désormais le canal d’Abou-meneggeh, dont le cours est bien connu
par autres Mémoires déjà publiés. J’ajouterai seulement à ce qui a été écrit par
mes collègues (2), que les différentes parties de ce canal portent des noms distincts.
D après des renseignemens qui m’ont été donnés sur les lieux, ce canal prend successivement
les noms d’Abou-meneggeh, Zouk, Mersé, Ramri, Ramel et Soudi. L ’étendue
de chacune de ces diverses parties ne m’a pas été bien désignée; mais j’ai
retrouve le nom de Soudi à l’entrée de la vallée des Tomalât.
Chip ’ vT-T, ffüJO!ÎPj ' e’/Hr ‘ °v e iCS JT ‘ XI11’ M- du Bois-Aymé sur 1er anciennes branches dn Nil
H B S f l B f r 4 9 ‘'V; V 1’ Chap- XXXVI- « embouchures dans la mer, A . M . I f
des deux mers! ¿ X t L X X - T c e l u T d ! £ ? ^
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